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Togo : le pillage serait-il un péché mineur ?

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« Lorsqu’il s’agit de conserver le pouvoir et ses privilèges, l’imagination des gens en place manque rarement de ressources » (François Mitterrand)

Le long règne de Faure Gnassingbé est marqué par un cortège de vilénies. Les détournements de deniers publics, les malversations financières, la corruption constituent les plaies caractéristiques de son régime. Les premières années de Faure Gnassingbé furent apocalyptiques en matière de crimes économiques. Au cours des mêmes années, Togo fut le plus affecté par les flux financiers illicites dans le monde, atteignant une valeur représentant 76,3 % de son PIB, 2435,9 % de son budget en matière d’éducation et 1088,7 % de son budget de santé.

La petite oligarchie s’était lancée dans la course aux détournements avec une telle frénésie, qu’en 2012, le fils du père a été obligé de confesser les péchés du petit groupe qui gravite autour du noyau central du pouvoir : une minorité a fait mains basses sur tous les biens et richesses du pays qui devraient revenir à l’ensemble des Togolais. « Lorsque le plus petit nombre accapare les ressources au détriment du plus grand nombre, alors s’instaure un déséquilibre nuisible qui menace jusqu’en ses tréfonds la démocratie et le progrès », avait-il donné l’impression de déplorer.

Mais le constat s’est seulement limité au diagnostic. Rien absolument n’a été fait pour décourager ceux qui se livrent à des actions illicites avec mépris et prennent des libertés avec les deniers publics. Au contraire, il a semblé plutôt leur donner un blanc-seing. Obsédés par le lucre, ils continuent à ce jour à écornifler l’argent du contribuable. Sous l’entrelacs des nombreux cas de corruption, percent le pétrolegate et le Covidgate, immenses scandales de détournement de derniers publics. Les prévaricateurs ne sont nullement inquiétés. Au contraire, ils sont protégés et exonérés du devoir élémentaire de reddition de compte. La vie continue.

Ils peuvent voler, piller le pays, mais lorgner le fauteuil présidentiel est un suprême affront qui confine au crime de lèse-majesté. Oui, le pouvoir d’Etat est considéré comme un legs familial éternel. « Mon père m’a dit de ne jamais laisser le pouvoir nous échapper », confiera Faure Gnassingbé à ses partisans à la suite de la parenthèse de sang de 2005. Depuis, il multiplie les mandats présidentiels à n’en plus finir.

Toute forme d’ambition émanant de l’entourage est immédiatement réduite à néant. Les sécurocrates et autres ambitieux sont poussés vers la prison. Nombreux sont les barons du régime qui en ont fait la douloureuse expérience. Soupçonné de nourrir des ambitions présidentielles, l’ancien ministre grand format et faiseur de roi, s’était fait coller une scabreuse affaire d’escroquerie, puis embastiller. Aujourd’hui, cet ancien homme fort de l’exécutif, dont l’ascension dans les cercles de pouvoir était de plus en plus mal vue, est en rupture de ban avec le régime.

Bien avant, c’est le demi-frère Kpatcha qui avait été neutralisé. Malade et coupé de ses ressources, il purge depuis 2009 une peine de réclusion criminelle dans une autre ténébreuse affaire de tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Ne représentant plus aucune menace, l’autre frère peut prolonger en toute quiétude la jouissance du pouvoir.

Le Général, homme de « PAIY », considéré comme la figure militaire la plus influente du régime, vient de passer aussi à la trappe. Coincé entre quatre murs depuis plusieurs semaines, on lui prête toutes sortes de faits et de méfaits. Auparavant, un autre sécurocrate s’est fait carrément zigouiller. On susurre que celui-ci aurait refusé d’exécuter de bases besognes en lien avec la « frauduleuse » de 2020.

Au Togo de Faure Gnassingbé, pour éviter des ennuis et avoir longue vie, il faut manger et rentrer dans les rangs.

Avec Liberté

Source : Togoweb.net