«…l’ANC entend, par la rigueur et dans la vérité, sortir l’opinion de la confusion actuelle en vue d’une remobilisation des populations pour revendiquer des réformes politiques consensuelles…»
De la dernière fameuse déclaration du parti politique ANC, nous retenons surtout ce bout de phrase: « remobilisation des populations pour revendiquer des réformes politiques consensuelles…» Ce segment de phrase qui concerne la sensibilisation ou la remobilisation des populations n’est pas nouveau de la part de l’ANC. En fait, ce bout de phrase revient comme un refrain dans presque toutes les déclarations, orales ou écrites, des responsables du parti orange depuis l’éclatement de la C14. Aujourd’hui, presque 2 ans après la dislocation de la coalition de l’opposition, aucune mobilisation, aucune manifestation de la part de l’ANC, ou d’une coalition mise sur pied par ses soins à se mettre sous la dent. Quand on n’a pas le pouvoir ou la volonté de faire une chose, on n’en répète pas l’intention tout le temps. Se taire serait plus sage jusqu’au jour où on a la possibilité de surprendre agréablement.
Ceci dit en passant, ce n’est pas tellement le sujet de notre propos aujourd’hui. Quand un événement est créé, peu importe par qui dans le paysage politique, surtout en ce moment critique de la vie de notre pays, il est de bon ton que ceux qui sont inspirés et surtout préoccupés par la grave crise latente qui couve au Togo, s’approchent de leurs claviers pour s’exprimer et donner leur point de vue. Étant tous des êtres humains avec nos grandes faiblesses, personne n’est donc à l’abri d’un mot mal placé, voulu ou involontaire selon ses intérêts du moment. C’est pourquoi, ce que nous écrivons n’est ni une attaque, ni une insulte délibérée à une personne ou à un groupe de personnes. En un mot, nous n’avons rien contre le parti politique Alliance Nationale pour le Changement (ANC), nous ne faisons que commenter les faits et gestes de cette grande formation politique qui a fait rêver beaucoup de Togolais à un moment de la vie politique de notre pays; comme nous le ferions avec tout autre parti politique. Nos écrits antérieurs peuvent attester que nous sommes pour un changement radical dans notre pays sans considération partisane.
Et c’est pourquoi, si le parti orange commet, dans notre entendement, des bévues, -c’est selon l’appréciation de chacun en son âme et conscience-, nous montons au créneau pour critiquer la ou les positions de l’ANC qui, à nos yeux, risquent d’encore fragiliser une opposition aujourd’hui éparpillée, et de semer le doute au sein d’une population, qui n’a la plupart du temps, comme repères que les déclarations des partis ou hommes politiques. Pourquoi cette déclaration de la formation de Jean-Pierre Fabre en ce moment précis? Quel en est le sens? Les Allemands diraient une déclaration tombée «aus heiterem Himmel, ohne Not» un incident créé de toutes pièces, une pluie qui se met à tomber d’un ciel bleu-clair, sans nuages. À notre connaissance Agbéyomé Kodjo n’a pas attaqué l’ANC ces derniers jours, l’accusant de ne pas présenter les preuves de sa victoire aux dernières élections de février 2020. Et la formation orange avait à plusieurs reprises martelé sa position concernant la crise née au lendemain des élections présidentielles. Avait-elle besoin de le répéter? Nous savions par exemple, que l’ANC est d’avis que personne n’a gagné les élections de février dernier, sans aller jusqu’au bout de sa logique qui voudrait que que Jean-Pierre Fabre et ses amis demandent à Faure Gnassingbé de quitter le pouvoir, puisque, ni lui, ni Agbéyomé n’auraient gagné. Une position méchante, bizarre et presque stupide reprise par cet autre opposant de pacotille du nom de Aimé Gogué.
Toute l’Afrique francophone et surtout ouest-africaine vibrent au rythme des crises politiques dues à la problématique du non-respect des Constitutions, et des Chefs d’État en exercice qui n’entendent pas s’éclipser à la fin du nombre de mandats autorisés. Après notre pays où Faure Gnassingbé continue impunément avec ses complices le pillage des richesses et la violations des droits de l’homme, et ce malgré le caractère illégal de son mandat en cours; Alfa Condé en Guinée fit également un forcing en se faisant proclamer élu malgré son impopularité auprès d’une grande partie de ses compatriotes, et malgré le caractère anticonstitutionnel d’un mandat de trop. Aujourd’hui, c’est Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire qui risque, par sa boulimie du pouvoir, d’amener son pays à la catastrophe. La CEDEAO qui n’est qu’une coquille vide, est toujours l’avocate des dictateurs et jamais du côté des peuples.
Face à ce complot du syndicat des Chefs d’État, soutenu par des puissances étrangères, contre leurs populations, les oppositions africaines, surtout francophones, où les problèmes sont les plus récurrents, pensent que l’harmonisation de leurs actions auraient plus de poids pour faire fléchir leurs Chefs d’État qui ne sont pas prêts à accepter la démocratie avec toutes ses exigences. Et tout le monde sait que le Président ivoirien est un grand soutien aux multiples turpitudes de Faure Gnassingbé; et le fait que Alassane Ouattara soit aujourd’hui en difficulté, n’arrange pas les choses autour de l’usurpateur togolais. Et c’est en ce moment précis que l’ANC publie une déclaration qui arrange plus le parti au pouvoir que l’opposition. C’est pourquoi beaucoup de Togolais se demandent à qui le crime profite; c’est pourquoi beaucoup de «mauvaises langues» estiment déjà qu’il s’agit d’une bouffée d’oxygène du parti de Jean-Pierre Fabre à Faure Gnassingbé.
«…L’ANC recherchera une synergie d’action politique avec des partenaires sérieux et responsables, fiables et réellement engagés aux côtés du peuple togolais pour réaliser l’alternance et le changement démocratiques.» Cette phrase qu’on peut lire dans la déclaration, comme le bout de phrase concernant la mobilisation, n’est pas inédite de la part de la formation politique à la couleur orange. Nous attendons donc avec impatience le jour où l’ANC mettra sur pied cette coalition avec les partenaires politiques qu’elle aura jugés sérieux et responsables pour faire partir Faure Gnassingbé, si c’est vraiment ça son agenda. Mais en attendant, nous voulons insister sur le fait que cette déclaration de l’ANC, publiée le 05 novembre dernier, pose beaucoup plus de problèmes qu’elle n’en résout.
Samari Tchadjobo
06 Novembre 2020
Allemagne
Source : 27Avril.com