Ne t’ayant pas trouvée à la maison quand je fus venu te voir, une force invisible me poussa aussitôt vers la forêt voisine où je me mis à crier ton nom. Soudain au détours d’un buisson, je te découvris telle Artémis un filet à la main entrain de chasser des moustiques femelles appelés anophèles. Ton corps nu, au galbe parfait était entièrement couvert de piqûres de ces insectes dangereux semant la mort et la désolation chaque année dans des millions et des millions de familles humaines. Je te prie alors par le bras et te glissai à l’oreille : « Viens ma chérie, on rentre à la maison » Tu t’agrippas à mon épaule et dès qu’on eut franchi le seuil de ta maison, comme par enchantement toutes les traces de piqûres disparurent sur ton corps et dans un bruit de craquement, le toit de ta maison s’ouvrit et trois colombes blanches portant au bout de leurs becs fluorescents, un joli diadème en or massif incrusté de diamants, de rubis et d’émeraudes qu’elles déposèrent avec délicatesse dans un souffle de battements d’ailes synchronisés sur ta tête. Ce diadème avait la forme de la lettre epsilon, ce « e » de l’alphabet grec qui débute le mot « épistémé » désignant la science et la connaissance.
Je réalisai dès lors spontanément que les dieux de la raison, du savoir et des idées venaient de t’élire pour décerner la récompense suprême à ton travail d’invention de l’Elixir qui guérira désormais les humains de cette terrifiante maladie appelée « malaria » ou encore « paludisme » pouvant les toucher à tous les âges et transmise par les moustiques femelles ou « anophèles ». Cette récompense te donne une vie éternelle auprès d’eux dans leur panthéon.
Comme un automate, je me prosternai à tes pieds, en extase devant ce corps nu, d’un brun dépoli, désormais sans aucun bouton ni égratignure en même temps que mes yeux « mangeaient » la beauté ciselée du diadème en epsilon lequel brillait des mille feux de ses diamants, rubis et émeraudes. Et puis lorsque de façon inconsciente je me relevai pour toucher ta couronne, je me réveillai en sursaut sans déception ni amertume mais plutôt avec une immense fierté et un océan de reconnaissance envers les dieux pour le cadeau exceptionnel dont ils m’ont gratifié, entrouvant furtivement pour moi les portes des jardins de l’avenir.
Frédéric Atsou Galley
Lille, le 16 Août 2020-
Source : icilome.com