Togo : Les regards désormais tournés vers Faure Gnassingbé et le RPT-UNIR

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« (…) Les choses vont bouger la semaine prochaine » – Mme Adjamagbo-Johnson

Togo : Les regards désormais tournés vers Faure Gnassingbé et le RPT-UNIR

Le dialogue est constipé depuis le 23 février, date de la dernière séance, et la reprise des discussions était plus que problématique. Le pouvoir n’a d’ailleurs rien fait pour la faciliter ou augmenter ses chances. Mais les derniers développements de l’actualité politique représentent un coup de pression sur le pouvoir et les parties prenantes dans leur ensemble et remettent au goût du jour cette problématique de reprise des discussions dont les voyants sont au vert. Et désormais les regards virent tournés vers l’« homme simple » qui semble n’avoir que faire de la crise.

Un mois de suspension. Le 23 février dernier, lorsqu’il a été décidé (sic) de la suspension des discussions et leur reprise à une date ultérieure, le commun des observateurs redoutait une interruption plus longue, au regard des causes du blocage et surtout de l’état d’esprit du pouvoir. Ses émissaires du régime n’ont pas consenti la nécessité de libérer tous les détenus politiques et se sont montrés inflexibles sur la question du retour à la Constitution de 1992, craignant qu’il n’empêche leur champion de candidater à un 4 e mandat en 2020, et éventuellement un 5e en 2025, bref assouvir ses desseins de règne à vie.

Le pouvoir en place en a rajouté aux rancœurs, avec les violences exercées sur les pauvres populations de Kparatao dans la nuit du 24 au 25 février, puis la poursuite de la préparation unilatérale du processus électoral, avec la nomination des présidents des Commissions électorales locales indépendantes (CELI), les gérants de la machine à fraudes du régime sur le plan local. Autant de gestes qui ont fait monter la tension au niveau de la Coalition de l’opposition qui a décidé de rompre à son tour l’engagement moral de début de dialogue en décidant de reprendre les manifestations publiques.

Plus les jours passaient, plus les chances d’une reprise des discussions se réduisaient davantage. Vendredi prochain, cela fera exactement un mois que les discussions sont suspendues. Mais apparemment, l’espoir renaît. Témérité du Facilitateur. C’est un secret de Polichinelle, le pouvoir en place n’a jamais voulu de ce dialogue et il s’était employé à le pourfendre. Ou il s’était résolu que si dialogue il devrait y avoir, il le voulait bâclé et contrôlé par lui, raison pour laquelle il avait fait croire que la CEDEAO ne voulait pas en assurer la Facilitation. Forcé à la table de négociations, le régime s’est donné les desseins secret de pousser l’opposition à claquer la porte – un coup qu’il a semblé réussir avec le blocage créé le 23 février et la suspension des travaux -, dégoûter le Facilitateur Nana Akufo-Addo, le pousser à jeter l’éponge et ainsi laisser le champ libre pour dérouler sa stratégie de régence du processus électoral. Mais c’est compter sans la détermination du Président ghanéen résolu à régler cette crise togolaise. Il en faut visiblement plus pour le pousser à lâcher le morceau.

Nana Akufo-Addo, loin d’abdiquer, trouve la motivation nécessaire pour poursuivre sa mission. C’est ainsi qu’il a reçu le 6 mars dernier la délégation de la Coalition de l’opposition, et a été réceptif à ses doléances. Suite à cette consultation, il a dépêché depuis la semaine passée au Togo une mission. Cette dernière a visité la Commission électorale nationale indépendante (CENI), est allée à Sokodé et Kparatao pour vérifier les allégations de bastonnades sur les populations de la ville natale de Tikpi Atchadam et poursuit les contacts avec les autorités et la classe politique. La démarche vise simplement à de débloquer la situation pour une reprise du dialogue. Tout porte à croire que la mission a pour tâche de déblayer le terrain, etles dernières informations annonçant l’arrivée à Lomé du Facilitateur la semaine prochaine s’inscrivent dans cette dynamique.

Coup de pression du Groupe des 5. Loin des yeux et des oreilles indiscrets, le blocage du dialogue et l’exacerbation de la situation préoccupaient aussi visiblement les ambassadeurs occidentaux accrédités au Togo. Et ils ont tenu à rappeler les protagonistes à leurs responsabilités,à travers une déclaration conjointe rendue publique ce lundi 19 mars. Les ambassadeurs de France, d’Allemagne, des Etats-Unis d’Amérique, de l’Union Européenne et la Coordination du Système des Nations Unies ont été sensibles aux difficultés créées au Facilitateur Nana Akufo-Addo dans l’accomplissement de sa mission et appelé les parties prenantes à respecter les engagements mutuels pris dans le cadre du dialogue. Par rapport au pouvoir, cela s’entend de la poursuite des mesures d’apaisement et de l’arrêt de la préparation unilatérale des élections, et du côté de l’opposition, de la suspension du mot d’ordre de manifestations publiques lancé. Ces représentations diplomatiques sont allées plus loin en conviant les protagonistes à « s’engager sans délai (…) dans une discussion de fond sur les questions constitutionnelles et électorales » et « parvenir à un accord sur un cadre démocratique rénové et consensuel afin que les électeurs puissent exprimer un choix dans des élections libres et transparentes ».

Le pouvoir devrait croire avoir bloqué définitivement le dialogue et s’être tracé la voie pour foncer dans sa préparation unilatérale du processus électoral. Mais cette sortie du Groupe des 5, conjuguée à la persévérance manifeste du Facilitateur qui ne veut pas lâcher le morceau,est un énorme coup de pression sur Faure Gnassingbé et le pouvoir RPT/ UNIR. Déjà les voyants sont au vert pour une reprise, à en croire les propos, hier, de la Coordinatrice de la Coalition de l’opposition. «Nous avons reçu le message que le ministre ghanéen est venu nous délivrer. Il y a une perspective très proche d’évolution du processus du dialogue. Je suis confiante que les choses vont bouger la semaine prochaine», a confié Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson. A en croire les indiscrétions, Nana Akufo-Addo aurait discuté avec son alter ego togolais et le parti au pouvoir et ils se seraient entendus sur une reprise des discussions. Et c’est dans cette logique que s’inscrit la venue à Lomé du Facilitateur la semaine prochaine.En tout cas, les regards sont tournés vers Faure Gnassingbé et le pouvoir…

Tino kossi

Source : Liberté

27Avril.com