Togo, le délire politique qui rend l’alternance improbable

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Opposition togolaise

Nos opposants sont-ils tombés sur la tête ou qu’ont-ils bu dans la calebasse de la dictature?

Après plus de 31 ans d’opposition sans alternance, on assiste au Togo à un drôle de « noumène au sens kantien ». Ainsi des opposants rivalisent pour passer pour le plus « insulté ou le vrai opposant ». Et certains d’entre eux font des pieds et des mains pour faire la démonstration que la faute est aux autres et rien qu’aux autres. Alors que le peuple togolais est l’un des plus meurtris au monde. Comment alors comprendre donc cette théâtralisation politique d’un pathétisme extraterrestre.

De sorte que même la fin d’une année et le début d’une nouvelle qui sont généralement des moments pour les politiciens d’exprimer ou de renouveler au peuple leur vision politique, sont devenus au Togo des occasions de « se payer la traite entre opposants ». Est-ce cela n’est pas l’expression d’un manque de substance et d’envergure? Il y a une absence presque totale d’intelligence politique sur la scène politique togolaise.

Dire que la vie en elle-même est un parcours de combattant et la somme de contradictions est loin d’être un euphémisme. Seul le bilan de vie laisse des traces et fait la différence. Alors des accros par-ci et par-là ou des échecs ne sont que quelques gouttes d’eau dans la marre du fleuve ou de mer.

Encore plus la vie politique qui est un « commitment » est plus rocambolesque que la vie ordinaire. Quand on sait que l’engagement politique est de « se mettre au service des masses, du peuple », on est en droit de se demander pourquoi ce que les opposants togolais ne comprennent pas. On ne peut gouverner que quand on a le pouvoir et pour l’avoir, il faut saisir les opportunités. Pour être un Homme de son pays, il faut être l’Homme de son temps.

Certes, le jugement contemporain peut être sévère des fois, voir implacable et insensé; cependant la postérité retient tout. Bref, l’histoire décante et rétablit toujours la vérité intrinsèque.  Laurent Gbagbo résuma bien cet axiome quand il déclara que «l’homme qui marche laisse des traces sur le chemin qu’il parcourt ». Opposants togolais, quelle trace laissez-vous? Comprenez que vous avez la montre, mais seul le peuple a le temps.

Et dans la lutte politique, la communication est déterminante. Ainsi à des occasions comme l’aube d’une année nouvelle, le message politique doit pouvoir donner le ton. Et seuls des leaders inspirés reconnaissent ces moments. L’histoire des combats des peuples et des révolutions fourmille de gens qui, malgré leur engagement, ont subi des afflictions et des malheurs, cependant ils ont gardé le cap sur l’essentiel. Et ils ont été portés à la postérité.

Que retiennent l’histoire et les peuples des Mobutu, Bongo, Houphouët, Amin Dada, Bokassa, Compaoré, etc.; contrairement aux Nkrumah, Nyerere, Sékou Touré, Cabral, Lumumba, Sankara qui ont souffert le martyre et certains d’entre eux n’ont pas hésité à donner leur vie pour la cause de leur peuple. Même si certains ont fait des erreurs; les grands font de grandes erreurs, sans dévier du cap.

Où sont l’engagement et le projet de société que le peuple togolais attend et mérite?

Le Togo va mal et son avenir semble encore plus sombre, car des opposants et autres activistes semblent avoir perdu le nord ou simplement leur boussole. Les quelques extraits ci-dessous de messages et allocutions de fin d’année 2021, démontrent l’étendu du mal. Au lieu de d’accompagner le peuple, ils lui livrent un cocktail de susceptibilité, de rancune, de haine, d’invectives, de doigt accusateur, d’aigreur sans aucune forme d’humilité et de prise de conscience. Et ce sont des sentiments qu’un politicien peut avoir, mais ne doit en aucun cas mettre de l’avant. Autrement, il n’est pas à sa place.

Le Pr. Aimé Tchaboré Gogue de l’ADDI publia une demande de trêve intitulée « il n’est pas nécessaire d’éteindre la flamme de l’autre pour que brille la nôtre » dont le 1er paragraphe fait la genèse des « injures » adressées à des opposants. Subtilement, il mettra un accent particulier sur la période depuis 2019. Et ce n’est pas du tout anodin. Et il interpelle les compatriotes qui ont vulgarisé la vidéo de Me Robert Dossou du Bénin invitant ceux qui embrassent la fonction publique à supporter l’outrage. Et comme il fallait s’y attendre, Pr Gogué rappellent à ces compatriotes, qu’ils ont oublié la section où Me Dossou appelle à maintenir la tolérance. Pr Gogué conclut que « tout voyage aussi long soit-il, commence par un premier pas… » et proposa une trêve sans abonder sur les attentes du peuple togolais meurtri.

Me Dodji Apévon du FDR avait l’occasion de vendre d’avantage son projet de société durant son tour de médias pour le 5ème anniversaire de son parti. Cependant ce qui a retenu l’attention, est qu’il s’est plus répandu sur les injures, la calomnie et les dénigrements qu’il aurait subis. Il y traitera certains de la diaspora d’énergumènes qui ont osé dire qu’il aurait été acheté pour dire qu’il a été malade de la COVID-19. Me Apévon s’étala sur le cas Jean-Paul Omoulou kidnappé par le pouvoir de Lomé et conclura que « la nature a ses règles…Quoi qu’on dise, on ne peut pas se lever et dire n’importe quoi sur l’autre … comme si ce sont eux qui maitrisent tout ». Comme pour dire, c’est bien fait pour lui.

JeanPierre Fabre de l’ANC dans son allocution de fin d’année 2021 et de vœux de nouvelle année 2022, consacrera près de 8 mn sur environ les 13 mn de son allocution à invectiver ceux qu’il appelle les affabulateurs et les faux opposants. Il s’exprima ainsi:

 « …notre pays continue de souffrir des conséquences des graves agissements de charlatans qui ont abusé de l’aspiration profonde des togolais au changement, pour propager avec un aplomb inqualifiable les théories les plus curieuses qu’une analyse sérieuse et froide aurait anéantie. À coup de mensonges, de bluffs et de leurres; à coup de mystifications et de fanfaronnades, ces imposteurs ont réussi à corrompre l’intellect des citoyens, agressant en permanence les véritables opposants et faisant du même coup la part belle au pouvoir oppresseur qui maintient le Togo et le peuple togolais sous le joug de la dictature depuis plusieurs décennies…

Voilà comment ils ont mis un coup d’arrêt à la lutte engagée par le peuple togolais pour s’émanciper de cette dictature. Le temps d’un battement de cils ils ont ruiné avec une insoutenable légèreté les sacrifices et les efforts consentis pendant des décennies. Ils n’ont pas hésité à offrir leur complicité au régime RPT/UNIR pour réduire, voire fermer de nombreux espaces de libertés conquis de hautes luttes par les forces vivent de la nation togolaise. Sur le territoire national et au sein de la diaspora, ils continuent d’affabuler, de forger des mensonges odieux qu’ils propagent allégrement et impunément pour maintenir, entretenir ce coup d’arrêt, faire obstacle, empêcher toute remobilisation des populations. Tel semble être leur agenda à peine voilé… ».

Pr Komi Wolou du PSR fit une intervention en décembre 2021 dans l’intelligent Togo (N°18) et y déclara que « ceux qui insultent, accusent à tout moment veulent seulement donner l’impression qu’ils sont les vrais opposants… Tout dépend de ce que nous entendons par union de l’opposition… L’opposition est plurielle…Il est plus que souhaitable qu’il y ait des concertations sans volonté d’hégémonie ni malice. Il est nécessaire que nous tenions compte non seulement de la compétence et de l’expérience mais aussi de la loyauté de ceux qui y seront… »

Me Tikpi Atchadam du PNP dans son message du 31 décembre 2021 fera un certain rétrospectif de la lutte togolaise. Toutefois, il ne manquera pas de souligner que la crise togolaise ne date pas des élections présidentielles du 22 février 2020. Et ce n’est pas du tout fortuit pour les observateurs de la scène politique togolais. Cette fois-ci encore le fond de son message ne diffère pas de précédents, depuis son départ du Togo. Il souligna avec justesse que « le peuple togolais est devenu un simple compteur des années que vivent les autres peuples de la terre. » Et il enchaina « Jusqu’à quand nous allons continuer dans cette hypocrisie collective qui consiste pour un peuple à se souhaiter à chaque fin d’année une bonne et heureuse année, alors qu’il sait pertinemment que l’année qui tire à sa fin n’a été ni bonne ni heureuse et que l’année qui va s’ouvrir sera pire, tant que règne la dictature ». Est-ce que le tort reviendrait au peuple, qui a été plus actif qu’ailleurs!

Me Tikpi Atchadam insistera encore sur sa conception de la lutte, notamment son « ni élections, ni concertations avec le pouvoir de fait, ni et ni… », sans toutefois proposer du concret pour le peuple. Ainsi le porteur de la dernière vague de contestations ouvertes du 19 août 2017 et l’espoir retrouvé d’un peuple embastillé et plusieurs fois trahi, ne fera finalement pas mieux que les précédents.

Le pasteur Johannes Bavon du FAR réagira au discours de Tikpi Atchadam et à l’unicité d’action de l’opposition qui est galvaudée par les opposants. Il estime alors que cela n’est plus vraiment possible quand on sait que bon nombre de leaders politiques sont plutôt guidés par leurs propres intérêts, en lieu et place de l’intérêt supérieur du Togo. Et conclura qu’on ne peut jamais réunir les gens qui ont des buts divergents. Alors peuple togolais serre la ceinture, car avec ces politiciens la nuit sera encore interminable.

Dr Gabriel Agbéyomé Kodjo prononça le 29 décembre 2021 une allocution d’une vingtaine de minutes, dont 8 à 9 mn sont consacrées à la communauté internationale, notamment la France, l’l’OIF, la Commission Européenne, l’ONU, etc. Et lui aussi n’a pas saisi le moment pour faire rêver le peuple togolais avec un projet de société, une vision. Alors que l’occasion fait le larron, dit-on.

Après avoir exprimé une pensée émue pour différents groupes de citoyens (martyrs du Togo, soldats tombés sur le champ d’honneur, prisonniers politiques, militants de l’opposition, Etc.), Dr Agbéyomé Kodjo égraina les maux dont souffre le peuple, et les manquements de la dictature. Il déclarera «…vos souffrances ne seront pas vaines, nous vous en faisons le pari. Vous êtes les héros de ce combat pour le Togo libre et juste ». Il formula les vœux renouvelés aux Togolais pour que le ciel leur ouvre les yeux et les oreilles. Il s’adressera alors à Faure Gnassingbé « …je vous demande aux noms des 8,5 millions âmes de faire justice au peuple togolais pour ne pas subir les effets néfastes des esprits angélisés de la terre de nos aïeux… ». Et pour clôturer il cita Jean Jaurès, « à celui qui n’a rien, la patrie est son seul bien… ». Rappelons que le peuple togolais a toujours les yeux et les oreilles ouverts et il en demande autant à ses politiciens.

Faure Gnassingbé de l’UNIR et président de fait du Togo, se décida cette fois à faire le jeu. Il livrera un message que son gouvernement plébiscita comme charpenté et structuré au tour de 3 piliers qui sont la situation sécuritaire, le défi sanitaire, la vie chère et l’inclusion sociale et les libertés publiques. Ci-dessous certains extraits de son discours qui sont symboliques et symptomatiques de sa déconnexion du réel vécu du peuple togolais.

« …dans le domaine de la santé, la construction d’unités de soins périphériques communément appelées les USP dans toutes les régions, … Dans le secteur de l’éducation et de la formation, d’importants investissements seront mobilisés pour la construction de plus de cinq mille (5000) salles de classes en 2022 … La desserte en électricité et en eau potable sera renforcée … pour toucher plus de deux millions de personnes… L’installation des unités de manufacture et de transformation sera encouragée sur le modèle de la plateforme industrielle d’Adétikopé, qui vise la création de trente-cinq mille (35 000) emplois directs et indirects… En 2021 s’est tenue une concertation nationale des acteurs politiques, dont les conclusions ont esquissé des perspectives favorables à l’approfondissement de nos acquis démocratiques… Des actions vigoureuses de contrôle des prix seront renforcées et se multiplieront sur toute l’étendue du territoire… »

Certains acteurs de la société civile ne seront pas du reste, malheureusement. Ainsi des acteurs de la remarquable et diligente Radio Avulete tomberont aussi les 2 pieds joints dans ce fouillis.  Alors Sylvain Amos et Rodrigue Ahego, dans la capsule YouTube « 4eP difficile marche vers la démocratie » feront une sorte de ras-le-bol ou d’exorcisme dans les termes suivants : « Nous nous taisons trop… Nous ne faisons pas notre publicité, car nous nous connaissons comme togolais et nous savons comment nous sommes… Les gens veulent nous détruire, détruire notre combat, détruire notre radio… Ils sont en missions commandées…. Les togolais aiment trop mentir… Les togolais disent que nous sommes des businessmen… Les Togolais adorent les commérages…  C’est celui qui est déplorable qui dénigre… On doit se connaître et se demander que fais-je moi avant de mordre comme des chiens… C’est de l’amusement au Togo… »

C’est vraiment hilarant et très regrettable, cette généralisation. L’exception ne doit pas faire la règle. Nous sommes plus de 8 millions de Togolais. Combien sur les 8 millions prononcent ces mots, ces critiques ou phrases incriminantes, de sorte qu’on tombe dans la généralisation et l’amplification. Que font-ils alors de la majorité des appréciations, des encouragements et autres qu’ils reçoivent? Le mal est vraiment profond. Espérons vivement que ces acteurs aillent à l’essentiel et laissent le jugement à l’histoire.

« Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, l’accomplir ou la trahir », disait Frantz Fanon. Des générations de Togolais ont combattu et d’autres le feront. L’histoire jugera!

Chers politiciens, au cas où vous ne le saviez pas, voici l’état de situation du Togo!

Près de 17 ans du règne de Faure Gnassingbé et 38 ans de celui de son père Gnassingbé Eyadema, la dette publique du pays par rapport au PIB était de 75,9 % en 2018, avec un taux record de 81,6 % en 2016; une agriculture qui représente 28% du PIB et qui emploie 62,5% de la population active, surtout dans le secteur informel, mais qui n’est pas supportée. Il y a un taux de pauvreté de plus de près de 65%, avec une population très jeune où les 14 ans et moins font environ 41% de la population totale.  Au moins 80% des Togolais sont nés sous le règne des Gnassingbé. Les infrastructures de base (éducation, santé, transport, agriculture, etc.) y manquent cruellement.

Le bilan socio-économique ou le « free-for-all » de l’impunité

L’impunité est presque totale au Togo, contrairement aux discours et profession de foi contre la corruption, la création d’institution de lutte contre le crime économique et l’instauration de numéros verts (8277, 1014) pour dénoncer les crimes économiques. Pire, on assiste à une décentralisation et un décloisonnement de la corruption, du clientélisme, du copinage, etc. Ce qui se traduit dans l’indice de corruption (Corruption Index de trading economics) dont celui de décembre 2020 conférait au Togo le 137e rang sur 180.

Tout est bradé sans retenue dans une totale opacité, même les domaines de souveraineté de l’État togolais et les terres arables. On a les cas de la BTD, de la SNI et des sociétés d’État (TOGOCOM), Togo Cellulaire, NSCT ex-SOTOCO, etc.). Entre-temps, il y a eu la privatisation partielle en juin 2021 du MIFA (Mécanisme incitatif de financement agricole) à ARISE Special Economic Zone et PIA. Le dernier cas est la privatisation de la BTCI en août 2021 à 90% à IB Holding pour 6 milliards 435 millions de FCFA et son changement de nom pour IB Bank Togo (International Business Bank Togo).

Et à cet égard, la dernière décennie dans un Togo sans imputabilité nous donne des scandales financiers de plus de 2000 milliards FCFA (au moins 3,7 milliards $ US), sans que les auteurs ne répondent de quoi que ce soit. C’est plus que le budget annuel de l’État, mais c’est loin d’être exhaustif. Il s’agit, entre autres, des scandales FER, SNPT, FTF, Port autonome, Togo-Telecom, NSCT, CEET, la route Vogan-Anfoin, OTR, Pétrole-Gate, Wacem-Gate, Bolloré-Gate, de rétrocommissions sur les marchés publics.

Il y a toujours des annonces pompeuses de projets et programmes qui ne se traduisent pas dans la réalité, dont les FNFI, DOSI, DSRP, SCAP, PUDC, PND, les travaux du Forum Togo-UE, la convention avec le Fonds Khalifa de financement des chaînes de valeur agricoles avec une enveloppe de 10 milliards FCFA et les travaux du Forum Togo-UE considéré comme des rencontres historiques d’affaires de l’histoire économique du Togo.

Malgré leur bravoure, nos grand-mères, mères, sœurs, épouses, filles et nos paysans subissent quotidiennement le fardeau des taxes, rackets et autres abus dans les marchés, dans les champs, sur les routes, sans disposer d’aménagements adéquats ou de structures sensées améliorer leurs conditions de travail. Ils sont livrés à toutes les intempéries et injustices inimaginables; même quand on sait qu’ils constituent la frange la plus active et la plus efficace de nos sociétés.

Ne perdons pas de vue ces génies togolais en herbe qui finissaient l’école primaire ou le collège, qui cependant ne pouvaient continuer leurs études; car le collège ou le lycée se situe à une année-lumière de leurs demeures. Ils n’ont pas de proches parents ou de moyens de locomotion ou de locations à une distance raisonnable de ce « maudit collège ou lycée». Ainsi, avoir la chance de se faire valoir devient aléatoire, un coup de dés dans un Togo après 60 ans d’indépendance.

On peut énumérer aussi des exemples de ces incongruités et injustices socioéconomiques, qui de surcroit pouvaient être corrigées juste grâce au bon sens et un minimum de bonne volonté.  C’est ça la République, offrir la chance à tout le monde.

Le bilan politique ou l’art de l’esquive politique

Début des années 90, le peuple togolais a été toujours au RDV sans connaître l’alternance. Conséquemment, certains citoyens sont désabusés et amers. Ainsi, la scène politique togolaise est un chapelet de manquements, d’amateurisme, d’égocentrisme. Tout au moins, on aurait souhaité un apprentissage par expérience, mais hélas! Durant toutes ces péripéties, par moments, plus folkloriques qu’autrement, le peuple a tout donné sans jamais abandonner. Que de promesses non tenues, d’espoir évaporé…

« La folie consiste à refaire sans cesse la même chose, mais en espérant un résultat différent », disait Albert Einstein.

Certaines des exactions les plus connues sont les massacres de lagune de Bè, de Soudou, Temedja, Fréau Jardin, BaSsar, Sokodé, les tueries des faunes à Kolowaré, Kparatao, Kéran, Oti et Tône; la guerre inter-togolaisE de la primature en décembre 1991, du camp RIT, les exécutions sommaires de militaires, le carnage de 2005 pour imposer Faure Gnassingbé, et bien d’autres…

Ce sont des situations innombrables où l’opposition togolaise avait échappé la balle par égos personnels, susceptibilité, haine, manque de substances ou par pure incompétence. Alors, le citoyen lambda a tellement de peines et se sent démuni.

Ci-dessous certaines étapes du cheminement depuis l’historique 5 octobre 1990.

La marche vers la conférence nationale souveraine (CNS) et la cacophonie à la sortie :

  • la gestion des diverses formes de regroupements, d’unions pré-CNS (FAR, FOD, COD, COD-2, PFC, FRAC, CST, Coalition Arc-en-ciel, C14);
  • la création d’une panoplie de partis politiques très polarisant avant la CNS, où chacun se voyait déjà au pouvoir;
  • la gestion de la Conférence Nationale Souveraine (CNS);
  • la nomination du Premier ministre de la transition en 1992 suite à la CNS;
  • l’interdiction faite à Gnassingbé Eyadema d’utiliser l’avion gouvernemental;
  • la décision de l’ouverture à la de la route qui traverse le camp RIT;
  • la gestion de la transition sous Joseph Kokou Koffigoh, qui voulait rendre la monnaie à ces compères qui le critiquaient;
  • la gestion de la grève générale illimitée de novembre 1992 à août 1993.

Les élections et dialogues successifs dans une marre d’égos démesurés et autres:

  • 7 élections présidentielles (1993, 1998, 2003, 2005, 2010, 2015 et 2020);
  • 6 élections législatives (1994, 1999, 2002, 2007, 2013 et 2018);
  • la guerre des candidatures pour les élections présidentielles du 25 août 1993;
  • la majorité acquise par l’opposition lors des législatives du 6 et 20 février 1994 (CAR D’Agboyibo Yaovi -33 sièges / UTD de Kodjo Edem -6 sièges,..) et 38 au groupe RPT (RPT-35 sièges / UJD-2 sièges / CFN-1 siège). Edem Kodjo devient PM comme partie charnière et le boycott du parlement par Yaovi Agboyibo;
  • Presque tous les ténors de l’opposition (Yaovi Agboyibo, Zarifou Ayéva, Léopold Gnininvi, Gilchrist Olympio,…) candidats aux élections présidentielles du 21 juin 1998 et à la dernière minute;
  • Les différents boycotts de l’opposition sans autres mesures ou alternatives;
  • Les 29 négociations-accords entre l’opposition togolaise et le pouvoir RPT devenu UNIR (FAR, FOD-COD 1, 2 et 3, NCS, CMP opposition-RPT, Colmar, Ouaga, Réconciliation Armées-Nation, ACL, APB, APG, CPDC, RPT-UFC, RPT/UNIR – Partis de l’opposition, CST – Arc-en-ciel – RPT/UNIR, Togotélécom 1 et 2, dialogue de la CEDEAO, CNAP, etc.). Ce qui donne une moyenne d’1 dialogue par an.

On peut signaler aussi ces « opposants » qui, à l’usure de RPT/UNIR, ont fini par aller au gouvernement ou coopérer activement avec le régime dont les plus connus : Joseph Kokou Koffigoh, Edem Kodjo, Leopold Gnininvi, Yaovi Agboyibo, Gilchriste Olympio, G. Aidam, W. Dogbatsè, Logo Dossivi, Dindiogue Nayone, Robert Dussey, Sena Alipui, etc.

Le manque de substance et de rigueur

La scène politique togolaise fourmille de plus de 120 partis politiques. Et après plus de 31 ans d’opposition aride combien de ces partis politiques se sont bâti un programme de gouvernement alternatif. Combien connaissent par exemple approximativement :

  • le nombre d’élèves-étudiants au pays, le nombre de lycées, de CEG, d’école primaires sur le territoire et dans quelles proportions ils sont répartis par région; sans oublier la formation professionnelle;
  • le nombre de fonctionnaires, de retraités bénéficiant encore de pensions ou autres formes d’avantages;
  • quelle est la structure agro-alimentaire et industrielle de notre pays, son plan de redynamisation, car aucun développement n’est possible sans l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire, ne serait-ce que les produits agricoles de base.
  • quel est le quadrillage territorial des camps, zones militaires et leurs effectifs et de quelles unités spéciales et d’actions dispose le pays, leurs équipements et structures de commandement réelles;
  • quelles sont les structures et subdivisions sanitaires du pays, le nombre de dispensaires et unités par région ou préfecture; la carte microbiologique du pays, les taux de prévalence des maladies, les menaces sanitaires et l’évolution de la couverture médicale;
  • quel est le niveau d’endettement relatif du pays, l’état des trésoreries, les sources de revenus par niveau d’acuité et l’impact de la corruption;
  • le mécanisme du Franc CFA, les instruments monétaires de la zone UMOA et autres;
  • quel est le taux réel de perception des recettes fiscales et douanières;

Ce qui compte aujourd’hui et maintenant est une alternative crédible au RPT-UNIR

On peut se tromper une ou 2 fois, cependant on ne peut aussi longtemps hypothéquer l’avenir d’un peuple, d’une nation, sans contrition et se dire que des citoyens ne peuvent pas réagir. Au lieu de jouer à la vierge offensée, il faudrait plutôt confondre ces citoyens par l’action. Le sceau de « vrais opposants ne s’invente pas, il est décerné par le peuple ».  C’est un état d’esprit suivi d’action, qui ne se décrète pas. Et le peuple est souverain dans ses décisions et choix. Il peut par moments se tromper, mais il se reprend toujours.

Dans la vie d’un pays, il faut toujours certains Hommes qui s’engagent, se sacrifient pour la postérité; de par leur vision, leur sacerdoce et leur capacité à voir plus loin que le commun des mortels. Le redondant, le paraître et le train-train-débonnaire ne sont jamais porteurs de vision et de projets d’avenir pour un peuple. C’est ainsi que certaines personnes de leur vivant, ne feront jamais les manchettes, par contre ils feront l’histoire, la vraie. Celle-là que seuls les faits engendrent ou écrivent.  Donc la nécessité s’impose pour une autocritique.

Il est question de la quête de justice, de transparence, d’alternance et d’égalité de chance. À propos, l’égalité de chance ne veut pas dire que tout le monde est égal, mais plutôt de créer les conditions où l’effort est récompensé. C’est juste rendre possible la chance pour le plus grand nombre de citoyens. Seuls ceux qui en sont capables et qui ont la volonté d’engendrer une dynamique ou synergie pour enclencher l’alternance au Togo en se donnant le « GO ou le Tchooobouéé » le peuvent.

N’oublions pas que le Togo des Gnassingbé est une dictature implacable et qu’on ne peut pas vouloir avec des règles ultra démocratiques produire l’alternance et faire une transition vers un processus démocratique. C’est là où ça achoppe au Togo et le pouvoir de fait de Faure Gnassingbé surfe là-dessus. Il dispose des moyens et des intelligences de l’État.

« On ne peut choisir les épreuves qui s’abattent sur nous, mais on peut choisir comment on y fait face en temps de crise », disait Julie Payette, ancienne astronaute et gouverneure générale

Togolais de tout horizon, faisons désormais ce qu’il faut ou taisons-nous, pour le bien du peuple!

Joseph Atounouvi

Source : Liberté.info

Source : icilome.com