Togo, les populations s’Interrogent : Que comprendre des maux à l’origine de la crise dans notre pays ?

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Depuis l’amorce du processus de démocratisation au Togo jusqu’aujourd’hui, le bout du tunnel semble encore flou malgré les efforts consentis par les populations. Le pays est dirigé d’une main de fer tandis que les institutions qui le composent sont verrouillées par le parti au pouvoir, mettant à mal leur bon fonctionnement et barrant ainsi la route à l’alternance au sommet de l’Etat.

Togo, les populations s’Interrogent : Que comprendre des maux à l’origine de la crise dans notre pays ?

Le manque de vérité, de sincérité et de justice dans le comportement et les actes quotidiens

Il faut reconnaitre que le mal togolais trouve ses racines dans le manque de vérité, de sincérité et de justice. Ce manque se manifeste par l’importance accordée à la passion au détriment de la raison, aux hommes au détriment des principes et des règles. N’est-il pas vrai que même nos efforts pour faire des lois ont toujours eu pour fondement les personnes qui seront en charge de les appliquer ? Depuis l’ascension du Togo à l’indépendance, tous les gouvernants qui se sont succédé ont toujours privilégié cette approche. Des textes constitutionnels rédigés dans l’unique but de faire pérenniser les hommes au pouvoir  plutôt que de poser des baser d’une Nation moderne.

Dans le fonctionnement des organisations politiques, toutes tendances confondues, les décisions sont prises en fonction des hommes dans leur soif de jouer les premiers rôles plutôt que dans le souci constant de bâtir des systèmes politiques efficaces et viables, un Etat républicain, paisible et prospère qui profite au peuple. Pour preuve, le choix de la candidature unique de l’opposition aux élections de 2005 et 2015 et la manière dont la mouvance présidentielle l’a aussi fait ces années-là. Dans chaque camp, les méthodes ont été presque les mêmes.

Même les institutions judiciaires qui devraient être le lieu où le droit devrait se dire, sont dévouées. Les textes sont appliqués de façon discriminatoire et les décisions sont prises à la tête du client. Le citoyen face à  cette justice à deux vitesses, recours à d’autres manières de se faire justice. Ainsi, chaque Togolais au lieu de faire confiance à l’appareil judiciaire, « s’arrange » pour avoir son magistrat, son policier, son gendarme, son douanier, etc… Cette situation transforme l’administration en un dragon à plusieurs têtes qui s’affrontent et s’entredéchirent.

Le problème togolais, une question essentiellement sociale

Pendant longtemps, le problème togolais a été appréhendé sous un angle purement politique. Plus d’un Togolais pensaient que seules les élections étaient la solution à leurs problèmes. Mais après une demi-douzaine de rendez-vous électoraux qui se sont tous soldés par des fiascos avec leurs cortèges de violences, de morts, d’assassinats, de malades à vie, d’exilés et de destruction de biens, aujourd’hui les Togolais se rendent enfin compte que la voie électorale est une vie voir option sans issue. Même la « communauté internationale » pour la plupart du temps complice de cette situation s’en rend compte. La CEDEAO, l’UA, la Francophonie… continuent de pousser les Togolais dans des folles aventures électorales. Les exemples de la présidentielle d’avril 2005 et celles d’avril 2015 en sont révélateurs. Combien de Togolais sont encore prêts à retourner aux urnes depuis surtout les folies meurtrières du 26 avril 2005, celle soldées par un hold-up électoral en avril 2015 ?

Nous nous rendons enfin compte que les élections ne pas une panacée pour le Togo. Aujourd’hui, les Togolais sont essentiellement confrontés à un problème de survie économique. Si cette situation venait encore à perdurer, le pays fera face à la phase irréversible d’une « haïstisation » du Togo, situation qui occasionnera assurément de la violence aujourd’hui devenue un mode de survie sur la « Terre de nos Aïeux ». Grand est le nombre de Togolais qui aujourd’hui mangent à peine un repas par jour, qui n’arrivent plus à se faire soigner faute de moyens. D’ailleurs la quasi-totalité des centres de santé sont en agonie. Nombreux sont ces Togolais qui n’envoient plus leurs enfants à l’école faute de moyens, l’éducation aussi n’ayant plus de sens ni de valeur aujourd’hui au Togo. En témoignent les récurrents mouvements d’humeur des enseignants qui réclament leurs droits et qui sont laissés pour compte. « L’éducation n’est pas la priorité du gouvernement », déclarait il y a quelques semaines sans honte ni vergogne, le ministre de la fonction publique, Gilbert BAWARA sur une chaine de radio de la capitale. Plusieurs enfin sont ces Togolais qui ne se sentent plus en sécurité. En témoignent ces nombreux braquages avec leur cortège de mort et d’assassinats dont les enquêtes ouvertes depuis lors, ne sont jamais fermées et ne donnent malheureusement rien comme bribe de résultats jusqu’à ce jour. Les Togolais ont compris que leur sécurité ne préoccupe nullement ces autorités du pays si ce n’est la sécurité du premier dirigeant et celle de la minorité qui pille impunément le pays.

De tout ce qui précède, il convient de situer les togolais sur une petite réponse à leur interrogation qui a suscité la plume du rédacteur. Le mal togolais a une racine et cette racine se retrouve en la promotion à outrance de l’impunité par les premiers dirigeants du pays qui non seulement refusent de rendre compte mais aussi ont démissionné sur tous les plans notamment économique, santé et éducation. Face à cette démission, les populations aux aboies s’adonnent, la nature ayant horreur du vide, aux règlements de compte qui disposent pour moyen, la vindicte populaire. Il urge une prise de conscience collective afin de permettre au pays de quitter le cycle d’un lendemain incertain qui le guète.

Source : Idelphonse Akpaki, La Gazette du Togo

27Avril.com