Créé par décret N° 034-2011/PR du 19 mars 2011 et complété par les décrets N° 2011-032/PR et 2011-35/PR, l’Institut National d’Assurance Maladie (INAM) a fait du chemin et s’est révélé au fil des années comme un service indispensable dans le quotidien des bénéficiaires. Elle a pour mission d’assurer la couverture des risques liés à la maladie, aux accidents et maladies non professionnelles et à la maternité des agents publics et de leurs ayant droits. A ce titre, et dans le souci de faire soigner en préservant les revenus des ménages, il organise la filière de soins de santé dans le cadre d’un partenariat qui le lie avec les différents acteurs. Ceux-ci sont au nombre de 4 : l’Etat togolais qui par sa volonté politique, a mis en place le régime, assure son financement par le versement des cotisations en tant qu’Etat employeur et donne les grandes orientations, le ministère de la santé, acteur essentiel qui assure l’offre de soins dans le cadre d’un partenariat bien défini, les ordres professionnels de la santé qui à travers leurs structures assurent également la prise en charge des assurés dans les centres de santé privés et enfin les assurés qui sont au cœur de toutes actions menées par l’ensemble des autres acteurs. Même si beaucoup de bénéficiaires s’accordent à reconnaitre l’utilité de l’INAM dans leur vies, il y a cependant quelques manquements constatés ça et là qui semblent jeter du discrédit sur tout le travail abattu par Myriam Dossou et ses partenaires. il s’agit notamment du traitement, de l’humiliation, de l’accueil glacial que les bénéficiaires subissent dans les pharmacies et autres structures sanitaires…partenaires de l’INAM..
L’accueil d’un patient ou d’un proche d’un patient dans une pharmacie ou dans un hôpital est le premier pas vers sa guérison (pour le patient) ou un soutien moral qui galvanise le proche du patient qui très souvent est en contact permanent avec les pharmaciens ou les médecins et infirmiers. Mais depuis un moment déjà, l’accueil et le traitement que subissent les patients et leurs proches dans les hôpitaux et les pharmacies laissent à désirer. Il participe même à l’aggravation de leur état de santé ou à la nervosité de leurs proches. Et ce traitement serait on ne peut plus humiliant à l’égard des bénéficiaires de l’INAM. Que ce soit dans les pharmacies et hôpitaux, le constat est le même. « Déjà quand on te voit arriver avec tes papiers dans une pharmacie, le regard des agents qui servent dans la pharmacie change, c’est comme tu venais pour quémander quelque chose », lance Jean-Paul, un agent du ministère de l’économie rencontré dans un cafeteria… « Une fois j’étais arrivé dans une pharmacie située dans une banlieue de Lomé pour acheter quelques produits qui pourraient soulager un mal qui me dérangeait depuis des jours. J’ai fait pratiquement 1h de temps sans qu’on ne me serve. A chaque fois que j’interpellais les agents, ils me disent d’attendre. Et pourtant d’autres qui venaient payer au comptant étaient rapidement servis et surtout avec le sourire. J’ai vraiment eu pitié de moi, ce jour. C’est suite à l’intervention musclée d’un autre client qui me voyait gémir que j’ai finalement été servi », raconte Aboubakar, un agent de la direction régionale de l’hydraulique admis à la retraite. « L’INAM présente beaucoup d’avantages pour nous, agents de la fonction publique. Il nous permet de nous soigner sans que notre portefeuille ne le ressente véritablement. Mais notre problème c’est les pharmacies. J’ai même failli gifler une petite fille malapprise dans une pharmacie de la place. En plus, quand tu vas dans les hôpitaux aussi, les agents viennent de façon insolente vous sortir des rangs et vous disent de vous mettre à côté comme si vous avez tué quelqu’un. L’INAM doit revoir tout ça», déclare Mazabalo, un militaire, rencontré à l’entrée d’une pharmacie.
Face à ces comportements et traitements rétrogrades que subissent nombre de bénéficiaires de l’INAM, certains ont simplement décidé d’acheter les médicaments et de se faire soigner normalement. « Moi, depuis deux ans déjà, je ne me présente plus dans les pharmacies ou dans les hôpitaux comme un bénéficiaire INAM. J’y vais comme tout le monde et je paye normalement au comptant. Je refuse d’être marginalisé », se plaint Komlavi, un cadre du Contrôle financier. « Même Madame, quand je lui dit d’emmener les enfants à l’hôpital ou à la pharmacie avec les papiers d’INAM, elle n’aime pas, sous prétexte qu’avec ce statut, elle est reléguée au second plan dans les pharmacies et centre de santé. C’est seulement mes enfants qui bénéficient du service INAM », fait savoir Yendal, un autre agent en poste au cabinet du ministère de l’enseignement primaire et secondaire.
Les pharmaciens et médecins se défendent…
Face à toutes ces accusations dont ils font l’objet, ces partenaires privilégiés de l’INAM que nous avons rencontré dans le cadre de notre enquête, semblent reconnaitre les faits mais, pour leur défense, avancent des arguments qui pointent un doigt accusateur sur l’INAM. «Les bénéficiaires INAM sont « marginalisés » dans les pharmacies et centres de santé parce que, primo, INAM a trop de paperasses qu’il faut remplir. Tu vas remplir même jusqu’à fatigué. Et gare à toi si tu omets quelque chose. Ta facture risque de ne pas être validée pour le payement. Hormis l’assurance GTA C2A qui semble aussi faire comme INAM, les autres assurances sont sur ordonnance libre. INAM a entre temps sembler simplifier les choses mais le problème demeure. C’est tout ceci qui fait que les bénéficiaires INAM trainent dans les pharmacies et centres de santé », lance avec colère un docteur responsable d’une pharmacie de la place dont nous préférons taire le nom. Pour Jules, un autre médecin, patron d’une clinique de la place, c’est avant tout un problème de tarification. « Figure-toi que pour les assurances privées comme Sunu, GTA, NSIA et autres, la consultation d’un médecin généraliste est à 6000frs, celle d’un médecin spécialiste est à 7500frs et ceci sans trop de tracasseries ni de paperasses. Alors qu’avec INAM la consultation d’un médecin généraliste est à 200frs et à 3000 frs pour les médecins spécialistes, ce qui est une insulte pour nous. C’est d’ailleurs pourquoi la plupart des médecins comme moi, disposant des cabinets privés ne consultent plus les bénéficiaires d’INAM. Ceux qui avaient commencé ont rompu aujourd’hui le contrat. A un moment donné l’INAM a même commencé à préfinancer les factures pour ramener collègues mais ça n’a pas marché. Bref tu travailles beaucoup et on te paye peu. C’est tout ça qui peut selon moi expliquer, à tort ou a raison, le traitement des bénéficiaires INAM dans les centres de prises en charge (Pharmacies et centres de santé). Pour un autre pharmacien que nous avons aussi rencontré, c’est aussi le traitement des factures qui ralentit la passion que les pharmaciens devraient avoir dans le traitement des bénéficiaires INAM. « Des fois, quand tu envoies la facture pour être remboursé, ils (ndlr : INAM) te sortent des procès verbaux bidons et refusent de te rembourser. Moi qui vous parle, actuellement j’ai pleins de factures en souffrance avec INAM. Dis moi, par rapport à tout ça comment pourront nous bien traiter ou accueillir les bénéficiaires INAM dans nos structures. Nous préférons nous occuper de ceux qui viennent payer cash. N’oubliez pas que nous avons des charges énormes qui nous attendent. Si les centres de santé publics, avec les subventions qu’ils ont de la part de l’Etat, n’arrivent pas à s’en sortir, ce n’est pas nous qui sommes dans le privé qui seraient à l’abri», se plaint Franck, un autre patron d’une grande pharmacie de la capitale.
L’avis du président de l’ordre des pharmaciens et son invitation
Pour Dr Kpeto Koundé Innocent, président de l’Ordre des Pharmaciens du Togo, ce constat qu’il appelle par « retard dans le service » est une réalité, cependant, ce n’est pas un choix délibéré des pharmaciens marginaliser ou de maltraiter les bénéficiaires de l’INAM. « Nous avons eu au lancement de l’INAM a beaucoup œuvrer pour la mobilisation de nos collègues qui finalement accepté d’adhérer à ce projet. Dans notre déontologie, il ne devrait pas y avoir de discrimination basé sur les conditions dans lesquelles la personne se présente à vous, en tant que pharmacien…Le retard que subissent les employés bénéficiaires de l’INAM dans les pharmacies est dû au temps de traitement nécessaire pour traiter leur dossier de sorte à garantir, derrière, le payement. Il y a des documents à remplir, des précautions à prendre, des vérifications à faire etc… Et tout ceci ne fait que respecter la réglementation en matière de prescription. Tout ce que l’INAM exige sur ces fiches sont en réalité tout ce qui devrait figurer sur une bonne ordonnance. Dr Kpeto Koundé Innocent rappelle cependant à tous ceux qui estiment être souvent lésés dans les pharmacies qu’ils ont le droit de porter plainte à l’ordre. Il a invité tous les pharmaciens à un respect de la déontologie et aussi une organisation interne qui permette la satisfaction du client. Pour finir, il n’a pas manqué aussi de formuler un souhait des vœux à l’égard de l’institut national d’assurance maladie. « A l’endroit de l’INAM, à l’ordre nous sommes conscients du travail qu’ils abattent depuis le début. Ce n’était pas évident mais ils tiennent bon. Nous souhaitons qu’il améliore leurs prestations à l’égard de leurs partenaires que nous sommes pour plus d’efficacité », a conclu le président de l’ordre des pharmaciens du Togo.
Source : Miabé Togo Actu
27Avril.com