Togo : Le contrôle des concours de recrutement, un impératif de transparence

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Togo : Le contrôle des concours de recrutement, un impératif de transparence

Que se passerait-il si le Togo aussi se décidait à jouer la carte de la transparence dans les concours de recrutement ? Santé, justice, régies financières, enseignement, presque tous les secteurs sociopolitiques connaitraient assurément des sorts différents que ce qu’ils connaissent en matière de recrutement. Ailleurs, des résultats d’un concours de la douane émaillés de fraudes ont été dénoncés par une autorité dont la charge est de lutter contre la corruption et les infractions assimilées.

Lorsqu’on parle de lutte contre la corruption, il ne faut pas seulement regarder du côté des détournements de deniers publics. Les infractions assimilées constituent aussi un pan non négligeable et qui, adressées, confèrent à n’en pas douter de la crédibilité aux actions des autorités.

Concours au Centre de formation des professions de justice (CFPJ), concours de recrutement des enseignants volontaires, concours des agents de la santé, concours des agents de l’Office togolais des recettes (OTR), concours d’entrée au collège scientifique et d’autres encore. Que de concours de recrutement dont les résultats laissent plus d’un sur un sentiment d’injustice, d’insatisfaction, de clientélisme, voire de népotisme. Mais qui pour trancher au final ? Dans la plupart des cas, les résultats sont consommés sans possibilité d’expertise ou de contre-expertise. Et pourtant, il existe une structure dite de lutte contre les infractions assimilées à la corruption dite Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA). Hier, nous montrions le chemin à suivre par rapport à la même structure au Niger. Celle-ci s’est aussi distinguée dans la transparence du dernier concours de recrutement des agents de la douane en recalant des candidats ayant composé avec des diplômes autres.

30 août 2019. « Dans le prolongement du point de presse organisé par la Haute autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilées, en date du 16 août 2019, la HALCIA a poursuivi ses investigations, notamment sur les concours de recrutement pour le compte de l’administration des douanes au titre de l’année 2018. A cet effet, la HALCIA tient à porter à l’attention de l’opinion publique les résultats des investigations effectuées dans le domaine. La HALCIA a relevé pour l’essentiel que les dispositions de la loi 2013-31 du 4 juillet 2013 portant statut autonome du personnel du cadre de douane, modifiée et complétée par la loi n°2016-13 du 26 mai 2016 et leurs textes d’application ont été violées dans l’organisation et l déroulement de certains des concours effectués. Ainsi a-t-on constaté que des candidats ne répondant pas aux critères de recrutement pour absence de diplômes ou d’équivalence ont été admis à concourir. Sur l’ensemble des candidats ayant été déclarés admissibles par la commission d’organisation, soit 150 candidats, la HALCIA a relevé que 102 candidats ont satisfaits aux dispositions légales et règlementaires relatives à ces concours. Ils doivent donc être déclarés admissibles. Sur les 48 autres candidats, la HALCIA a constaté que leur admissibilité n’est pas conforme aux dispositions de la loi pour absence de diplômes requis. Par conséquent, leur admissibilité doit être annulée. Le rapport relatif à ces investigations a été transmis aux autorités compétentes pour décision ».

Ce qu’il faut relever est que des pressions sont exercées afin que tout le concours soit annulé. Parce que des parents de haut perchés –progéniture, femmes, cousins et neveux- au sein du gouvernement et des services des douanes ont aussi concouru, mais lamentablement échoué. Aussi, l’annulation de tout le concours ferait leur affaire. Mais le risque d’une annulation serait que la HALCIA serait décrédibilisée et ses décisions n’auraient aucune valeur. Les candidats attendent toujours l’issue qui sera donnée au rapport de cette institution à laquelle de plus en plus de Nigériens s’identifient.

Au Togo, les concours se suivent et se ressemblent. Souvent les organisateurs reçoivent des « instructions » pour faire passer des noms de candidats comme ayant réussi. Le principe a toujours été ainsi depuis des années.

Mais au cas où des esprits légers souhaitent remettre en cause ces constats, il est encore possible que la HAPLUCIA –puisque c’est son alter ego du Niger qui a fait le job d’investigation- se saisisse des feuilles et notes des derniers concours de recrutement des secteurs sus-cités. Les membres de la structure risqueraient des accidents cardiovasculaires par ce qu’ils pourraient découvrir.

Le 30 août dernier, la HALCIA au Niger a fait ce qu’il faut, pour le plus grand bonheur de ceux qui n’ont d’autres relations haut placées que leur intelligence. A chaque concours au Togo, ce sont des grincements de dents. Wiyao Essohanam et son équipe pourront-ils montrer qu’ils sont à la hauteur des tâches à eux confiées ? Ils perçoivent chaque fin de mois des émoluments, mais les résultats tardent à se faire voir. Et pourtant, au Togo, il y a la corruption, il y a les infractions assimilées. Magnez-vous, messieurs de la HAPLUCIA ! On vous observe !

Abbé Faria

Source : Liberté

27Avril.com