L’Eglise évangélique presbytérienne du Togo (EEPT) et l’Eglise méthodiste du Togo (EMT) ont rompu le silence suite à la dégradation de la situation sociopolitique du Togo. Les deux églises ont publié vendredi à Lomé une lettre pastorale destinée aux communautés presbytériennes et méthodistes et à la nation togolaise toute entière. La note co-signée par le Modérateur de l’EEPT, Pasteur Sename Mensa Avinou et la présidente de l’EMT, Révérend pasteur Martine Zinsou-Lawson peint sans complaisance la situation togolaise, situe les responsabilités et fait des propositions.
Pour les deux églises, nul ne peut douter que le Togo traverse une crise majeure depuis quelques années. Elles précisent que la vie sociopolitique du pays est caractérisée par une crise sociale animée par une pauvreté prégnante, un front social agité, un taux de chômage inquiétant et un accès difficile aux services de base.
Ce n’est pas fini. L’EEPT et l’EMT dénoncent une manipulation des différences ethniques à des fins politiques. Elles fustigent la corruption qui est devenue une pratique ordinaire et banale et s’insurgent contre l’accaparement des terres par les puissants du pays, ce qui est à l’origine des problèmes fonciers. Les deux entités notent que des régions entières sont devenues des cibles des puissants et des riches qui font main basse sur les terres des paysans.
« C’est dans cette situation de frustrations que se développe une culture d’incivisme, de violence, d’intolérance, d’impatience et surtout de non-respect de nos valeurs traditionnelles d’honnêteté, de travail, de solidarité potentiellement dangereuse pour notre société », indique sur la crise sociale, le document signé par le Modérateur de l’EEPT, Pasteur Sename Mensa Avinou et la présidente de l’EMT, Révérend pasteur Martine Zinsou-Lawson.
Quant au climat politique, les responsables des deux églises notent qu’il est fait de méfiance et de radicalisation. La lettre relate que la classe politique est divisée et est incapable de dialoguer pour sortir des réformes constitutionnelles et institutionnelles.
Sur la question des réformes l’EEPT et l’EMT constatent des tiraillements depuis plus de 10 ans et des interprétations de tout genre qui ne favorisent pas une sortie de crise. Elles déplorent les blocages répétés des projets introduits par le gouvernement et l’opposition.
« On ne peut indéfiniment échapper au processus de réformes car la réforme est essentielle à la vie institutionnelle mais aussi consubstantielle à son adaptation et à son évolution », lit-on dans la lettre qui demande au pouvoir et à l’opposition de dépasser la peur et les intérêts égoïstes.
Les deux églises demandent aux communautés presbytériennes et méthodistes de s’impliquer dans le processus de réconciliation porté par le Haut-commissariat à la réconciliation et au renforcement de l’unité nationale (HCRRUN).
Quant au sentiment de désintérêt et de lassitude qui se développe les deux églises pensent que c’est une bombe à retardement et un moyen de radicalisation des positions, ce qui est dangereux pour l’avenir du pays.
Ladite lettre pastorale est intitulée : « s’engager dans le pèlerinage de la justice et de la paix ».
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