Au moment où nous finalisons cette lettre ouverte adressée à tout fils et fille de Siou où qu’ils se trouvent, nous apprenons avec stupéfaction qu’un autre de nos frères, colonel de l’armée togolaise aussi comme Toussaint Bitala Madjoulba, vient de perdre sa vie, dans des circonstances étranges. La succession de ces évènements ressemble à un film de fiction ou á une tragédie gréco-romaine. Seulement qu’ici c’est la réalité de notre quotidien qui couvre notre famille de Siou et Nawda d’un deuil continue et d’une douleur qu’on ne peut décrire. L’accablement est immense et nous sommes perdus et désorientés sur la démarche à suivre, voire l’attitude à adopter.
Nous, fils et filles de la Diaspora Nawda (Siou et Nawda) vivant aux USA, Canada et Europe, durant les deux derniers mois, nous sommes manifestés de plusieurs manières face à la tragédie qui frappe notre grande famille de Siou et Nawda. Nous avons essayé de notre mieux de faire comprendre les motivations et le sens de nos initiatives et les objectifs poursuivis vu que notre communauté est en grand danger. Lesquels objectifs se résument en trois points :
• Le respect et l’application des EXIGENCES COUTUMIÈRES devenues une impérative à la suite de l’assassinat de notre frère Toussaint Madjoulba et des réactions de la population de Siou suite au sifflement du cor de guerre.
• Notre volonté et disposition d’accompagner la famille MADJOULBA et notre communauté Nawda dans son droit légitime de RENTRER EN POSSESSION du corps de notre frère et de lui donner un ENTERREMENT DIGNE en accordance avec la COUTUME NAWDA.
• Notre recherche de JUSTICE pour notre frère dont le décès tragique a été causé par ce qui est d’évidence publique un assassinat.
Á ce jour, nous déplorons le fait qu’aucun de ces objectifs poursuivis n’a été satisfait. Tout en attendant qu’une enquête parlementaire soit diligentée pour faire la lumière sur les circonstances de l’assassinat de notre frère, nous restons toutefois attachés aux principes de transparence, d’indépendance et d’équité. Le crime a été odieux, violent, et a interrompu la vie d’un homme, un époux, un père de famille, un parent, un militaire citoyen dévoué à la cause de son pays le Togo laissant ainsi des orphelins, des veuves, parents, amis et frères d’arme profondément meurtris. Pour cela nous, la Diaspora Nawda, en solidarité avec la famille, et la population de Siou et autres Nawdba, aussi bien que l’ensemble de la population togolaise ne saurions nous satisfaire des résultats d’une enquête qui ne ressortent la VÉRITÉ et qui ne traduisent le coupable ou les coupables à la justice afin qu’ils payent de leur crime.
Nous invitons tous les fils et filles de Siou en particulier et Nawda en général, que ce soit de façons individuelles en fonction de leur degré d’influence, ou collective réunis au sein d’associations des ressortissants de Siou à l’instar de l’ARSIL et ARDOL, de faire avant tout de cette recherche de justice pour Toussaint une question de survie de notre identité Nawda. Ce serait non seulement faire justice à Toussaint mais aussi prévenir la répétition de ces disparitions violentes et suspicieuses de nos quelques rares officiers de Siou et Nawda dans l’armée togolaise (comme si notre pensée était une prémonition voilà que nous pleurons encore aujourd’hui en l’espace de deux mois la mort d’un autre officier Nawda de Siou).
Le son du cor de guerre a résonné, alertant les peuples Nawda de la présence d’un danger dans la communauté et appelant au ralliement général de ses filles et fils pour faire face au danger. Ce type de sifflement du cor qui n’est point festif, ni une plaisanterie est un appel à la mobilisation devant aller jusqu’au bout. Nous à la Diaspora Nawda, ayant pris soins de nous renseigner auprès des grands prêtres de Siou , tenants de la tradition, nous sommes arrivés à la conclusion que le son du cor de guerre était un évènement extrêmement grave qui a poussé les populations de Siou et leurs alliés des autres cantons à se lever spontanément et marcher sur la préfecture afin d’accomplir la mission à laquelle le son du cor les a appelés et qui spécifiquement est de réclamer le corps du fils de Siou assassiné sauvagement afin de lui accorder un enterrement en accordance avec nos coutumes. Nous avons aussi appris qu’une fois le son du cor de guerre sonne, c’est aussi les esprits de nos ancêtres qui sont appelés au secours, et il est indispensable qu’il y’ait une clôture selon les exigences de la tradition, pour ramener les esprits dans leur demeure et aussi éviter que les malheurs s’abattent sur notre communauté Nawda de façon individuelle ou collective du fait d’avoir sonné le cor de guerre de façon vaine. Cet appel a résonné non seulement à Siou et à ses alentours, mais aussi est arrivé aux fils et filles de Siou vivant dans tous les coins du monde. Á la Diaspora Nawda aux USA, au Canada, en Europe, nous avons entendu cet appel et nous avons voulu à notre manière y répondre et ceci est la raison fondamentale de notre engagement.
Á ce jour aucune conclusion n’a été apportée à cet appel comme l’exige notre tradition. Que s’est – il passé par la suite ? Nous ne pouvons apporter avec certitude une réponse à cette question. Notre analyse de la situation quoique à distance, nos interactions avec les uns et les autres nous permettent pour autant de dire que c’est au sein de notre famille Nawda que des forces se sont opposées à l’accomplissement effectif du ralliement des populations Nawda et de l’accomplissement des rites traditionnels qui s’imposent à la suite du sifflement du cor de guerre. Comment se fait – il qu’une composante aussi importante de l’essence du peuple Nawda puisse être aussi rabaissée, banalisée et réprimée ? Chaque peuple ne trouve-t-il pas sa force et son respect dans ce qui lui est particulier et qui lui vient de sa culture que chaque génération lègue à la suivante ? Personne ne saurait s’ériger le droit de remettre en cause la continuité de ces caractéristiques culturelles fondamentales qui font l’identité de notre communauté Nawda. Nous invitons nos frères et sœurs qui pour des raisons propres à eux, se reposant sur leurs capacités d’influence multiformes dont ils jouissent du moment, vont à l’encontre de l’accomplissement de la tradition à nous tous, de mesurer la portée présente, future et historique de leurs actes. Les hommes passent, les nations ou les communautés demeurent. L’histoire sera impitoyable pour ceux ou celles qui n’auraient pas privilégié le bien commun aux dépens du gain personnel et matériel.
Cela fait presque trois mois que nous attendons d’accompagner notre frère Toussaint á sa dernière demeure en accordance avec les rites de notre culture. Nous sommes conscients que cela revient exclusivement à la famille immédiate de Toussaint de s’occuper de son enterrement. Permettez-nous ici de crier notre impatience face à cette durée. Encore plus aucune information n’est faite publique pour rassurer ses frères et sœurs aussi lointain que nous puissions paraître, la population de Siou et Nawda et la population togolaise en générale. Nous n’accepterons pas que l’assassinat horrible de Toussaint, alors que sa maman et sa sœur étaient à la morgue, attendant qu’il les enterre, puisse tomber dans l’oubli collectif et passer pour un épiphénomène et qu’on se tourne sur le nouveau corps sans vie tombée entre nos mains. Et quand celui-ci sera aussi oublié on recueillera un autre. Nul ne sera épargné si rien n’est fait.
QUE CE CYCLE MACABRE S’ARRÊTE ! Et nous filles et fils de Siou et Nawda, nous ne saurons accepter et demeurer passifs en face de cette série macabre dont sont victimes nos frères qui se sont donnés corps et âme à défendre la nation togolaise. La vie humaine est sacrée et doit être respectée et protégée à tout prix. La survie de notre peuple, de notre identité est menacée. Ne restons pas indifférents. Sortons de nos peurs et acceptons le sacrifice de notre confort matériel pour rechercher le bien commun. Les générations futures nous seront reconnaissantes.
Fait aux USA
Pour la Diaspora Nawda aux USA, CANADA, EUROPE
LA COMMISSION DE COORDINATION
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Source : icilome.com