La seconde journée des deux jours de manifestations synchronisées de l’opposition togolaise a pris une tournure inattendue en début d’après-midi de ce jeudi.
Les protestataires sont sortis davantage en masse ce jeudi pour décrier le pouvoir togolais et exiger l’opérationnalisation des réformes constitutionnelles et institutionnelles prévues depuis 11 ans par l’APG (Accord politique global, le plus grand consensus politique à ce jour au Togo).
Après s’être regroupés en matinée et avoir défilé dans la gaieté, la bonne humeur sur les principales artères de la capitale, les manifestants ont subitement décidé de camper à Deckon (carrefour commercial au cœur de Lomé). La veille, les organisateurs de la marche avaient pourtant décidé de reconduire le même itinéraire et de chuter pacifiquement au «Bas fond du collège Saint Joseph» ce jeudi. Une consigne que la foule a violée. Visiblement surpris par la décision de l’immense foule, les leaders des partis organisateurs de cette manifestation (CAP 2015, G6, PNP et plusieurs autres partis) sont en train d’accompagner cette humeur des protestataires à Deckon.
Par l’entremise de Fulbert Attisso, leader du parti le «Togo autrement», il vient d’être annoncé à la foule «que les manifestants vont camper jusqu’à demain à Deckon, pour exiger la satisfaction de leurs majeures revendications», sans autres précisions complémentaires.
Photographie de Deckon
Les commerces, banques, centres d’affaires avoisinant ce lieu de brusque rassemblement ont commencé à fermer portes ou leur entrée principale, a pu constater «aLome.com» sur place. Les forces de l’ordre et de sécurité qui quadrillent depuis hier cette zone de Lomé sont en train d’y renforcer leur présence. La situation y est pour l’heure calme, l’atmosphère meublée de chants protestataires via des hauts-parleurs ou entonnés cycliquement par des animateurs de cette marche qui se «veut toujours pacifique».
Mardi dernier, le Gouvernement togolais a adopté un avant-projet de loi autour des articles 52, 59 et 60 de la Constitution, consacrant «la limitation des mandats électifs au Togo et le retour au mode de scrutin à deux tours». L’opposition dans son ensemble a réservé un accueil mitigé à cette démarche de l’exécutif, en «exigeant davantage autour de toutes les réformes prévues par l’APG, et ce en attendant d’avoir entre les mains la mouture de ce projet de loi pour plus de commentaires sur son contenu».
Le parlement togolais est convoquée en session extraordinaire mardi prochain. Par l’entremise de plusieurs proches collaborateurs du Président togolais, le parti au pouvoir (UNIR) a réaffirmé ces derniers jours son grand «attachement à la non-rétroactivité de la modification constitutionnelle qui limiterait les mandats présidentiels».
Au pouvoir depuis mai 2005, Faure Gnassingbé (actuel Président en exercice de la CEDEAO et du Conseil de l’Entente) a été réélu en 2010 et en 2015. Trois élections présidentielles dont ses opposants contestent toujours les résultats officiels.
Par Edem GADEGBEKU
TogoActualité.com