Dans la foulée de l’assassinat mystérieux du chef corps du 1er BIR (Bataillon d’intervention rapide), Faure Gnassingbé quelques heures, après sa prestation, s’est retiré à Elavagnon dans la résidence de feu son père, avec un carré de fidèles, surtout militaires et conseillers militaires. Il s’agit pour l’homme qui s’est donné les moyens de prendre un 4è mandat à la suite d’une nouvelle élection frauduleuse, comme toujours, d’une retraite afin de réfléchir pour juguler les conséquences de ce crime crapuleux qui vient rappeler au commun des mortels que le pouvoir se nourrit du sang, parfois de ses propres fils.
Dans l’entourage de Faure Gnassingbé, se trouve un conseiller militaire français très discret dont la présence en ces moments-ci est nécessaire, surtout lorsqu’on cherche à juguler l’onde de choc de l’assassinat crapuleux de l’autre. Habillé toujours ces temps en noir, le général Raymond Germanos, ancien chef d’Etat-major de l’armée française, ex-consultant militaire de Paul Biya, concepteur des B1204+IR (Bataillon d’intervention rapide), a pris ses quartiers à Lomé depuis plusieurs années. Tout comme le général Raymond Germanos, ils sont nombreux, ces français généralement de moralité douteuse et de réputation sulfureuse, à se mettre au service de la dictature cinquantenaire au Togo avec le soutien discret de Paris.
Raymond Germanos, concepteur du BIR au Cameroun et au Togo, condamné en France pour Pédophilie !
Diplômé de Saint-Cyr, Raymond Germanos, fils du Colonel Negib Germanos, a suivi les traces de son père en intégrant l’armée. Après ses classes préparatoires au Prytanée militaire de la Flèche, il intègre l’Ecole Saint-Cyr en 1961. Il a connu un prestigieux parcours au sein de l’armée française. A la tête de l’Institut des Hautes études de défense nationale (IHEDN), il fut nommé en mars 1999 Inspecteur général des armées et a été élevé au rang de général d’armée, le plus haut grade de l’armée française. Chef du SIRPA (Service d’informations et de relations publiques de l’armée) de 1989 à 1991, il informait les journalistes pendant la première guerre du Golfe sur l’évolution des hostilités. Il fut ensuite chef de cabinet de plusieurs ministres de la Défense. Une carrière brillante tristement ternie en fin de parcours à 69 ans par une condamnation à dix mois de prison avec sursis pour « détention d’images pédo-pornographiques ».
Raymond Germanos est bien connu en Afrique, d’abord au Cameroun auprès de Paul Biya où il officiait comme conseiller de l’ombre sur les questions de défense. Il fut le concepteur du BIR, une force d’élite de plus de 5000 hommes entraînée et contrôlée par d’anciens officiers israéliens. Le 22 novembre 2010, l’un de ses conseillers militaire israélien auprès de Paul Biya, le colonel Abraham Avi Sirvan meurt dans un mystérieux accident d’hélicoptère. Vers 2008, avec ses déboires de pédophilie, la présidence camerounaise a pris ses distances avec son conseiller à la défense.
Raymond Germanos rebondit aux cotés de Faure Gnassingbé où depuis quelques années, il fait office de conseiller à la défense. A l’image du Cameroun, il a conçu et mis en place au Togo le BIR divisé en deux bataillons pour quadriller le pays du Sud au Nord. Le BIR tel que conçu, dépend exclusivement du Président de la République. Et c’est cette unité d’élite qui se retrouve aujourd’hui sous les feux des projecteurs, après l’assassinat crapuleux et mystérieux de son chef corps dans son bureau à l’intérieur de la caserne. C’est donc dans l’ordre normal des choses que le vieux général de presque 80 ans, grassement payé, se rende utile auprès de Faure Gnassingbé au moment où le fruit de son imagination ( BIR) se retrouve dans la tourmente. Vont-ils (Germanos-Faure et les Israéliens) réussir à ramener la sérénité dans les casernes ?
On le saura. Il faut rappeler que le général Raymond Germanos, l’un des plus hauts gradés de l’armée française et en section II, c’est-à-dire susceptible d’être rappelé à tout moment, ne peut se livrer à des activités de consultation dans un pays tiers sans l’accord de la France.
Dominique Strauss-Kahn, l’autre conseiller Controversé de Lomé II
« La petite entreprise africaine de DSK engrange des millions d’euros de bénéfices ». C’est sous ce titre que le journal Courrier International paru le 25 février 2020 a consacré un article sur la renaissance de l’ancien parton du FMI. Extrait : « Devenu indésirable en France, l’ancien patron du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, est très sollicité en Afrique. Conseiller de nombreux présidents, il y a des activités lucratives. Sa société basée au Maroc a affiché près de 21 millions d’euros de bénéfices en cinq ans, exonérés d’impôt. Accusé de viol aux États-Unis en 2011, puis empêtré dans des scandales sexuels en France (pour lesquels il a été finalement relaxé), c’est depuis le Maroc que l’ancien directeur du Fonds monétaire international gère de nombreuses affaires sur le continent africain. À la tête d’une société nommée Parnasse International, il conseille de nombreux chefs d’État. “Il est devenu un VRP de luxe pour certains États africains dans leurs négociations avec leurs créanciers internationaux”, explique Forbes Afrique. Fort de son expérience dans les domaines économique, financier et politique, Dominique Strauss-Kahn vend son expertise à des présidents africains, dont certains à la gouvernance autoritaire et sans partage. DSK est régulièrement auprès de Denis Sassou-Nguesso, à la tête du Congo depuis 35 ans, qu’il conseille sur la restructuration de la dette abyssale de son pays, ou auprès de Faure Gnassingbé, qui vient d’être réélu pour un quatrième mandat à la tête du Togo, alors qu’il avait à l’origine succédé à son père. Il a également été reçu par Ibrahim Boubacar Keïta, le président malien».
L’ancien patron du FMI a fait la une du monde entier pendant plusieurs mois en 2011, à la suite de son arrestation spectaculaire aux USA après les accusations de viol contre une femme de chambre, Nafissatou Diallo. Ce scandale retentissant dont l’onde de choc a été ressentie un partout dans le monde, a provoqué la chute spectaculaire non seulement du patron de la finance mondiale qu’il était, mais aussi d’un probable candidat à l’élection présidentielle en France. Après une longue traversée du désert, l’homme rebondit en Afrique auprès de certains dictateurs à la tête de leurs pays depuis des décennies. Il vend ses compétences à Faure Gnassingbé depuis des années contre des factures très salées soigneusement gardées comme « un secret défense ». Il suffit de lire les révélations des bénéfices engrangés par la société dont il est l’actionnaire unique pour avoir une idée des fonds énormes qu’il perçoit auprès de Faure Gnassingbé et d’autres chefs d’Etat.
Les compétences en économie et en matière de finance incontestable de l’ancien patron du FMI ne doivent pas occulter le fait que c’est un délinquant sexuel qui ne saurait prendre ses quartiers dans un palais présidentiel où le locataire doit incarner les valeurs de la République. A Lomé, l’ancien patron du FMI est un dieu, un homme en territoire conquis. Il prend souvent ses quartiers à l’hôtel du 2 février et on peut aussi le croiser au Patio, un restaurant avec maison d’hôtes à la cité OUA. Certains ministres passent souvent en audition chez lui et il arrive qu’il se rende dans certaines sociétés de la place en compagnie de Faure Gnassingbé pour évaluer le travail qui se fait. Les affaires de l’ancien patron du FMI au Togo et auprès de Faure Gnassingbé sont bien juteuses et ne sont pas près de s’arrêter. Ses actions ont permis de relancer la coopération entre le régime togolais et le FMI.
Charles Debbasch, Mercenaire en col blanc, Voleur de tableaux
C’est le plus ancien des conseillers français à la Présidence togolaise depuis le temps du père et c’est aussi le plus sulfureux. Cerveau de toutes les modifications constitutionnelles en Afrique au profit des dictateurs, et particulièrement au Togo auprès du clan Gnassingbé, Charles Debbasch est le principal acteur du charcutage constitutionnel qui a permis au rejeton de Gnassingbé Eyadema de capter le fauteuil présidentiel en 2005, au prix de plus de 1000 morts, selon les rapports. Plus besoin de revenir ici sur le parcours de ce juriste connu en France pour avoir été un brillant universitaire.
Lorsqu’on parle de Charles Debbasch, on a tout de suite à l’esprit le charcutage des constitutions en Afrique, mais aussi l’affaire VASARELY. Pour mémoire, l’ancien doyen de la Faculté de Droit d’Aix-en-Provence a été condamné le 15 décembre 2005 par la Cour de Cassation à un an de prison ferme assorti d’un mandat d’arrêt international pour détournement d’œuvres du peintre Victor Vasarely. Une affaire qui a fait le chou gras de la presse française durant plusieurs années.
Après l’injonction de Nicolas Sarkozy à Faure Gnassingbé dans l’affaire Bollore-Progosa, Debbasch aux côtés de certains barons, a été un acteur majeur des négociations sécrètes à l’Elysée avec Claude Guéant pour le retour au port de Lomé du groupe breton moyennant l’abandon par la France des poursuites qui pesaient sur lui. Après le retour du groupe Bolloré au Port de Lomé, Charles Debbasch a repris ses visites en France sans aucune inquiétude. Il a demandé l’année dernière par courrier au consulat de France le rétablissement de ses droits civiques par son pays. Malgré son âge avancé et ses ennuis de santé, Charles Debbasch reste incontestablement un pion de la France, mieux, une passerelle aux côtés du régime Gnassingbé soutenu à bout de bras par Paris envers et contre tous depuis plus de 50 ans.
On ne peut parler de Charles Debbasch sans évoquer son colistier de l’ombre Bruno Finel, communicant, concepteur et animateur du site de propagande et d’intoxication du régime www.republic.oftogo.com ». Grassement payé sur les derniers de l’Etat, et souvent sans trace, Bruno Finel qui engrange une fortune au Togo, reçoit généralement ses centaines de millions en cash par valise diplomatique, ce qui permet de contourner le fisc français. Il a profité il y a quelques années, avec certains associés du pouvoir de Lomé, pour se faire beaucoup d’argent dans la préparation du sommet Israël-Afrique prévu à Lomé, mais qui finalement a été avorté à la suite du soulèvement du 19 août 2017.
A tous ces conseillers pourris et de moralité douteuse (délinquants sexuels, bandits de grands chemins, voleur de tableau, pédophile) qui écument les couloirs de la Présidence togolaise au service de la France, il faut ajouter les nouveaux venus, notamment Manuel Valls, ancien premier ministre français reçu en pompe à Lomé il y a quelques années par Faure Gnassingbé. Selon plusieurs sources, il ne serait pas reparti de sa villégiature au Togo les poches vides. Ségolène Royal, ancien ministre français, éphémère ambassadrice des pôles et machin truc, multiplie les curieuses visites au Togo où elle est souvent reçue avec tous les honneurs au Palais de la Marina. La probabilité est forte qu’elle aussi ne reparte pas avec les mains vides. Quant à Franck Paris, le monsieur Afrique de l’Elysée, ses liaisons obscures avec le pouvoir de Lomé dont la dénonciation a valu une suspension au journal (L’Alternative) à la suite d’une plainte de son « Vizir local », ne font plus aucun doute.
Toutes les pourritures françaises sont recyclées à Lomé auprès du pouvoir de Lomé II. C’est en somme un mépris pour le peuple togolais que de tels individus sulfureux soient au service de la France au Togo. Ce n’est pas encore un scandale lorsqu’on sait que Paris a envoyé au Togo il y a quelques années comme ambassadeur, un de ses anciens diplomates (Marc Fonbaustier) empêtré dans un scandale de vol de vin à Macao et Hongkong. Un ambassadeur qui a des réflexes de larcin peut-il résister à quelques millions d’euros offerts par un dictateur ? On sait mieux que quiconque le jeu auquel se livrent ces ambassadeurs français au Togo depuis le temps de Bruno Delaye qui espionnait les opposants au profit du régime. La pratique a toujours cours et ce n’est pas le fameux « vizir » en poste à Lomé qui nous dira le contraire. Ceux qui sont à plaindre, ce sont ces piètres politiciens naïfs dits opposants ou acteurs de la société civile qui vont livrer leurs secrets de lutte à ces diplomates, dans l’espoir d’un hypothétique soutien de la France.
Voilà comment la France à travers ses pions officiels et officieux, continue d’entretenir et soutenir un régime autoritaire et autocratique qu’elle a mis en place au Togo depuis 1963. Les nombreuses victimes civiles et militaires de ce clan depuis 54 ans sont le fruit du soutien de la France à ses valets locaux. Il faudra qu’un jour, les responsabilités de la France dans les nombreux crimes qui ont jalonné l’histoire politique du Togo depuis l’assassinat de Sylvanus Olympio soient établies. C’est une question d’honneur et de dignité du peuple togolais et les humeurs d’un ambassadeur ne sauraient nous pousser au silence. Nous resterons à l’avant-garde de ce combat contre les réseaux mafieux français quel que soit le prix à payer car il y va de l’honneur, mais surtout de l’avenir de la jeunesse de ce pays.
Mensah K.
Source : L’Alternative No.875 du 26 mai 2020
Source : 27Avril.com