Togo: Litige foncier à Dapaong et chemin de croix de la famille Tiga

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Il est des actes que posent des humains sans en mesurer les conséquences. Dans un litige foncier qui oppose la famille Tiga à la mairie de Tône 2, trois frères ont été déposés en prison sans procès. Mais après le décès de l’un d’entre eux, la justice à Dapaong s’est empressée de faire libérer les deux survivants. Sauf que depuis le 16 septembre 2021, le corps du pauvre jeune homme gît toujours à la morgue de la ville. Dans cette même affaire, leur mère a aussi été arrêtée, jugée et condamnée à une peine avec sursis et a recouvré la liberté. Mais pour combien de temps, vu que l’épée du sursis plane sur sa tête ?

Selon les témoins de cette affaire, tout serait parti de l’existence d’une réserve que se disputent la famille Tiga et la mairie de Tône 2. Nous avons appris que l’affaire serait pendante devant le tribunal de la ville, ce qui veut dire que jusqu’au prononcé du jugement, aucune partie ne devrait tenter d’exploiter la portion de terre querellée. Interdiction que dame Djacobigue Abina n’aurait pas observée, la terre étant devenue une denrée rare. Et sur plainte de la mairie, elle fut déposée en prison le 13 septembre 2024.

Or, nous avons appris que la mairie serait dans un processus d’accaparement des teckeraies de l’époque coloniale pour en faire des réserves administratives ; une situation qui ne se passerait pas dans les autres localités de la préfecture. Alors, « la mairie tente d’obtenir des attestations de donation par tous les moyens », a glissé un témoin.

En plus, nous avons appris que le corps de l’un des enfants de dame Djacobigue séjournerait à la morgue de la ville dans cette même affaire depuis trois ans. Pour comprendre de source officielle la vraie version, nous avons écrit au Procureur de la République près ledit tribunal.

Si le Procureur a paru surpris par le canal via lequel nous l’avons joint, il a tout de même rassuré partiellement en choisissant la question à laquelle répondre : « La dame dont vous parlez a été jugée et condamnée à une peine avec sursis à l’audience ordinaire des flagrants délits du 18 septembre 2024 ». On comprend alors qu’elle recouvre sa liberté. Mais quid des reproches formulés à l’encontre des frères et du défunt ? Et pour les frères libérés le 17 septembre 2021, après le décès la veille de leur autre frère en détention ? Avons-nous embrayé. Le Procureur ne nous est plus revenu. Or justement sa réponse éclairerait notre lanterne et celle des membres de la famille du défunt à qui on refuse le repos de l’âme.

Le 13 août 2021, deux des frères Tiga avaient été convoqués par la Gendarmerie de la ville. Mais le défunt encore vivant, décide de les accompagner. Et c’est ensemble que les trois furent gardés à vue pour être déférés trois jours plus tard.

Le 17 septembre 2021, soit plus d’un mois après, les deux frères furent libérés. Sans jugement. Tout simplement parce que la veille, celui qui n’était en rien concerné par la convocation, mais qui s’était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, s’était plaint de douleurs abdominales. Le temps d’être évacué au CHR de Dapaong, il rendit l’âme le même jour.

Comment allait-on justifier ce décès sans jugement alors que ses deux autres frères étaient aussi déposés ? Sans réflexion et pris de panique, on jugea donc de les libérer. Soit. Mais la question qui laisse planer un décès obscure : pourquoi depuis le 16 septembre 2021, on refuse de remettre le corps à la famille ? Que cherche-t-on à cacher ? Que reproche-t-on au corps sans vie ?

Godson K.

Source: libertetogo.tg

Source : 27Avril.com