L’appel de l’Evêque de Dapaong résonne comme le cri de Jean le Baptiste dans le désert, qui poussait des récriminations contre le roi Hérode. Un roi qui marginalisait et réprimait son peuple, n’hésitant pas à prendre la femme d’autrui. Une situation que vivent aujourd’hui les Togolais et qui interpelle le prélat. Ce dernier, dans son homélie lors de la messe chrismale, dresse le tableau de ce que fait vivre le régime de Faure Gnassingbé aux Togolais.
Dominique Guigbile n’est plus à présenter. Dans son homélie à l’occasion de la messe chrismale du 27 mars dernier, transcrite par le confrère laabali.com, l’homme de Dieu n’a pas hésité à épingler le pouvoir en place et à dénoncer les injustices sociales dont sont victimes les Togolais.
Reprenant les paroles de l’Évangile, Mgr Guigbile s’est indigné du sort des pauvres et des opprimés, dénonçant les conditions de vie désastreuses dans lesquelles ils sont maintenus. Il a évoqué le manque criard d’infrastructures de base telles que l’électricité, l’eau potable, les écoles et les centres de santé qui plongent les populations du pays, surtout celles de la région des Savanes, dans une misère insoutenable.
« L’Esprit du seigneur est sur moi, il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres. Qui sont ces pauvres aujourd’hui auxquelles l’esprit reçu au baptême nous envoie annoncer la bonne nouvelle ? Ce sont les populations de nos villes et campagnes qui végètent dans la misère, privées d’électricité, d’eau potable, d’écoles et de centres de santé dignes de ce nom. Ce sont ceux et celles qui ne peuvent même pas s’offrir un seul repas par jour dans notre pays », a-t-il lâché.
L’évêque n’a pas passé sous silence les conditions inhumaines dans lesquelles sont détenus les prisonniers, pointant du doigt l’État pour son incapacité à respecter les droits fondamentaux des citoyens. Il a également condamné les abus perpétrés par certains agents de forces de sécurité, ainsi que les tracasseries et les injustices subies par les populations sous le joug de ce régime corrompue.
« Les captifs auxquels nous avons pour mission d’annoncer la libération aujourd’hui sont nos frères les détenus dans des conditions inhumaines , qui s’entassent dans des cellules exigües, insalubres, surpeuplées où beaucoup sont contraints de rester debout toute la nuit, accroupis, aux mieux, allongés à même le sol les uns contre les autres comme des sardines dans les boites. Ce qui fait que chaque année, ici à Dapaong, durant les périodes de grosse chaleur comme maintenant on dénombre toujours des cas d’évanouissements et de morts par suffocation. Cette situation insupportable est inadmissible et indigne d’un État qui se veut être un Etat de droit. On ne peut pas traiter ainsi des humains qu’elle que soit ce qu’ils ont fait. Aussi je lance un appel urgent et solennel aux autorités de notre pays à tous les niveaux pour que les conditions de détention soient améliorées et que la dignité et les droits fondamentaux des prisonniers soient respectés », a poursuivi l’homme de Dieu.
Dans la foulée, Mgr Guigbile est revenu sur la tenue des prochaines élections législatives et régionales au Togo. Il a fustigé le manque d’informations et de sensibilisation des citoyens autour de ces élections, déplorant le spectacle désolant des politiciens, plus préoccupés par leurs intérêts personnels que par le bien-être du peuple.
« Dans l’Evangile de ce jour, l’Esprit du seigneur nous envoie d’aller dire aux aveugles qu’ils recouvriront la vue. Il s’agit là encore de nos frères et sœurs que l’on maintient exprès dans la misère et l’ignorance de leurs droits afin de les exploiter à des fins égoïstes. Bientôt s’ouvrira la campagne pour les élections législatives et régionales dans notre pays. Combien de nos citoyens savent ou comprennent vraiment ce que c’est au juste ou comment cela va se dérouler ? Ce qui semble intéresser les leaders politiques et les candidats aux diverses élections, ce sont leurs postes, leurs intérêts et leurs avantages. Dans quelques jours donc, ceux-là sillonneront les coins et les recoins de notre pays avec leurs 4×4 pour soulever la poussière sur nous, pour distribuer des billets fraîchement sortis des banques et distribuer des gadgets à une population affamée, terrorisée par l’insécurité. Après ce spectacle désolant que nous allons vivre bientôt, truffé de mensonges et de promesses jamais tenues, aussi bien ceux qui seront élus que les candidats malheureux ne reviendront dans ces localités abandonnées qu’aux prochaines échéances électorales pour solliciter de nouveau le vote de ces sans voix dont ils ne se préoccupent guère de leurs sorts. Le peuple togolais ne mérite pas cela », a-t-il déploré.
L’évêque lance par ailleurs un appel aux citoyens, en particulier les chrétiens, à se dresser contre l’injustice et l’oppression, à être des acteurs du changement et à exiger des autorités une véritable amélioration des conditions de vie. « C’est à nous tous, chers citoyens qu’il revient d’imposer ce respect à nos politiques », a-t-il conclu.
Source: lalternative.info
Source : 27Avril.com