Samedi prochain, les quelques 3.600.000 électeurs togolais se rendront aux urnes pour le choix du prochain Président de la République. À la veille de la clôture de la compagne électorale, prévue pour demain jeudi, plusieurs faits et gestes témoignent, de tous points de vue, d’un processus électoral en pointillés…
Campagne électorale sur fond de concurrence déloyale
La campagne s’achève demain jeudi, conformément au code électoral qui stipule en son article 68 que la campagne électorale est déclarée ouverte quinze (15) jours francs avant la date du scrutin, pour s’achever vingt-quatre (24) heures avant le jour du scrutin. Toutefois, force est de constater que la loi portant financement de partis politiques et des campagnes électorales est cruellement en souffrance. Et pour cause, les 42 millions de FCFA au titre de l’accompagnement de l’État pour les sept candidats ne sont toujours pas débloqués, à quelques heures de la fermeture de la campagne. Entraînant, de fait, un jeu déséquilibré entre les sept challengers, avec un large avantage au Parti au pouvoir qui sort la lourde artillerie, avec en toile de fonds, les moyens et autres attributs de l’Etat mis à disposition.
Prises pour insinuations au départ, la rumeur s’est confirmée finalement. Au fil des jours, le pouvoir de Lomé confirme ses intentions cachées, celles de mener une concurrence déloyale aux adversaires politiques dans la course pour le 22 Février prochain. Ceci, par une série de violation systématique du code électoral qui, pourtant, trace le canevas d’un processus transparent et équitable. Ainsi, outre une constitution taillée sur mesure et des institutions aux ordres, comme la Cour Constitutionnelle et la Commission électorale nationale indépendante (Ceni ), le gouvernement vient de démontrer, une nouvelle fois, sa mauvaise foi en privant les candidats de la dotation prévue pour la campagne.
Violation du code électoral, socle de l’industrie de fraude
Mais comme cela ne suffisait pas, viennent s’ajouter, d’autres violations des dispositions électorales, notamment la privation de Sécurité de l’équipe de la Dynamique Kpodzro qui, vraisemblablement, constitue la bête noire du pouvoir pour un scrutin présidentiel dont l’enjeu reste la transparence. « Je défi quiconque apportera une preuve contraire !», s’est exclamé Dr Agbeyome Kodjo, mardi à Bafilo, répondant à une déclaration du ministre de la Sécurité, le Gal Damehame Yark qui a laissé croire que c’est un refus délibéré du candidat de la Dynamique Kpodzro de disposer d’une garde rapprochée de la force sécurité élection présidentielle (Fosep), dans le cadre du processus électoral, à l’instar des autres candidats en lice.
L’autre violation du code électoral porte sur le vote anticipé des forces de défense et de Sécurité. Si le nouveau code électoral révisé stipule en son article 137 que «les membres de l’Armée nationale et des corps de sécurité peuvent, en cas de besoin, exercer leur droit de vote par anticipation», aucune disposition ne précise par contre que le dépouillement devrait se faire en différé, comme veut l’imposer la Ceni dans son dernier communiqué. En effet, l’article 98 du code électoral mentionne, en des termes clairs, que «le dépouillement suit immédiatement la clôture du scrutin. Il est conduit sans interruption jusqu’à son achèvement par les membres du Bureau de vote concerné, en présence des délégués dès candidats, porte et fenêtres ouvertes». C’est donc clair que la démarche telle que maintenue à ce jour est une violation flagrante du code électoral en vigueur. Autrement, elle n’est donc qu’une stratégie de fraude telle que l’a toujours dénoncée, l’opposition.
Le G5 devant ses responsabilités
D’où justement le lieu d’en appeler à la responsabilité du Groupe des 5 sur cette batterie d’inconduites ayant toujours alimenté l’industrie de fraude au Togo. Si le pouvoir, par le biais du ministre Christian Trimua rejette toute idée de dépouillement bureau de vote par bureau de vote comme le réclame l’opposition, sous prétexte qu’elle n’est pas prévue par le code électoral, autant l’opposition est dans son droit de rejeter le principe de dépouillement en différé du vote des forces de défense et de Sécurité, pour éviter toute manipulation des résultats. Ces partenaires en développement qui accompagnent le processus de démocratisation au Togo se doivent d’œuvrer pour le respect de la loi, gage de transparence et de crédibilité du scrutin. En clair, au nom du consensus politique, toutes les parties prenantes se doivent d’épouser toute proposition qui, bien que non prévue par le code électoral, est néanmoins de nature à contribuer à l’assainissement du processus pour des résultats acceptés par tous.
Source : Fraternité
Source : 27Avril.com