Les organisations syndicales des greffiers viennent d’adresser un courrier au ministre de la Justice et des Relations avec les Institutions de la République, Pius Agbétomey. Dans la lettre, ils dénoncent les affectations illégales et abusives opérées par le ministre. Ils menacent de reprendre leur mouvement de grève suspendue pour entamer dans la sérénité les discussions annoncées par le gouvernement.
Dans le mois de mai 2017, les greffiers et administrateurs de greffes du Togo ont entamé des mouvements de grève pour obliger le gouvernement à revoir leurs conditions de vie et de travail. Ces mouvements ont duré plus d’un mois et occasionné à plusieurs reprises le blocage du service public de la Justice. Alors que la loi portant Statut spécial des greffiers et administrateurs de greffe était au niveau de l’Assemblée nationale, le gouvernement a procédé à son retrait. La raison avancée était que le document aurait subi tant de modifications qu’il ne reflétait plus la vision du gouvernement.
Ce retrait a bien évidement été perçu comme un mauvais signe donné par les ministres en charge du dossier, notamment Pius Agbétomey de la Justice et des Relations avec les Institutions de la République et Gilbert Bawara de la Fonction publique, du Travail et de la Réforme administrative. Comme pour confirmer l’inquiétude des organisations syndicales des greffiers, des mesures « punitives » avaient été prises par Pius Agbétomey. Il s’agit de la série d’affectations qu’a connues le secteur public de la Justice.
Pour les organisations syndicales, notamment le Syndicat National des Greffiers du Togo (SNGT) et l’Association des Greffiers du Togo (AGT), les mesures prises par le ministre de la Justice sont illégales et abusives. En plus de la saisine de la Cour Suprême du Togo pour une annulation de ces mesures, les greffiers ont envoyé une nouvelle correspondance à Pius Agbétomey. Ils y soulignent que les mouvements de grève étaient motivés par la « quête de meilleures conditions de travail et de vie ».
La SNGT et l’AGT ont rappelé que le ministre de la Justice a pris « un certain nombre d’actes illégaux, sur fond d’accusations infondées. Nous faisons ici allusion, essentiellement, à vos réquisitions illégales que vous avez appelées « désignations », lesquelles ont été suivies par des sanctions dites disciplinaires totalement abusives. Quant aux accusations infondées, elles ont consisté à tenter de faire passer la grève professionnelle des greffiers et administrateurs de greffe du Togo, parfaitement légale et légitime eu égard aussi bien à la Constitution de notre pays, à ses lois qu’à ses règlements, pour une grève illégale et sauvage, afin de justifier les sanctions gratuites qui devaient s’ensuivre ».
Les greffiers s’étonnent de ce que leurs multiples avertissements n’aient pas contribué à mettre un terme aux décisions de Pius Agbétomey. « Les Greffiers et administrateurs de Greffe du Togo, par le truchement de la coordination de leur mouvement, n’ont pas manqué, à chaque fois, d’attirer votre attention sur les caractères illégal et abusif de ces actes et décisions. Malheureusement, force est de constater que ces multiples démarches n’ont nullement retenu votre attention, ni mis fin à la série des décisions et actes illégaux, bien au contraire », ont-ils écrit dans le courrier.
Les greffiers n’ont pas manqué de préciser, en tout cas estimer, que les actes de Pius Agbétomey visaient à démobiliser leur mouvement en s’attaquant aux responsables syndicaux. « En effet, par arrêtés et décisions d’affection, vous avez affecté les membres de la coordination du mouvement des Greffiers et administrateurs de Greffe du Togo. S’il est évident que vous n’ignoriez pas le caractère illégal de tels arrêtés et décision, il est encore plus évident que l’objectif à peine voilé que vous visiez ce faisant, est de fragiliser, sinon casser les organes représentatifs des Greffiers et administrateurs de Greffe du Togo en vous en prenant à leurs responsables. Comme nous n’avons de cesse de le faire depuis le début de notre mouvement, nous voudrions, une fois de plus, attirer votre attention sur les caractères illégal et abusif de ces affectations de responsables syndicaux et associatifs. Nous voudrions bien préciser ici que ceci est une dénonciation et non une réclamation de notre part », ont-ils martelé.
Si les greffiers ont suspendu leur mouvement de grève, c’est en réalité dans le but de faire aboutir les discussions annoncées avec le gouvernement. Malheureusement, ce dernier a préféré les sanctions aux négociations devant permettre de trouver des solutions à cette crise, malgré les relances des greffiers. « Par ailleurs, depuis la suspension de notre grève pour favoriser les discussions annoncées par le gouvernement, nous vous avons indiqué clairement et à moult reprises notre disposition à prendre part à ces discussions afin de voir satisfaire notre plateforme revendicative. Pourtant, vous n’avez jamais montré le moindre signe de volonté d’entamer ces discussions avec nous, ni réagi à nos multiples relances. Vous mettez plutôt tout en œuvre pour ne pas nous recevoir, comme toujours », ont-ils déploré.
Pour mettre de nouveau la pression sur le gouvernement, les greffiers rappellent que leur plateforme revendicative est toujours d’actualité et leur grève est suspendue et non levée. « Une telle situation nous entraine inévitablement vers un nouveau mouvement de grève dans les tous prochains jours, et dont vous serez seul et entièrement à l’origine, comme le précédent », avertissent les greffiers qui rappellent leur attachement à la Justice ainsi que leur détermination à contribuer à son amélioration.
G.A.
Source : Liberté
27Avril.com
Du plus haut sommet de la justice règne l »injuste
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