«Sans scrupules il a prolongé les 38 années de règne de son père par ses propres 20 ans de pouvoir. Ensuite, il a décidé de nous épargner le suspense des résultats électoraux douteux en supprimant tout bonnement les élections présidentielles grâce à une fameuse « Cinquième République ». Tout ceci sorti tout droit de l’imagination de ses conseillers zélés. …Après plus de 60 ans d’un régime familial, Faure Gnassingbé peine encore à garantir des soins de santé décents à sa population… Face à ce contraste humiliant, les Togolais et tous les Africains épris de justice et de changement devraient se lever avec détermination pour mettre fin à cette humiliation, non seulement pour leur pays, mais pour tout le continent.» (Carlos Kétohou, le 10 décembre 2024)
Tout changement de régime politique, de quelque nature que ce soit, démocratique ou violente, en Afrique ou ailleurs, est toujours l’occasion pour les Togolais, au pays ou dans la diaspora, de se rappeler du drame politique qui est le leur depuis plus d’un demi-siècle. Par exemple, les dernières élections présidentielles réussies au Ghana d’à côté, la bonne santé de la démocratie sénégalaise et surtout la fuite, sans demander son reste, il y a quelques jours, du dictateur syrien Bachar al-Assad de son pays, sont autant d’évènements qui font rêver les Togolais et les Togolaises qui se disent qu’il y a une fin à tout et que leur tour viendra de se libérer. Il est vrai que chaque pays a ses réalités et ses problèmes propres à lui; et les réalités pour les Africains de ce bout de terre appelé Togo sont plus que dramatiques, et ce depuis presque 60 ans. Pendant que dans beaucoup de pays de la sous-région ouest-africaine, comme nous l’avons évoqué plus haut, l’heure est au renouveau démocratique et à la bonne gouvernance au profit des populations, au Togo Faure Gnassingbé et ses collaborateurs refusent de mettre de l’eau dans leur vin et continuent avec leurs méthodes jusqu’au-boutistes pour se maintenir vaille que vaille au pouvoir.
Après avoir mis fin à la très encombrante élection présidentielle pour leur dessein d’un règne à vie, en changeant de façon unilatérale la constitution du Togo, nous projetant dans une hypothétique 5e république, Faure Gnassingbé et son entourage restent dans leur logique de refus de la bonne gouvernance, de la démocratie et de l’alternance au sommet de l’état. Car, malgré le bilan plus que catastrophique de leur gouvernance sur tous les plans, malgré tout ce qui se passe de positivement politique autour de notre pays, rien ne semble arrêter Faure Gnassingbé et ses zélés conseillers dans leur façon de conduire le destin du Togo. Au lieu d’être sensible aux aspirations du peuple, le régime de Lomé, décrié de toutes parts, continue à nous montrer qu’il n’a que son «dieu» Faure Gnassingbé pour régner éternellement aux destinées de notre pays comme si tous les autres Togolais n’existaient pas. Et pour rester fidèle à sa dramatique comédie politique, le régime de fait du Togo vient d’annoncer la date de la nouvelle farce électorale que sont les supposées élections sénatoriales, fixées au dimanche 2 février 2025.
Le regroupement politique de l’opposition «Touche Pas À Ma Constitution» ne veut pas l’entendre de cette oreille et n’y va pas de main morte pour dénoncer dans un communiqué, publié lundi le 9 décembre 2024, cette démarche de l’indignité, synonyme de mépris du peuple togolais, de «l’indifférence aux préoccupations des Togolais », notamment l’aspiration de ce peuple à « des élections présidentielles transparentes et équitables, une gouvernance qui soulage les familles togolaises de la précarité économique, la fin d’un système gangréné par la corruption, l’exercice plein et entier des libertés publiques, individuelles et collectives ». Même son de cloche du côté de la formation politique ANC (Alliance Nationale pour le Changement) dont le président, Monsieur Jean-Pierre Fabre a été, on ne peut plus clair, en expliquant pourquoi son parti politique ne participera pas aux élections sénatoriales du début du mois de février 2025: «En l’absence de garanties de transparence, d’indépendance et d’équité, il est évident que les élections sénatoriales annoncées ne pourront être qu’une nouvelle mascarade électorale…l’ANC appelle à la mise en place de réformes profondes et exhaustives avant toute nouvelle consultation électorale. Ces réformes doivent inclure: Le retour à la constitution de 1992, une révision du cadre électoral en concertation avec toutes les forces vives de la nation, l’établissement d’une commission électorale véritablement indépendante et l’arrêt immédiat des pratiques antidémocratiques qui fragilisent nos institutions ».
Si nous ajoutons à ces réactions négatives venant de l’opposition, vis-à-vis des fameuses sénatoriales annoncées, le refus de la DMK (Dynamique Monseigneur Kpodzro) d’y prendre part, on remarque alors qu’un front de résistance et de refus se dessine au sein d’une opposition togolaise qui devrait enfin réapprendre à parler d’une voix en mettant de côté ses différences, car il n’est jamais trop tard pour mieux faire. Le régime de Faure Gnassingbé sait très bien qu’il est rejeté par le peuple, qu’il est au bout du rouleau et qu’il est pris entre un étau qui se resserre de plus en plus. Dans la sous-région, pour ne pas dire en Afrique, notre pays est devenu un îlot de dictature, de misère, de violations des droits humains, d’impunité…etc dans un environnement qui se libéralise et se démocratise. Mais l’opposition et les Togolais devraient savoir que notre pays n’a pas ce poids diplomatique et stratégique qu’auraient certains pays aux yeux des supposés grands de ce monde. C’est pourquoi, ce n’est pas parce que le dictateur syrien Bachar al-Assad a pris la fuite, ce n’est pas parce que notre voisin de l’est, le Bénin, connaît une gouvernance plus humaine, ce n’est pas parce qu’au Nigeria, au Ghana ou au Sénégal de nouveaux visages se succèdent régulièrement au sommet de leurs états que les choses changeraient au Togo de façon miraculeuse. L’opposition unie, parlant enfin d’une voix et supportée par les populations togolaises, devrait y mettre du sien pour que le Togo connaisse enfin la fin de l’état d’exception dans lequel il végète, par la volonté de la famille Gnassingbé et de ses complices, depuis plus d’un demi-siècle. Alors, pour paraphraser notre ami Carlos Kétohou, la chute de Faure Gnassingbé et de son régime ne serait plus une question de «si» mais de «quand».
Samari Tchadjobo
Allemagne
Source : 27Avril.com