Le Togo demeurera-t-il la curiosité au sein de l’espace CEDEAO ? La
communauté internationale s’est-elle définitivement détournée de ce pays
? Que réserve 2020 ? Serait-ce avec ou sans la candidature de Faure
Gnassingbé ? Répondre avec certitude à autant de questions signifierait
qu’on est dans le secret des dieux. Toutefois, quelques indices peuvent
aider à alimenter les débats. Discours du Président de la métropole en
août dernier, tractations non abouties avec Yves le Drian, création d’un
poste d’adjoint dela direction de cabinet de la présidence et d’autres
encore.
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C’est passé presque inaperçu dans les médias au Togo. Et pourtant,
notre pays a été cité, ce qui est loin d’être le fait du hasard.
27 août 2019. Dans son adresse aux ambassadeurs français accrédités
dans le monde, une cérémonie rituelle organisée chaque année, Emmanuel
Macron, dans la 3ème des 5 priorités, consacrée à la Méditerranée et à
l’Afrique, a fait un clin d’œil au Togo. « Certains ont pu parfois me
reprocher des silences, mais ces silences n’ont jamais valu inaction.
Ils se sont construits dans des stratégies méticuleuses d’alliances avec
d’autres dirigeants africains pour que les choses soient faites. Et je
crois qu’en RDC cette stratégie a été payante, je ne sais pas si elle a
permis d’avoir tout ce qui était souhaité sur le plan démocratique. Et
sur beaucoup d’autres sujets de tension, comme le Togo un moment et
comme d’autres qui viendront, c’est cette stratégie qui, je pense, est
le fil conducteur qui doit nous inspirer. Mais je pense que plus
largement, ce que nous voulons, c’est ne plus avoir une relation avec
l’Afrique qui repose sur un sentiment ou parfois des réalités
d’asymétrie. Et donc c’est concevoir nos stratégies avec nos partenaires
africains et c’est de réinvestir ces stratégies avec eux et pour eux ».
Suffisant pour dresser des pistes.
En RDC, il est reconnu que ce n’est pas le vrai vainqueur de la
présidentielle qui a été porté à la tête du pays. Mais plutôt le
candidat le plus conciliant envers Joseph Kabila. Martin Fayulu aura
beau ronger son frein, le Président sortant a réussi à imposer sa
préférence à la France. S’acheminerait-on vers le même scénario au Togo ?
Bien malin qui pourra l’affirmer.
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Au Togo, il est vrai que l’accalmie a été imposée via les
interdictions aussi bizarres qu’inconstitutionnelles des manifestations
politiques. Sur le plan des candidatures, bien que l’unicité d’action
pour dégager un candidat soit la porte que proposent des esprits dénués
de calculs politiciens, des appels pour défendre la pluralité des
candidatures se font grandissantes, sans les argumentaires nécessaires
pour les soutenir. Doit-on comprendre que le film congolais fasse son
remake au Togo, surtout avec les dernières informations anonymement
sourcées ?
D’abord la croisade « Dussey » improductive. Le ministre des Affaires
Etrangères avait pris son bâton de pèlerin pour faire la cour à
l’Elysée via Yves le Drian, son alter ego français. Dans l’espoir de
voir Faure Gnassingbé fouler le tapis rouge de l’Elysée. Des journaux
dont Jeuneafrique en étaient presque certains. Mais à quoi a-t-on
assisté ? Le Président Sassou Nguesso était à Paris le 2 septembre et
était reçu le lendemain. Officiellement, il était question de climat, de
d’économie, de politique interne du Congo et de la Libye. Or, jusqu’au 2
septembre, « côté français, ce rendez-vous ne figure pas à l’agenda du
président Macron. L’Elysée n’a pas souhaité confirmer la venue de Denis
Sassou Nguesso », renseigne Rfi. Et juste au retour de Sassou au pays,
celui-ci envoie un émissaire à Faure Gnassingbé le 4 septembre pour
l’inviter au Congo. Et 48 heures plus tard, soit le 6, Faure a répondu à
l’invitation. Trop juste, trop brusque pour une visite d’amitié. Dans
quelle autre rubrique ranger cette subite invitation si ce n’est pour
délivrer un message de Macron à Faure Gnassingbé ?
Autre indice, à ce jour, malgré les agitations des membres de son
parti, l’« homme simple » n’a toujours pas officialisé sa candidature,
bien que le verrou constitutionnel ait été forcé par une assemblée «
unircolore ». Et ce n’est pas tout ; sans que rien ne laisse présager ce
geste, Faure Gnassingbé fait créer un poste d’Adjoint à la direction de
son cabinet. Pendant ce temps, on voit apparaître de moins en moins sa
directrice de cabinet actuelle. Celle-ci ne crève plus les écrans et
n’inaugure plus n’importe quoi. Serait-on en train de ripoliner son
image pour une suite ?
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Les locales et l’élection des maires actuellement en cours révèlent
des rapprochements de couloir entre des camps. Si l’idée est de mettre
l’intérêt du pays au-devant de tout, on ne peut qu’applaudir. Si
l’objectif est de faire baisser la tension, c’est de bon augure. Et si
par-dessus tout, ce peut être un signe qui peut rassurer de part et
d’autre et constituer des gestes de bonne volonté, pourquoi pas ?
Aujourd’hui, la RDC a tourné la page de la présidence du père et du
fils. Et si le Président français estime qu’« en RDC cette stratégie a
été payante, je ne sais pas si elle a permis d’avoir tout ce qui était
souhaité sur le plan démocratique. Et sur beaucoup d’autres sujets de
tension, comme le Togo un moment et comme d’autres qui viendront, c’est
cette stratégie qui, je pense, est le fil conducteur qui doit nous
inspirer », il n’est pas impossible que d’ici-là, on assiste à des
surprises. Une annonce de renoncement à candidater pour un mandat
supplémentaire pourrait faire voler en éclat l’unicité de l’opposition
et révéler de vrais visages et de réels appétits, lesquels pourraient
être déçus, si on s’en tient au scénario à la congolaise…
Godson K.
Source : Liberté N°3004 du Lundi 16 Septembre 2019
Source : Togoweb.net