Togo, Les Locales du 30 juin prochain : L’ANC choisit de faire face à une opposition plurielle

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Togo, Les Locales du 30 juin prochain  : L’ANC choisit de faire face à une opposition plurielle

Le corps électoral est convoqué, le dimanche 30 juin prochain pour le compte des élections Locales. Trente et deux (32) ans après, les Togolais éliront les Conseillers municipaux qui éliront, à leur tour, les maires des 117 communes. Contrairement aux dernières législatives, l’opposition y participera, mais dans la diversité. Le cas de l’Alliance nationale pour le changement (Anc) qui affrontera dans les urnes, outre le parti au pouvoir, ses autres camarades de l’opposition.

Locales : l’Anc sur la ligne de départ

C’est à Tsevie, chef-lieu de la Région Maritime, situé à 35 Km de Lomé, que le parti Alliance nationale de changement a annoncé sa participation aux prochaines élections locales. De ce fait, le parti orange que préside Jean-Pierre Fabre appelle les Togolais à se faire recenser massivement, même s’il faille, au prix de sacrifice. «Il faut aller se faire inscrire dès les premiers jours de révisions des listes électorales pour que le moment venu sur toute l’étendue du territoire national, elles donnent par leur vote, la victoire aux listes ANC dans la majorité des 117 communes», a lancé Jean-Pierre Fabre à ses militants. «…il nous faut saisir rapidement et surtout rester sur les lieux (centre de revision de liste electorale), y passer la nuit s’il le faut.

Raison pour laquelle il faudra prendre d’assaut les centres de recensement dès le premier jour», dira, pour sa part, le Conseiller à la communication du parti, Eric Dupuy.

La C14 lance l’estocade

L’annonce de la participation de l’Anc vient donc s’ajouter à celle de la C14 qui, au travers d’une lettre adressée au peuple togolais cette semaine, en appelle aussi à sa mobilisation générale. «Notre stratégie, c’est d’associer les pressions multiformes au dialogue. Aujourd’hui tu es à la croisée des chemins. Tu dois faire le choix entre laisser le RPT/UNIR confisquer aussi la démocratie et le développement à la base en occupant seul les appareils de l’espace décentralisé ou non ! Pour la C14 le choix est clair. Il te revient, peuple souverain, à travers tes représentants de l’opposition, d’aller à l’assaut et de conquérir les conseils municipaux et les mairies comme tremplin à l’assaut final de 2020 », souligne la groupe dirigé par Adjamagbo Johnson dans sa déclaration. Et de poursuivre par un appel solennel : «C’est pourquoi la C14 invite, tous les citoyens togolais, en âge de voter, qui n’ont pas pu se faire recenser, par respect du mot d’ordre de la C14 ou pour tout autre motif, à le faire impérativement dès l’ouverture de la période de révision électorale, le 16 mai prochain». Elle sera poursuivie dans sa dynamique par le parti Togo Autrement de Fulbert Attiso qui appelle aussi, de son côté, les Togolais épris de changement à se faire inscrire en nombre pour disposer de leur carte électorale.

C’est dire donc que l’un mis dans l’autre, l’on peut déduire de cette participation de l’opposition à la prochaine échéance électorale, non seulement la réparation d’un tord, (NDLR: boycott des dernières législatives ayant débouché sur une Assemblée nationale à sens unique composée de Unir et ses alliés), mais aussi une ferme volonté de s’opposer désormais au pouvoir à la base. Autrement, rafler le plus grand nombre possible des communes. Ce qui serait un sérieux handicap pour le pouvoir de Lomé qui se serait aussi privé d’un important dispositif institutionnel agissant, depuis des années en sa faveur, dans la pérennisation du pouvoir en place.

Quelle chance pour l’Anc?

Somme toute, une bonne et stratégique résolution prise par l’opposition togolaise dans sa lutte politique en faveur de l’alternance à la tête du pays. Mais alors, cette bonne résolution devra, avant tout, faire face à des contraintes à l’interne.

En effet, face au pouvoir de Lomé, l’opposition se positionne en pluriel. Et dans une telle tour de Babel, la force politique qui aura plus à perdre reste vraisemblablement l’Anc qui a décidé de cheminer seul. Mieux, ramer à contre-courant de la volonté du peuple et de la coalition de l’opposition avec laquelle elle a cheminé pourtant plus de dix-huit (18) mois. « Seul, on va vite. Mais ensemble, on va loin », nous renseigne une maxime.

Aujourd’hui et plus que jamais, le parti de Jean-Pierre, visiblement obnubilé par la nostalgie, réduit indubitablement ses chances dans sa posture solitaire quand on sait qu’elle aura d’abord en face, le reliquat de la C14 qui a opté pour des listes communes, sur un second front le Car puis comme toujours l’ogre Unir.

Le 28 juin sera donc l’ultime étape où le parti orange jugera de son mépris envers ses camarades de lutte, et surtout de ses micmacs devenues répétitives depuis quelques années. On se rappelle qu’il y a quelques jours, ce parti réclamait des conditions de transparence et un nouveau recensement électoral avant toute participation aux Locales et éventuellement à la présidentielle. Et c’est encore ce même parti, qui décide 4 jours plus tard d’aller à ces élections, sans que ses exigences ne soient satisfaites. On se demande pourquoi le parti orange a tant de mal à se séparer du fruit de l’incohérence depuis 2015. Si participer à cette élection est salutaire, la manière choisie pour ce faire risque d’être préjudiciable à ce parti qui risque de n’être pris au sérieux, puis que faisant une chose et son contraire à la fois. La présidentielle de 2015 et le fameux slogan «pas de réformes, pas d’élections» reste toujours au travers de la gorge des Togolais.

Au regard de tout ce qui précède, l’on peut affirmer que cette fois-ci, l’opposition toute entière a décidé d’être dans le système pour peser. Toutefois, ce n’est tout de même pas superflus d’affirmer que participer aux Locales en rangs dispersés constitue des chances de moins pour cette opposition incapable de s’unir pour affronter le pouvoir. Mais encore plus pour le parti de Jean-Pierre Fabre qui aura fort à faire devant ses camarades de lutte de la C14, mais aussi ceux du Car si le parti des Déshérités décide aussi de rentrer dans la danse. Somme toute, l’Anc risque à vouloir trop mépriser de se mépriser elle-même, au dépend de ceux qui croient encore en elle.

Source : Fraternité No.313 du 15 mai 2019

27Avril.com