Le Port autonome de Lomé, le seul en eau profonde de la côte mérite certainement son nom et reflète à bien des égards la gestion calamiteuse et hasardeuse au sommet de l’Etat. Après avoir bradé tous les secteurs juteux de ce poumon de l’économie nationale aux étrangers (manutention, quai minéralier, guichet unique, capitainerie) et empoché sans bruit les ristournes, les mafieux qui sont en charge du Togo n’ont que faire de ce joyau laissé à l’abandon.
Il y a longtemps que les pseudos réformes du gouvernement de Faure Gnassingbé ont poussé la plupart des opérateurs économiques à déserter les lieux, pour le bonheur des pays voisins, notamment le Ghana et le Bénin. Les rares qui sont restés, et qui y croient encore, sont constamment harcelés par l’OTR et ses méthodes fortes.
La dernière polémique tourne autour d’une fameuse TVA imposée sur les surestaries qui révoltent les acteurs portuaires notamment les maisons de consignation. Une TVA imposée à une amende, du jamais vu mais l’OTR persiste et réclame des centaines de millions à certaines sociétés, des milliards à d’autres. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ces milliards collectés de part et d’autres, parfois par la contrainte, ne servent pas à investir dans la modernisation des infrastructures du port, notamment les rues, afin de faciliter une circulation sans encombre aux centaines de camions qui chargent les marchandises tous les jours.
Excédés par l’état calamiteux de ces rues, surtout en saison de pluie, qui crée des dommages aux camions dont certains se renversent avec leurs marchandises, les transporteurs ont déclenché un mouvement d’humeur ce mercredi dans l’enceinte du port autonome de Lomé, paralysant les activités du moins ce qu’il en est encore.
Tout est parti de la chute d’un conteneur qu’on acheminait au scanner, à cause de l’état piteux de la rue qui y mène. Son état défectueux voire impraticable qui retarde le scanner des conteneurs a été à plusieurs reprises signifié aux premiers responsables du port, mais les doléances sont restées sans suite. Révoltés par cette situation, les transporteurs qui font les frais de ce laxisme, ont saisi l’occasion de la chute de ce conteneur pour bloquer tous les différents points stratégiques du port par les camions et exiger le remblayage express de la rue. Les activités ont été bloquées toute la journée de mercredi, et ce n’est que vers 17 h que la Direction du port a fait venir des engins pour remblayer la rue défectueuse. Un colmatage à la latérite qui va générer, à coup sûr, d’autres ennuis aux camions à la prochaine pluie.
Le Port autonome de Lomé que Faure s’empresse de montrer parfois à ses visiteurs (il choisit les bons endroits), se trouve dans une désolation totale. Une situation d’autant plus incompréhensible que le secteur génère des milliards dont une grande partie sort du pays dans le compte des multinationales et le reste converti en prébendes dans les poches profondes des gouvernants. Voilà des gouvernants qui sont incapables d’entretenir et de moderniser un secteur qui leur génère d’énormes profits.
Lorsqu’on passe au scanner le profil de ceux qui sont chargés de ce domaine, on comprend mieux l’état de délabrement dans lequel se trouve ce joyau voulu et construit par ceux qui ont eu une vision pour ce pays, particulièrement Sylvanus Olympio. Le premier c’est le fameux Contre-Amiral sans frégate ni destroyer, même pas une pirogue, Fogan Adegnon qui bat le record de longévité à la Direction du port ( plus de 10 ans) malgré les résultats calamiteux. Il est né sous une bonne étoile et peut compter sur sa marraine qui n’est autre que la mère de Faure Gnassingbé. Fort de ces soutiens solides, il est aujourd’hui le plus grand cumulard de la République, pendant que les jeunes diplômés sont « Provonatés » par une autre cumularde, Victoire Tomegah-Dogbé, celle qui aime toutes les choses qui sont à la base.
Le sieur Fogan Adegnon a certainement le don d’ubiquité pour être en même temps à tous les postes qu’il cumule. Directeur général du port, Président de la Délégation spéciale de Lomé, Président du Conseil d’Administration du CHU-SO, Président du Conseil d’Administration de l’EPAM, Président du Conseil d’Administration de la SOTRAL. Même à l’église, il cumule les rôles (sic). Comment avec autant de responsabilités peut-on s’attendre à des résultats? Selon un opérateur économique, sa présence au Port se limite à une demi-journée alors que des dossiers urgents qui doivent être signés s’accumulent sur son bureau et provoquent des retards dans les opérations et des pénalités pour les acteurs.
Le second, c’est le ministre des Transports et des Travaux publics. C’est le plus grand prévaricateur de la République que le Togo n’ait jamais connu. L’ancien cadre de la BTD qui rendait des services aux clients contre des pourboires est devenu, en moins de 5 ans, l’un des ministres les plus riches du Togo, avec la magie et la bénédiction de Faure Gnassingbé. L’homme d’une arrogance inouïe ne s’en cache guère à qui veut voir ses biens (plusieurs villas, des voitures de luxe). Pas besoin d’utiliser une loupe pour apprécier ses dégâts. La route Lomé-Vogan-Anfoin dont il a eu la prouesse, avec le ministre de l’Economie et des Finances d’alors, Adji Otèth Ayassor, de faire disparaître les 26 milliards, en est une preuve tangible. Ce dossier, le plus grand scandale de la République, est classé sans suite par Faure Gnassingbé qui, pourtant, clame tous les jours sa volonté de lutter contre la corruption.
Plus de 4 ans après l’ouverture de ce chantier, les travaux n’ont jamais vraiment démarré et les riverains livrés à eux-mêmes et les usagers n’ont aucune idée de la fin de ce calvaire. D’autres chantiers de route sont à l’abandon à cause des commissions perçues de ces marchés.
Le Port autonome de Lomé où la plupart des secteurs vitaux ont été bradés aux étrangers, n’échappe pas à cette razzia. Les dégâts de ces pilleurs de la République, avec la bénédiction de celui qui devait les châtier, crèvent tous les jours les yeux des citoyens et l’état désastreux du Port autonome de Lomé, avec à sa tête un Contre –Amiral en perdition, est une illustration.
Dans ces conditions, plus besoin de contorsions pour déduire que la fameuse Commission de Lutte contre la corruption de Faure Gnassingbé n’est que de la poudre aux yeux. La « Kozah » Nostra a encore de beaux jours devant elle.
Source : L’Alternative No.614 du 19 mai 2017
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