A raison, la convention universelle des droits de l’homme inscrit le logement décent parmi les droits fondamentaux de l’être humain. La cause en est simple, si les oiseaux ont un abri naturel dans les arbres et dans la nature, certains animaux sous l’eau ou dans des tanières qu’ils se font pour s’y abriter, l’intelligence et les aptitudes de l’être humain le poussent à aller naturellement au-delà de l’offre de la nature pour se créer un cadre de vie plus convenable et plus adapté à son goût.
L’impératif d’un logement décent pour l’être humain obéit donc à un besoin de respect de cette intelligence unique dont il dispose et qui, en toute logique, le démarque des autres espèces dont l’instinct permet tout de même certaines créations.
Il est par conséquent logique de percevoir la construction d’un abri convenable comme la manifestation tangible du génie humain qui donne un sens à son existence et rend compte de son action déterminante sur son environnement.
Malheureusement, de nos jours, il ne suffit plus à l’être humain de disposer d’intelligence, de pertinence dans l’action ou d’atouts indéniables pour être en mesure de posséder un logement. Il se trouve en effet que, des pesanteurs sociales, des goulots d’étranglement ainsi que d’autres paramètres, liés à l’organisation sociale elle-même et aux modèles économiques en vigueur dans le monde, jouent pour beaucoup dans l’accès ou non de l’homme à un cadre de vie qui sied à son goût.
La question de l’opportunité qui permet à chaque individu de télécharger sa personnalité et de gagner en retour les moyens lui permettant de se garantir un logement digne de ce nom, se pose avec une acuité manifeste. Ainsi des individus s’agglutinent dans des taudis dans nos villes, ou des agglomérations sans sanitaires ou avec des sanitaires communes à des dizaines de personnes.
Un militaire, un enseignant, un infirmier, en tout cas un agent moyen de l’administration publique ou privée, peut facilement se retrouver dans une chambre-salon avec une demi-douzaine de personnes non pas parce qu’il manquerait d’intelligence ou d’atouts pour se construire un domicile convenable, mais sans doute parce que l’organisation sociale ne lui a pas donné l’opportunité de se faire valoir autrement, de sorte à engranger des ressources adéquates pour une telle fin.
Ainsi donc, il arrive que des citoyens compétents et efficaces qui contribuent à un niveau très élevé dans la vie de la nation, gagnent malheureusement peu de ressources qui les contraints, par nécessité, à vivre quasiment étouffés dans des cadres exigus et peu recommandables pour une âme humaine.
Dans de telles conditions où l’on observe des déséquilibres et des disparités dans la répartition des richesses, l’écrasante majorité des citoyens produisent un rendement largement en deçà de leur meilleure version, à cause des frustrations et des limitations de leur cadre de vie qui se doit en principe d’être décent.
Ainsi tout dirigeant visionnaire qui souhaite profiter d’un rendement optimal de son peuple et de construire son pays sans perdre du temps ni de l’énergie en vain, se doit de faire du logement décent un principe indiscutable pour chaque citoyen.
Initier une politique de logements sociaux ne serait-ce que pour des citoyens à revenu intermédiaire, devient donc un acte d’intelligence qui révèle le caractère non seulement humain du dirigeant, mais encore visionnaire de ce dernier, car par-là, il évite à ceux-ci, le spectre d’une vie au ralenti et l’angoisse de la quête désespérée d’un logement, sous les conditions souvent très difficiles et très compliquées.
Une petite enquête sur le terrain dans notre sous-région permet de réaliser que presque tous les pays ont compris la nécessité absolue de garantir un toit convenable à leurs citoyens. Même si l’ambition ainsi nourrie aussi bien à Dakar, à Abidjan, à Bamako en passant par Ouagadougou, Lagos ou Accra… n’est pas encore entièrement accomplie, il demeure que sa mise en œuvre est en cours et conforte opportunément, les conditions de vie de beaucoup de ménages, notamment des citoyens à revenus moyens, mais constants.
Il se trouve malheureusement que dans notre pays le Togo, nous sommes encore à l’étape des vues de l’esprit, des projets et des prévisions avec juste quelques frémissements sur le terrain, alors que notre régime est le plus ancien et donc le plus affûté à maîtriser les divers problèmes que rencontre une société organisée.
Même si l’on peut aisément comprendre que l’Etat vit sous le diktat des permanentes urgences qui limitent sa marge d’action et ses capacités d’initiatives sollicitant beaucoup de ressources, il importe impérativement, pour les gouvernants, d’accorder un point d’intérêt particulier à cette question d’abri idoine au profit des citoyens, en l’occurrence à ceux de la capitale Lomé dont les peines sont encore plus accentuées surtout en saison de pluie où les ruelles dont dispose la ville sont dans un état particulièrement piteux, alors que les fonctionnaires, pour l’essentiel, sont bien contraints de les parcourir sur des dizaines de kilomètres avant de rejoindre leur lieu de service et vice-versa.
L’important pour l’Etat n’est forcément pas de disposer de moyens adéquats pour engager la construction de ces cadres de vie pour ses citoyens, mais surtout d’en prendre l’initiative et de créer les conditions juridiques avec des facilités pouvant inciter les opérateurs privés à en faire une opportunité d’affaires en même temps qu’ils résolvent cet épineux problème de logement dans notre capitale.
De même que cela fut le cas dans diverses capitales comme Dakar avec la Cité des fonctionnaires dénommée « Cité de Daimgniadio », où l’Etat s’est disposé à accompagner le projet avec les services concédés et la voirie, il est possible qu’au Togo de tels projets soient réalisés dans le grand intérêt à la fois du pays que du peuple.
Car il devient de plus en plus urgent, au regard de toutes les difficultés qui se compilent et s’amplifient en matière de logement dans notre capitale, d’encourager par une politique avertie, l’émergence des bonnes volontés, capables d’investir conséquemment dans la construction des logements pour les citoyens dont le revenu permet, sur un terme donné, le remboursement.
Cela aura l’avantage d’une part, d’offrir à des nouveaux quartiers de la ville, un aspect esthétiquement agréable et de l’autre, de soulager les citoyens du lourd poids des prêts bancaires pour la quête des lopins de terre pour la construction parfois anarchique des maisons souvent précaires et très éloignées du centre-ville où s’agglutinent la plupart des services publics et privés..
L’heure, nous semble-t-il, a sonné pour un renouveau dans ce domaine de logement ne serait-ce que pour ces seuls agents de l’administration publique et privées de notre pays, en attendant que l’Etat ne parvienne à mobiliser des moyens adéquats qui permettront de réaliser des logements dans une proportion plus élargie au profit de tous les citoyens.
Luc ABAKI
Source : icilome.com