« Souvent, toute décision, même la mauvaise décision, vaut mieux qu’aucune décision » (Ben Horowitz). Lorsque Faure Gnassingbé avait les commandes de la CEDEAO en juin 2017, le premier acte qu’il a eu à poser en sa qualité de président en exercice de l’institution, a été d’effectuer une visite surprise au poste frontière d’Aflao, entre le Togo et le Ghana.
Flanqué de son beau-frère et président de la Commission de la CEDEAO, Marcel de Souza et de quelques ministres, le Chef de l’Etat avait tenu à se déplacer personnellement à la frontière pour marquer son attachement à la liberté de circulation des biens et des personnes et donner un coup de pouce à l’intégration sous régionale.
« J’ai parlé lors de mon élection à la tête de l’organisation de Cédéao des peuples. L’un des droits fondamentaux demeure la libre circulation des biens et des personnes. Par cette visite, il s’agit de m’assurer de l’application des textes communautaires », avait-il indiqué.
Aujourd’hui, Faure Gnassingbé qui se passait pour le chantre de l’intégration régionale est le même qui sabote cette intégration en s’opposant à l’ouverture des frontières terrestres avec les pays voisins. C’est d’autant plus curieux que le gouvernement avait annoncé officiellement que plus aucun patient n’a été enregistré dans les structures de prises en charge du Covid-19 sur le territoire.
Qui plus est la pandémie de Covid-19 a fortement reculé dans notre pays. Du coup, on comprend difficilement l’obstination des autorités togolaises à maintenir les frontières fermées. Une situation qui empire la précarité économique des populations. Dans tous les pays, les populations sont confrontées à la vie chère. L’envolée des prix des produits de première nécessité est la conséquence directe de la fermeture des frontières. C’est plus qu’une nécessité que les frontières soient ouvertes pour relancer les activités économiques.
La Commission de la CEDEAO avait pourtant recommandé que les frontières terrestres des pays membres soient rouvertes en janvier de l’année 2022, estimant que les restrictions de déplacement ont eu des incidences sur les principaux secteurs économiques et perturbé les chaînes d’approvisionnement et l’accès aux marchés des PME surtout. La même exigence avait été formulée par la Commission de l’UEMOA. Dans le voisinage, le Ghana s’est résolu à ré-ouvrir ses frontières fermées depuis deux ans afin de relancer son économie affectée par la crise sanitaire et le conflit russo-ukrainien.
Mais au Togo, on continue de bomber le torse en invoquant une curieuse souveraineté du pays. « Le Togo est un pays souverain qui ouvrira ses frontières terrestres quand il le faut. Que nos voisins aient rouvert leurs frontières ou pas, le Togo est le seul à décider de la réouverture de ses frontières », a répondu la Coordination nationale de la gestion de la riposte contre la Covid-19 à ceux qui appellent le Togo à suivre le pas du Ghana.
C’est assez curieux que pendant que les Togolais sont confrontés à des difficultés économiques liées à la flambée des produits de consommation courante, on nous brandit la « souveraineté ». Est-ce la solution au phénomène de la vie chère ?
Médard AMETEPE
Liberté Togo
Source : icilome.com