Togo : Le troisième «tigre» en gestation ? Exilez-vous, on Vote !

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yark damehame nous prepare un 3e tigre

On ne le dira jamais assez, le Togo est et demeure un pays atypique. A chaque période qui menace la survie de la dictature cinquantenaire, il s’invente des innovations pour le permettre de tenir les vagues de contestations. La manœuvre de ces dernières années est d’entretenir la culture de la peur pour pousser les jeunes à l’exil, de commettre les exactions sur les populations pour obliger ceux qui sont encore au pays à se contenter de ce que la dictature veut leur donner comme « paix », comme faveur en tant que citoyen.

C’est alors que depuis le 19 août 2017, il s’est développé un fichage systématique des jeunes et autres citoyens, surtout quand ils se réclament du PNP. Dans les marches, sur les forums WhatsApp, lors des interventions dans les cérémonies religieuses; toutes les occasions sont bonnes pour voir qui fait quoi. Les actes que posent les citoyens sont surveillés par des agents infiltrés, pour les écouter afin de les identifier comme menace et se débarrasser d’eux le cas échéant. Tout récemment, plus d’une vingtaine de militaires à la retraite ont été enlevés. Gardés en lieu secret, après des séances de torture, comme ils savent bien l’administrer à leurs otages, certains ont fini par la case prison. Ailleurs ont dira même, que, ce sont les plus chanceux qui sont admis en prison, c’est alors à comprendre qu’il y a eu des situations pires que la prison. Il est reproché à certains d’entre eux de tenir des propos contre la dictature dans les prises de parole lors des cérémonies de mariage, lors des baptêmes et autres. Ils ont des sbires pour recenser les indésirables.

Afin d’avoir ces anciens retraités, un jeune civile, avec une démarche percluse comme ses actes, répondant au nom de Nabédé et vivant à Agoè-Zongo a joué le rôle d’espion. Autant il est créé des fiches signalétiques pour les citoyens actifs dans les manifestations de l’opposition au Togo, autant il en est de même pour les Togolais de la diaspora. Après les marches, à partir des vidéos tournées, des photos prises, les sbires savent les reconnaître et s’occuper d’eux.

Dans l’une de nos parutions précédentes en 2019, nous vous avions publié une liste de citoyens de la diaspora dont les noms sont signalés dans les différentes frontières aériennes et terrestres avec le Togo. Ceci, afin que si d’aventure, ces indésirés rentrent au pays, on s’occupe d’eux. La liste des Togolais qui ont été inquiété quand ils sont revenus au Togo est longue, il en a actuellement en détention. Pour les Togolais vivant à l’extérieur, surtout les pays comme l’Allemagne ou la diaspora se mobilise contre le règne de Faure, il n’est pas facile de rentrer au pays. La parution dernière, on vous publiait le cas de Mr Ouro-Kofia Alilou, venu d’Allemagne, il a vu son domicile saccagé, portes et fenêtres en vitre brisées, lui-même arrêté avant d’être relâché sous prétexte qu’on l’avait pris pour un autre Alilou. Tout ceci sans dédommageant, son seul dédommagement est d’être revenu en famille en vie, il aura le temps de se soigner pour la torture subie.

Ils sont nombreux à la diaspora qui doivent réfléchir par deux fois avant de remettre pieds au Togo aussi longtemps que la dictature est en place. Soit parce qu’ils sont actifs lors des marches de la diaspora, soit ils sont organisateurs ou premiers responsables de ceci ou de cela. La plupart d’entre eux viennent se cacher au Ghana pour régler en catimini les problèmes qu’ils ont au Togo. Il vous souvient de l’activiste Omolou Jean Paul, quand il a balancé une vidéo de sa présence au Togo, à la place de l’indépendance, il a été recherché comme une aiguille alors qu’il décollait déjà par le Ghana. Kwasigan Agba, Inoussa Avé, la liste est longue, membre du PNP ou pas, il ne fait pas bon d’être actif contre la dictature dans la diaspora. Les Ali Akondo, les Romaricson Alognon, Ouro-Koura Malick, Dermane Moutakilou. Ce dernier, par exemple, actif dans les mobilisations en Allemagne, il s’est retrouvé en exil après avoir fait des témoignages contradictoires de la version officielle par rapport à l’assassinat de Zéhidine le 13 avril 2019 à Bafilo. Cette ville est l’un des épicentres de la contestation et tous les moyens sont bons pour réprimer. Dans notre dernière analyse nous informions qu’«ily a quelques jours, à Gandè par exemple, une localité à l’extrême Nord-Est de Bafilo dans le canton de Soudou, les militaires y ont commencé par ériger des tentes pour un poste permanent. Juste parce que, dans cette localité estimée rebelle, des jeunes y ont brûlés quelques pneus sur la route. L’un de ces jeunes qui croyaient ainsi exprimer un mécontentement a été poursuivi dans la brousse comme un gibier avec des coups de feu réels. Il n’a eu la vie sauve qu’en traversant la frontière ».

L’affaire Tiger, nous le disions tantôt, est en train d’être utilisé à fond pour pousser tous les jeunes à s’exiler. Chaque tigre qui sort du laboratoire arrive avec une ribambelle d’arrestations et d’exilés. Tout ceci pour faire croire à Faure Gnassingbé qu’on travaille pour lui alors que la tragicomédie du «Tiger», s’elle avait réussi, n’avait pour objectif que de dévorer monsieur la président lui-même. Le Hic est que les Tigres ont aussi des barons et des officiers parmi eux, d’où l’inquiétude et la fébrilité. Il faut alors travailler à convaincre Faure qu’on n’est pas un danger pour lui. Donc après la naissance du premier montage Tiger, « l’épisode N°1 du film n’ayant pas pu convaincre le premier des Togolais, l’épisode N° 2 est projeté sur les écrans. On nous a présenté des individus qu’on dit être des membres de l’affaire Tigre ».

Ce n’est pas tout, de sources informées, il nous revient qu’un troisième tigre s’annonce. Journalistes, êtes-vous prêts pour une conférence de presse ? Décidément, aussi longtemps que durera le procès, un menteur aura toujours des subterfuges pour rebondir à chaque révélation contre lui, il faut bien défendre son territoire. Le mal est qu’« aucun vice n’est beau, mais le plus laid de tous est de mentir» et enfin, « Menteur point de pitié pour vous», ces lignes des fables du cours primaire collent bien à l’actualité. Il est donc évident que de tous les efforts intellectuels auxquels l’être humain peut s’adonner, le plus difficile et laid, est de mentir, le chantier est donc encore ouvert avec l’affaire Tiger. D’ici peu, au nom d’un Tigre qui n’existe que pour les besoins de la cause, on commencera encore à embastiller des citoyens.

Au Togo, « on peut escalader les murs d’un domicile pour tirer un père de famille de son lit, on a vu des cas où le toit en tuile a été percé par des outils militaires pour extirper un transporteur du nom de Tchédré Tadjoudine alias ‘’Nous vaincrons’’. Le samedi 25 Janvier dernier, monsieur Yacoubou Moutawakilou, le SG du PNP section Kpalimé est enlevé à son domicile par toute une horde de corps habillés. Gardé au SRI, il est entre temps porté disparu de là avant que les bourreaux le ramènent au SRI. Dans la foulée, sa maman ayant appris la nouvelle a fait une crise dont elle en est morte au Ghana il ya quelques jours. La dynamique Kpodjro en a profité pour faire une récupération politique avec la présence de Kpodjro aux funérailles. N’ayant pas pu mettre la main sur Tikpi dans la maison de Moutawakilou, ils verront s’il est possible de coudre un chemise ‘’Tiger’’ pour l’habiller ».

  • Le nommé Aboubakar Tchatikpi dit Janvion, est enlevé à son domicile à Agoè le lendemain 26 janvier.
  • Akimou Abdoul-Wahid, un responsable du PNP section Nigéria en visite dans la préfecture de Blitta est arrêté le mercredi 15 janvier 2020 dans son village natal à Agbandi Tchallo et toujours détenu.
  • Amah Daouda, arrêté le Samedi 1er Février à Agoè-Demakpoè à son domicile vient au moins d’être libéré.
  • Ouro-Tagba Rabiou est arrêté à Dapaong le 30 janvier et déféré à Lomé.
  • Abevi Abdou-Razak, machiniste au 3e quai au port de Lomé est arrêté lui aussi le 5 décembre.
  • Tchabana Mounirou, employé au garage central également arrêté le 3 janvier 2020.

On a une petite idée de ceux qu’on arrête, mais la liste de ceux qui sont obligés d’élire domicile dans les pays voisins est longue et méconnue. La chasse à l’homme est systématisée afin que la dictature ait le calme pour les élections. Le film Tiger est la dernière sortie de Hollywood qui permet d’embastiller sans que personne ne bronche. Ceci nous rappelle un petit frère d’un officier Tem. Le petit frère vient voir l’officier pour demander conseil car il est recherché dans l’affaire Tiger alors qu’il estime n’en être pas mêlé. L’officier de répondre : « ce que tu peux, c’est de quitter le pays, moi je ne peux rien ». Oui, il ne peut vraiment rien, et tous autant qu’ils sont nos officiers Tem, ils rendent service à une dictature à laquelle personne ne peut demander une petite faveur pour protéger ni la famille ni la communauté. Et c’est à juste titre que dans nos écrits nous les appelons tous les esclaves de la monarchie.

On a vu des officiers assister impuissants à des séances de bastonnades dans leur quartier à Sokodé. C’est l’habitude de la maison. Avec le RPT-UNIR, quand un membre de la famille politique commet une gaffe, la famille biologique se retrouve pour le renier afin de calmer la dictature qui est offensée. Il vous souvient, au temps fort de la crise, c’est un officier de Kparatao, chef d’une garnison de son état, qui était le premier à suggérer la dissolution du PNP lors d’une réunion à l’hôtel central. Donc l’affaire Tiger, tout le monde a peur, c’est sensible, dit-on. Les metteurs en scène du Hollywood togolais ont compris. A moins qu’il ait eu une fausse couche, ils sont donc en grossesse pour accoucher d’un troisième tigre. Ils estiment que, même si la ‘’tigritude’’ des tigres qui se succèdent ne convainc pas Faure Gnassingbé, à partir du moment où ça permet de fragiliser la contestation, peut-être il fera d’une mauvaise fortune bon cœur. Togolais, restez à l’écoute pour l’arrivée d’un félin pas comme les autres.

Abi Alfa

Rendez-vous No.346 du 13 février 2020

Source : 27Avril.com