« Le prince ne doit pas craindre de n’avoir pas une population nombreuse, mais de ne pas avoir une juste répartition des biens » (Nicolas Machiavel)
« Personne ne choisirait de posséder tous les biens de ce monde pour en jouir tout seul, car l’homme est un être politique et naturellement fait pour vivre en société », disait Saint Thomas d’Aquin dans Ethique à Nicomaque IX. Au Togo, malheureusement, ceux qui nous ont pris en otage depuis 60 ans, ne conçoivent pas la vie en société, en cité, en République. Sous leur gouvernance, notre pays a perdu depuis des lustres, le sens des valeurs qui fondent la République, le vivre ensemble.
Ce n’est pas fortuit quand, au temps du père, on avait institué de deux types de citoyens : les « Togolais entièrement à part » et les « Togolais à part entière ». La première catégorie, les « Togolais entièrement à part » est constituée de la grande masse qui porte en bandoulière la pauvreté et la pauvreté au quotidien, obligée de trimer pour survivre.
La seconde est formée de la minorité qui a mis en coupes réglées les pans entiers de l’économie nationale dont parlait le grand chef. C’est la classe de ceux qui disposent de façon abusive et illimitée des ressources et richesses qui devraient revenir à l’ensemble des citoyens. Ils se réveillent tard et amassent tout, avant la tombée de la nuit et même là où ils n’ont pas semé. C’est une clepto-oligarchie institutionnalisée qui est davantage riche au détriment de la grande majorité qui devient davantage pauvre.
Ceux qui nous régentent depuis des décennies, qui se disent fervents chrétiens et qui écument le Saint-Siège ou les chapelles en occident, sont censés savoir que dans les hiérarchies de lumière, ceux qui exercent l’autorité, sont ceux qui ont la plus grande capacité de servir les autres sans en tirer avantage. Plus grande est leur responsabilité et plus petite est la rétribution.
C’est tout le contraire qui appliqué dans notre monde inversé. On peut retrouver le régime togolais actuel, la plus vieille dictature dynastique, dans les récits bibliques. Il est à l’image exacte de la formidable anarchie structurée et despotique de l’ancienne Babel, avec ses rois de la dynastie biblique de Caïn-Hénoch qui se faisaient plébisciter comme les rois gothiques, afin de canaliser toutes les ressources vers la minorité qui détenait le pouvoir.
Tout pour eux et rien pour les autres. Exactement comme au Togo et dans la plupart des pays africains surtout francophones. Ceux qui possèdent tout, pouvoir, argent, etc. exigent, mais par contre, tout est refusé à ceux qui n’ont rien. De fait, la justice sociale n’existe pas.
Au Togo, les gouvernants sont « élus » -du moins ils se sont imposés à nous- pour servir, œuvrer à notre bonheur, créer de la prospérité pour nous. Mais chez nous, les hommes et les femmes qui gravitent autour du pouvoir, après avoir tout accaparé, ont transformé le pays en une grosse ONG pour faire dans l’assistanat. Il est constant de voir que le nom du Grand Chef qui incarne la plus haute institution de la République associé à ces opérations inopportunes. Exploitant la misère et la détresse des populations affamées et appauvries par des décennies de gabegie, les cadres de son parti n’hésitent pas à sillonner le Togo profond à grands renforts de publicité pour faire des dons, jeter quelques miettes aux populations au nom de Faure Gnassingbé.
Il y a quelques semaines, le Mouvement des Sages UNIR, instruit par ses soins, avait effectué pendant plusieurs jours, des tournées dans les préfectures et communes de Lomé pour distribuer des vivres aux personnes âgées et aux handicapés, ce que le parti avait appelé des « gestes de poigne » de la part du chef de l’Etat. La mission de Faure Gnassingbé est d’œuvrer pour que tous les Togolais puissent vivre bien et qu’ils soient heureux, mais pas pour leur apporter de l’aide. Il est président de la République et non président d’une ONG.
Médard Amétépé
Source : Liberté Togo
Source : 27Avril.com