Pour guérir un jour les Togolais désormais aphones et malades d’une hérésie collective, il faudra bien pour le prochain pouvoir une batterie de sociologues et surtout de psychologues. Le « subconscient collectif » a été atteint par cinquante ans de dictature qu’il nous ait, nous journalistes, leaders d’opinion, intellectuels impossible de frapper les méninges pour leur redressement. Tenez ! Il y’a seulement quinze ans, on avait justifié le coup d’Etat de 2005 en démontrant à la face du monde que, de tous les enfants d’Eyadema, Faure Gnassingbé était le plus bon. Sa maman qui est de sud et son papa du nord faisaient de lui l’oiseau rare. Les crimes de 2005 ont été tout de suite distribués. Les généraux Assani Tidjani et Kadanga… prennent la grosse part. Kpatcha Gnassingbé et les autres se partagent le reste des cadavres. La question de savoir à qui profite le crime ? Les Togolais ne se font plus cette violence de le savoir. Pour eux, « l’autiste » qui les dirige est si propre que son entourage serait à la base de tous les dérapages au Togo. C’est ce que Faure Gnassingbé semble lui aussi avoir compris «Quand j’ai succédé à mon père, les conditions dans lesquelles ça s’est fait, c’est sûr que c’est un peu comme le péché originel parce que c’est l’armée qui a pris cette décision. Entre-temps, je me suis retiré […] et nous avons organisé des élections.»lance-t-il à Libération. Dans le Togo de demain, il est clair que, ce sont de « minables » militaires qui avaient pris sur eux de tuer les Togolais.
Avec l’outil internet, l’agacement commence par faire trop. Tour à tour, Gilbert Bawara, Massina Yetrofei et Abalo Kadanga sont indexés par les Togolais comme de vilains tueurs, des gardiens de la monarchie. Des quolibets aux menaces verbales, rien n’arrête plus les pestiférés du net. On somme de pauvres « nabots » eux aussi victimes d’une nébuleuse tapis dans l’ombre et d’une frustration d’êtres les « gros bras » d’une dictature immonde, pervers… On finit par dédouaner le père de la « tuerie et du pillage des deniers publics » dans le Togo moderne. Faure Gnassingbé se frotte désormais les doigts et béni le ciel d’avoir à diriger un peuple avec une jugeote bancale. On agite le petit drapeau blanc de sa magnanimité, son caractère inoffensif et bon. On finit par le dédouaner de tout. Même, celui –là, Prince Honoré qui a fini par agacer les réseaux sociaux qu’il serait le cousin de Faure Gnassingbé semble aussi être tombé amoureux. Sur sa page Facebook, celui qui traitait son cousin président de pervers avec ses multiples coups d’état dans les urnes met de l’eau dans son vin : « Faure est pris en otage par Félix Kadanga qui menace de l’égorger comme un mouton de tabaski s’il ose renoncer au pouvoir». On en veut encore ! Le fils de Sabine a bien compris le message de son peuple. Il peut l’ouvrir grandement et continuer son petit bonhomme de chemin dans les colonnes du confrère Libération : «La vérité vient d’éclater après l’annonce des résultats qui nous placent loin devant nos adversaires. A mes adversaires malheureux, je veux dire : c’est le jeu de la démocratie». Quand on connait la mentalité collective de son peuple, on dort tranquille !
Camus Ali
Source : Lynx Togo
Source : 27Avril.com