Message de Cyr ADOMAYAKPOR
L’HOMME AUX CHEVEUX BLANCS
L’homme aux cheveux blancs, qui vient d’être rappelé à Dieu, était de ceux que le parcours de ma vie n’avait pas prochement côtoyé, mais que j’ai lointainement apprécié.
À cet homme, dont l’immanquable cravate rouge sanguine tombait comme une évidence sur sa chemise blanche qu’enveloppait son éternel costume noir, et dont la mort fait tressaillir de tristesse, je viens apporter l’hommage de mon émotion ; l’hommage de mon respect à celle qui a accouplé sa vie à sa destinée, à tous les siens éplorés, à tous ceux qui ont partagé ses joies, ses peines, ses espoirs en tentant d’alléger les souffrances, d’égayer les jours sombres de la maladie aux heures agitées jusqu’à l’instant fatidique.
Cet homme aux cheveux blancs, qui vient de disparaître, était un pensionnaire des libertés, un grand factionnaire des droits de l’homme qu’il avait su mieux que personne incarner, lesquels se pronominalisaient en lui et rejaillissaient sur son aura.
Il s’efforçait, parce qu’il voulait que sur la terre tous les hommes fussent heureux, de dénoncer les servitudes de l’ignorance qui nous livre imbéciles et sans défense à toutes les oppressions de l’obscurantisme, à toutes les misères humaines, à toutes les hontes.
Il combattit avec hardiesse le mal social et les injustices partout où il les rencontra ;
tels furent ses combats…
Telles furent ses convictions religieuses et philosophiques qui marquaient inlassablement leur déférence envers toutes les différences. Car, dans le fond, il n’avait jamais été d’un clan contre un autre, d’une chapelle contre une autre. Mais un rivage, un champ perméable à toutes les diversités.
Il avait des amitiés, des affinités apolitiques. Ses élans d’affection partaient des plus humbles et montaient jusqu’au sommet de l’État, et le président de la République l’appréciait hautement, et les divinités, en symbiose, approuvaient cette convergence naturelle de deux générosités de cœurs qui font cortège à un irréversible esprit de tolérance et d’humanité.
Son histoire comme son œuvre en font un homme passe-frontières, hanté par l’incompréhension qui peut séparer les hommes. Attaché au service de ses idées, il était capable de construire des passerelles entre les cultures et les appartenances. Il ne détestait rien tant que les crispations identitaires, politiques et le communautarisme.
Je veux ici dire que ce n’est pas par des lamentations qu’il convient d’évoquer ceux qui laissent une grande mémoire, comme celle que laisse maître Djovi Gally. C’est par de mâles louanges et par la sincère image de leurs combats et de leur vie.
C’est par ces affinités admiratives qui, par un instinct profond, relient les hommes aux hommes par-delà la chair périssable à notre mémoire collective. À l’instant cruel s’oppose ce sentiment qui atténue l’épreuve : cet épais brouillard d’atroces tristesses finit toujours par se dissiper, se disperser en rosées de souvenirs impérissables, car, certes, la vie meurt, mais la mort recommence la vie.
Maître ! Toi, qui, désormais, as vu Dieu, tu sais maintenant, et tu nous regardes. Puissions-nous seulement être dignes de ce regard céleste et respectueux de ta mémoire unitaire.
Entre en paix dans le champ pérennel
Avec ta gerbe de cheveux blancs fanée
Sur laquelle renaîtra la douce éternité
Ô combien méritée.
Le GCE Cyr ADOMAYAKPOR
Source : icilome.com