Togo : L’apathie des gouvernants inquiète

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Faure Gnassingbé

« Attendre d’en savoir assez pour agir en toute lumière, c’est se condamner à l’inaction » (Jean Rostand)

La guerre russo-ukrainienne va inéluctablement affecter l’économie africaine déjà fragilisée par la crise sanitaire liée au Covid-19 et entrainer une crise alimentaire. Tout le monde s’en inquiète sauf les dirigeants africains qui ne semblent pas semble s’émouvoir outre mesure du danger qui guette leur pays.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres sonne le tocsin et prévient d’un « ouragan de famine » que la guerre peut entrainer dans de nombreux pays. Le président français craint lui aussi une destabilisation du vieux continent et de l’Afrique. « L’Europe et l’Afrique seront très profondément destabilisés sur le plan alimentaire dans les 12 et 18 mois à venir », avertit Emmanuel Macron.

D’autant plus que la Russie et l’Ukraine jouent un rôle majeur sur le marché agricole et il existe d’importants échanges agricoles entre les deux pays et le continent. Par exemple, en 2020, les pays africains ont importé les produits agricoles d’une valeur de 4 milliards de dollars de Russie. Mais depuis la guerre, les productions agricoles dans les deux pays sont bloquées. Selon Antonio Guterres, le conflit, dans ses répercussions, va frapper « le plus durement les plus pauvres et semer les germes de l’instabilité politique et de troubles dans le monde entier ».

Face à la menace, certains dirigeants africains anticipent déjà. A l’instar du président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara qui a pris la décision de plafonner les prix de certains produits de première nécessité comme le riz local, la farine, les viandes, le prix des transports, l’eau, l’électricité, les télécommunications et l’internet, etc.

Mais au Togo, les gouvernants sont spectateurs. Mieux, ils semblent plus mobilisés leurs énergies pour l’organisation de la conférence sur les transitions politiques et la lutte contre le terrorisme en Afrique. Un sommet dénoncé par l’opposition comme un moyen pour le régime de  « ruser avec toute la communauté internationale pour se donner une apparente légitimité en vue de se maintenir au pouvoir malgré le désaveu cinglant que le peuple lui inflige tout le temps à travers des élections ».

En plus de cette rencontre internationale, l’attention des autorités est plus portée sur l’allongement de la piste de l’aéroport de Niamtougou, pour laquelle 2,2 milliards FCFA vont être investis.

Or depuis plusieurs mois, les populations déjà en situation de précarité, sont confrontées à l’inflation des produits de première nécessité sans que leur pouvoir d’achat n’ait connu une amélioration. Le gouvernement n’a apporté solution viable au phénomène de la vie chère hormis une avance d’un mois de salaire accordée aux fonctionnaires. Une mesure jugée dérisoire et improductive.

Avec la guerre en Ukraine, personne ne sait de quoi demain sera fait. Le ministre du Commerce Kodjo Adedze s’inquiéte du fait que l’impact de la guerre en Ukraine a commencé à se faire sentir sur le marché international. Que fait alors le gouvernement pour anticiper les effets de la crise ? Rien. Certains craignent plutôt que les populations ne soient à nouveau crucifiées à travers une nouvelle augmentation des prix des produits pétroliers.

Médard AMETEPE

Source : icilome.com