La justice au Togo est aussi pourrie que le système qui régente le pays depuis plus de 50 ans. Les milliards injectés par les partenaires pour faire sa toilette ont pris une destination inconnue. A part quelques bâtiments mal construits, le système judiciaire continue d’être nuisible voire nocif pour les citoyens.
Le 7 février dernier, le journaliste reporter de L’Alternative, Robert Avotor, a été arrêté et soumis à des traitements inhumains et dégradants par les gendarmes alors qu’il était sur un lieu de reportage à Akato-Viépé. L’affaire extrêmement grave à suscité l’indignation des organisations des droits de l’Homme, des organisations de presse, bref de l’ensemble du monde médiatique. Un tel acte barbare ne pouvant rester sans suite, il s’est tourné vers la justice pour porter plainte contre ses agresseurs.
Depuis le 8 février jusqu’au 19 février, date d’une nouvelle agression sur sa personne, le Secrétariat du Procureur de la République n’a pas jugé nécessaire d’enregistrer sa plainte. Face au tollé suscité par cette attitude de la justice et vu la tournure dramatique des faits, le Procureur de la République, pour se dédouaner, a cru bon devoir publier un communiqué truffé de mensonges et menaçant diffusé sur la TVT au JT de 20 h. Cette soi-disant mise au point à l’allure de menace se décline comme suit :
« Depuis quelques jours, suite à une agression dont aurait été victime le nommé Robert Kossi Avotor, journaliste au bihebdomadaire L’Alternative, une partie des médias privés, pour des raisons inavouées, se livre à la désinformation relativement au traitement réservé par le Procureur de la République à la plainte déposée par ce dernier. Il a été, en effet, rapporté que le Procureur de la République a refusé de recevoir la plainte du journaliste et chassé celui-ci de son bureau. Ces manœuvres qui visent à distraire l’opinion nationale et internationale et jeter un discrédit sur l’institution judiciaire appellent à la mise au point suivante :
Le nommé Robert Kossi Avotor s’est présenté au 4è Substitut du Procureur, le 08 février 2017 à qui il a déclaré porter plainte contre les éléments de la Gendarmerie pour les faits de voie de fait portés sur sa personne. Ce magistrat lui a indiqué de saisir le Parquet par une plainte écrite. Dans la même journée, le plaignant est revenu avec la plainte manuscrite sur laquelle ne figuraient pas des contacts téléphoniques. Le substitut lui recommande de compléter les informations manquantes et de la déposer ensuite au Secrétariat général du Parquet pour centraliser toutes les plaintes. Ce n’est que le 10 février 2017 que cette plainte, cette fois-ci tapuscrite, a été déposée et enregistrée sous le numéro 01178. Il résulte que contrairement aux différents propos partagés sur les réseaux sociaux et publications de la presse, le Parquet a bien reçu la plainte du sieur Robert Kossi Avotor et n’a jamais chassé celui –ci qui, du reste, ne s’est personnellement présenté ni devant le Procureur de la République, encore moins traité directement avec ce dernier. Dans la journée du 20 février 2017, donnant suite aux différentes plaintes enregistrées durant la semaine du 10 au 17 février et au regard de la nature des plaintes rapportées, le Procureur de la République a ouvert une enquête aux fins de vérifications des allégations du dénommé Robert Kossi Avotor. Le résultat de l’enquête est attendu. Dans l’attente de ce résultat, le Procureur de la République appelle les uns et les autres au bon sens et à la retenue et rappelle que, conformément aux dispositions de l’article 497 du nouveau code pénal, les auteurs de fausses nouvelles de nature à troubler l’ordre public et la paix sociale pourraient faire l’objet de poursuites judiciaires ».
Les institutions de la république ne sont qu’à l’image de ceux qui les animent. Et ceux qui animent des institutions au Togo sont loin d’être des hommes irréprochables. Voilà un Procureur de la République pris en flagrant délit de mensonge qui pire tente de brandir le fameux article 497 pour menacer ceux qui dénoncent les travers de la justice togolaise. On aurait pu faire l’économie de cet article si ce monsieur n’a pas travesti les faits dans son communiqué pour faire croire à l’opinion que la justice a fait son travail. Elle s’est peut-être exécutée après la tournure dramatique des événements et la levée de boucliers des ONG; mais avant non. Voici la chronologie des faits précis qui se sont passés à a justice depuis le 8 février. Chacun pourra faire la comparaison avec le communiqué du Procureur de la République et déceler facilement le mensonge comme un nez au visage.
Le 8 février 2017, j’étais allé auprès du 4è Substitut du Procureur pour porter plainte contre le sieur Hlonmadon qui m’a bastonné et torturé sur un lieu de reportage. Le Substitut me dit de rédiger la plainte manuscrite et de lui amener. Dix minutes plus tard je reviens vers lui avec la plainte. J’ai oublié de mettre le numéro de téléphone, et c’est là qu’il m’a recommandé de compléter le contact et de l’amener au Secrétariat du Parquet à l’étage. Là, on me dit qu’il serait mieux de saisir la plainte. Il sonnait 11h. Je leur ai dit que je reviens l’après-midi. Je suis donc revenu l’après-midi vers 15 h, toujours dans la journée du 8 février. Ils ont enregistré la plainte et m’ont dirigé vers un monsieur pour le dépôt. Le monsieur a lu la plainte et m’a dit que ce dossier est sensible et qu’il faut que je voie le Procureur en personne. Il m’a donné alors rendez-vous le 10 février. J’arrive le 10 février, le secrétaire me fait savoir que ma plainte n’a pas été déchargée pour qu’on situe sur le Substitut à qui je dois m’adresser. Il me dit alors de revenir le 15 février. Je profite pour déposer une seconde plainte, cette fois-ci contre la gendarmerie de Sagbado et le sieur Hlonmadon. J’arrive le mercredi 15 février et le secrétaire me dit qu’il est désolé, de revenir le vendredi 17 février. Le vendredi 17 février, je me présente encore devant lui et il me fait savoir qu’on n’a toujours pas déchargé ma plainte. Il a pris mon contact et a promis de me rappeler dès que ce sera fait. C’est en sortant du secrétariat qu’un des agents m’a soufflé à l’oreille, comme quoi, les juges ont peur de ce dossier et qu’on cherche à me tourner en rond pour que j’abandonne la plainte ». Voilà dans les moindres détails les tribulations du journaliste dans les locaux de Secrétariat du Procureur. Les faits sont précis et concis.
Le journaliste s’est rendu au Secrétariat du Procureur au moins 5 fois pour écouter chaque fois la même chanson. Mais le Procureur fait croire à l’opinion dans son communiqué qu’il n’est venu que deux fois. Plus grave, il pousse le bouchon du mensonge très loin en affirmant que la plainte avait été déchargée le 10 février avec un numéro. Et pourtant le 17 février, la victime était encore dans les murs du parquet où elle s’entendait dire que sa plainte n’était toujours pas déchargée. On comprend alors que si décharge il y a eu, avec un numéro à l’appui, cela n’a été fait que de manière antidatée et ce, après la seconde agression du journaliste, agression qui a suscité une indignation générale. Voilà comment la justice togolaise est championne dans l’art du mensonge, dans le faux et usage du faux. Une autre preuve, non moins importante, est la rencontre que le Procureur de la République a eu avec deux journalistes dans ses bureaux le jeudi 16 février à 11 heures. Deux confrères, l’un de la presse étrangère et l’autre locale, se sont rendus dans les bureaux du Procureur pour en savoir plus sur la plainte. Devant ces deux confrères, le Procureur a déclaré qu’il venait à peine de prendre connaissance de la plainte et d’ajouter que celle-ci n’était même pas accompagnée de certificat médical. Comment peut-on tourner en bourrique un citoyen déjà traumatisé par une agression et qui se tourne vers la Justice pour retrouver une assurance?
Si l’opinion, les réseaux sociaux et la presse n’avaient pas dénoncé ce refus de la justice d’enrôler cette plainte, surtout après la seconde agression, le Procureur de la République n’allait pas bouger son c… Il est toujours resté muet devant d’autres cas de crimes et de violences impliquant les forces de l’ordre. Alors qu’il cesse d’agiter article 497 du Code pénal, surtout que c’est lui-même qui verse dans le mensonge. On voit la célérité avec laquelle il opère quand il s’agit des dossiers obscurs montés de toutes pièces pour écarter des hommes politiques de la scène. Il en est de même des affaires des litiges fonciers où lui et des juges précipitent les dossiers à la vitesse de la lumière.
Robert Kossi Avotor est journaliste, c’est la raison pour laquelle son cas fait l’objet de toutes les attentions. On imagine ces Togolais ordinaires qui sont quotidiennement victimes des dérives et voies de fait des forces de l’ordre mais se voient fermer les portes de la justice.
Vivement que notre foi de chrétien, surtout pentecôtiste nous rappelle tous les jours les obligations de la justice, particulièrement pour les faibles lorsque nous sommes investis du rôle de garant des libertés individuelles et des intérêts généraux de la société.
La désinformation visant à distraire l’opinion nationale et internationale pour des raisons inavouées est un péché devant Dieu. La foi chrétienne, lorsqu’on s’en réclame, ce sont des actes et non des paroles ou des photos dans les bureaux. Le prédécesseur de Essolisam Poyodi n’était pas moins chrétien. Il fréquentait le temple des Assemblée de Dieu de Djidjolé. Cela ne l’a pas empêché de faire son cinéma sur fond de montages et mensonges dans le dossier Kpatcha Gnassingbé. On sait là où il est aujourd’hui.
Source : L’Alternative
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