Togo-Leçon de paix au ministre Dussey et au chef traditionnel Quam-Sessou XV d’Aneho

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En ce mois de septembre 2023, deux évènements saugrenus ont agité les médias, la toile et l’opinion. Le premier est une proclamation de Dussey, le ministre des Affaires étrangères de la dictature togolaise et le second est la mise scandaleuse et sournoise d’une fête traditionnelle Guin du clan adjigo sous le patronage de Faure Gnassingbé.

QUEL EST LE PROBLÈME ?

La paix est la cause du scandale. Les sieurs Dussey et Bruce ont prétendu mensongèrement que le Togo est un pays de paix sous le régime Gnassingbé. De quelle paix fictive parlent-ils ?
Lors de la 78e session de l’assemblée générale des Nations Unies du 21 septembre 2023, Dussey a prétendu que le Togo est un “pays de paix depuis son indépendance”; “Le Togo est un pays de paix”; “La paix est dans l’ADN du peuple togolais”… Il s’agit, bien entendu, d’un mensonge grotesque, de la pure propagande.
Quant au chef adjigo d’Aneho, toute honte bue, sur le pamphlet/programme d’invitation de la célébration d’une fête clanique légitime, il a consacré une page entière (page 7) au portrait en pied de Faure Gnassingbé sous l’inscription suivante: “Son excellence Faure Essozimna Gnassingbé Président de la République. Toute notre gratitude pour votre politique de paix et de préservation des us et coutumes.” Et afin que nul n’en ignore, il a pris le soin de mettre en gras politique et paix !

Ce chef et sa cour sont-ils devenus une aile rampante du RPT/UNIR pour oser mettre toute une communauté sous ce patronnage? Il s’agit d’une prostitution politique indécente qui a fait perdre toute légitimité au sieur Bruce et à sa cour. Des Adjigo qui souhaitaient se rendre à cette fête identitaire, ont décidé de la boycotter. J’en ai fait de même. Depuis un certain temps, les rites nationaux du peuple guin sont devenus des causes de division du fait de la politisation organisée par certains individus proches de la dictature. Des bagarres, des caillassages, des doubles prises de la Pierre sacrée et autres actes d’indiscipline d’individus sûrs de leur impunité, constituent le triste tableau du désordre organisé en pays Guin en vue de le diviser. Ohiniko parle des us et coutumes, mais sait-il que le Togo consacre l’un des plus insignifiants budgets à la culture dans notre sous-région ?
La plupart des manifestations religieuses organisées sous le signe du vodu sont autant de sacrilèges commis par des chefficules et des hunon, prêtres vodu indignes, tous supposés être les gardiens des us et coutumes de la communauté. On ne peut que tirer la conclusion que ces trublions éhontés ne croient pas du tout à la sacralité du vodu qu’ils vantent tant. Quelle est la main noire cachée derrière tous ces individus manipulés ? À la question de savoir qui a financé la fête Bakatue, placée sous le patronnage du dictateur, j’ai été incapable de répondre.
Revenons au ministre. Connaît-il l’histoire cahotique du Togo pour avoir osé proférer ses contre-vérités ? Le président qu’il sert, sait-il comment il est parvenu au pouvoir ? Les milliers de blessés et les centaines de morts du coup d’État sanglant et monarchique de 2005, sont-ils un signe de paix ? Qu’il aille revoir les témoignages de la Conférence Nationale Souveraine pour constater que le règne du clan Gnassingbé a été un véritable enfer pour le peuple togolais. Il peut aussi lire les rapports des violations massives des droits de l’homme sous les signatures de la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme, d’Amnesty International et de la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH).

QU’EST-CE DONC QUE LA PAIX ?
Cette définition de la paix, nous l’avions déjà faite à Éyadéma sous la dictature militaro-fasciste du RPT. Aussi, demandons-nous humblement à ces messieurs de bien vouloir prendre note:

  • la paix, ce n’est pas seulement l’absence de guerre comme le croit aussi le chef Ohiniko XV, même quand il écrit ce mot en gras pour nous faire accroire qu’on peut transformer éhontément un mensonge en vérité;
  • il n’y a pas de paix lorsque le peuple et la jeunesse massivement sont au chômage;
  • il n’y a pas de paix lorsque l’opposition dénonce systématiquement des élections frauduleuses et est sauvagement réprimée;
  • il n’y a pas de paix lorsque le pouvoir est illégitime;
  • la paix est incompatible avec une culture de l’impunité (a-t-on jugé et condamné les assassins de Tavio Amorin, du député du CAR, Gaston Aziaduvo Edeh, du directeur de cabinet du président du Haut Conseil de la République, David Bruce, des militants de l’opposition démocratique massacrés au Jardin Fréau ?…
  • la paix est incompatible avec la misère qui pousse de nombreux jeunes à émigrer clandestinement et à finir leur parcours noyés dans la Méditerrannée;
  • la paix n’existe pas sans liberté d’opinion et de presse;
  • quand la Constitution, garante de l’ordre politique et juridique, est piétinée, la paix devient un leurre;
  • la paix exige la reddition de compte des dirigeants aux citoyens;
  • la paix, c’est la garantie pour les partis politiques de l’opposition et les associations de la société civile d’exercer librement leurs activités sur toute l’étendue du territoire;
  • la paix est incompatible avec une kleptocratie;
  • la paix n’est pas du bavardage, c’est un vécu concret.

QUE CONCLURE ?

Il va sans dire que les sieurs Dussey et Bruce sont des manipulateurs et des propagandistes dont la mauvaise foi est évidente. La vérité est têtue, dit-on. Ils doivent savoir que rien de durable ne peut se bâtir sur le sable du mensonge. Il serait décent que le ministre de la dictature présentât ses excuses au peuple togolais pour ce négationnisme historique. Le chef Quam-Dessou XV, successeur des aputaga d’Aneho, qui s’acharne en vain, avec ses complices, dans un négationnisme délirant, à inventer un royaume fictif d’Aneho au sein du royaume historique du Guenyi, doit remettre ici et maintenant sa démission. Il y va de la dignité de la fonction qu’il incarne.
Dussey se dit fatigué des dirigeants occidentaux. Belle hypocrisie ! Qu’il sache que nous aussi, nous sommes fatigués de la dictature cinquantenaire. Trop, c’est trop

!
Il fallait le dire.

Ayayi Togoata APÉDO-AMAH

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Source : icilome.com