Pascal Akoussoulèlou Bodjona, le faiseur de rois, n’a pas fini sa traversée du désert, la ‘’lutte évala’’ qui est enclenchée entre lui et le prince semble être encore d’actualité. Pour une ridicule affaire d’escroquerie, dite internationale, l’ancien ‘’Ministre grand format’’ a traversé des zones de turbulence. Non seulement cette affaire, cousue de toutes opportunités, a servi de prétexte pour le déchoir de sa position dans les sphères décisionnelles, mais aussi, l’autorité s’en est servi, par le canal d’une justice tétraplégique, pour l’envoyer en séjour carcéral, d’abord à la gendarmerie nationale et ensuite à la prison civile de Tsévié.
Après un époustouflant combat juridique, l’ancien ministre a fini par recouvrer sa liberté. Alors qu’il se repose derrière un éloquent silence dans sa résidence privée à Agbalapédo, les braises contre lui entretenues, continuent par faire des dégâts. Propriétaire du groupe Sud Médias, une entreprise de presse des plus en vue de la place grâce à un programme alléchant qui finira par ravir la vedette aux autres chaines, le mobil des déboires de celui que les admirateurs n’ont pas fini d’appeler Bodj sont aussi et surtout à chercher derrière des intentions politiques qu’on lui attribue. Oui, même si depuis sa libération, l’ancien ambassadeur se fait discret, animal politique, entre vogue et tempête, il n’a pas caché ses intentions à un moment donné. L’un des outils de la politique est la communication, les medias en sont un canal de prédilection. Celui à qui le régime en place prête des intentions politiques, comme si la politique au Togo était une chasse gardée pour certains, a un medias qui se fait respecter dès sa naissance, LCF, La Chaine du Futur.
Il y a un bail, des informations de plus en plus sérieuses font état de la volonté de la HAAC de fermer ce groupe de presse. Et pourtant, le même groupe de presse en 2007 gagnait, sans l’ombre d’un doute, un appel d’offre d’attribution de fréquence radio et télé lancé par l’ART&P. Pascal Bodona était alors aux affaires. Dans la droite ligne de cet appel d’offre remporté par le groupe, le récépissé N° 8 sera délivré. Entre autres mentions sur ce document officiel, on pouvait lire : « l’ART&P certifie avoir reçu la somme du Groupe Sud Média, suite à l’appel d’offres pour assignation de deux canaux de télévision à Lomé. En conséquence, elle lui délivre le présent récépissé pour servir et valoir ce que de droit ».
Mais comme si l’Etat au Togo était une ferme agricole en bail où au gré des humeurs chaque bailleur est libre de tracer les sillons dans un sens ou dans l’autre, voici le même groupe de presse qu’on accuse d’insuffisance dans la constitution du dossier, le même dossier qui a mérité le récépissé N° 8 le 28 février 2007. Que fait-on de la continuité de la République ? Quelle HAAC avait évalué le dossier en 2007 et quelle autre voit des charançons dans sa constitution aujourd’hui ?
Des indiscrétions font état de ce que cette fermeture programmée faisait partie des missions avortées d’un defunt président de la HAAC. Mais l’actuel président en fait un défi à relever, fermer SUD MEDIAS, quel que soit ce que cela coûte à l’image de la HAAC, si image elle a, et à la sincerité de la democratie au Togo. Pour Monsieur Pitang, aucune démarche, aucun argument n’est trop vil s’ils peuvent contribuer à retirer la fréquence à la LCF. Nous vous disions dans la dernière édition que faute d’arguments valables contre le groupe de presse, l’on parle de problème d’actionnariat sans pouvoir convaincre. Les 09 membres de la HAAC ne sont pas unanimes sur le sort que le désormais prédateur de la presse au Togo compte réserver à ce medias. Encore faut-il que les opposants à cette cabale arrivent à se faire entendre. Pour le moment, la machine à détruire de l’ancien DG de la TVT est en marche.
La LCF, à peine mise en marche, s’est donnée les moyens de sa politique. Elle sera la première chaine de télévision au Togo à monter sur satellite, mais elle finira par redescendre en pleine traversée du désert de son promoteur. Pour cause, la gestion scabreuse d’une certaine Laclé, ancienne responsable de la Télé. La gestion hussarde de cette directrice a valu à la chaine son depart du satellite. Présentement, la dame en question officie à New Word TV. La New world TV, est une télévision qu’on dit proche du prince et dont le dossier, s’il existe, souffre de carences tolérées par la HAAC.
Il n’y a que deux raisons, soit l’une des deux soit toutes deux justifient l’acharnement gratuit contre LCF. D’abord, quand les intérêts de Monsieur Pitang sont en jeu, il ne connait pas la loi. Il en a donné la preuve en se faisant le guichet automatique qui sert de courroie de transmission de l’argent de la présidence à une race de journalistes contre les règles les plus élémentaires qui régissent son institution. Loin d’en avoir honte, il s’en félicite et ne trouve aucune mauvaise cohabitation entre une corruption de masse des journalistes et la crédibilité d’une institution comme la HAAC. Mieux, étant donné qu’un tel monsieur est aussi propriétaire de deux chaines de télévision, le fait que la LCF s‘est imposée en chaine incontournable est-il une raison suffisante pour la liquider au fin de permettre à TLS et TV2, les enfants cherie de Pitang, de tourner en rond ? Inutile de rappeler qu’entre les deux groupes, le fossé est grand en terme de qualité des programmes et de contenue des émissions servies aux téléspectateurs.
Rien n’est à exclure dans un environnement où trône un Pitang Tchalla. Il faut ajouté que, comme à l’habitude, au RPT-UNIR, chacun porte sa croix, et quand un membre de la fratrie est en difficulté il devient un paria infréquentable. Avant Bodj, Pitang a connu des moments où il a été oublié de certains milieux. Il peut se servir de sa position actuelle pour régler des comptes. Cela n’est pas à exclure, mais nous estimons que c’est dans une moindre mesure.
Ensuite et surtout, la deuxième piste, c’est celle du prince Faure.
Les intentions politiques de Bodjona sont-elles une raison qui justifie la volonté de lui priver de son groupe de presse ? Tout porte à croire que oui, même si le doute peut avoir sa place. Nous n’occultons tout de même pas le fait que, nous traversons un moment où tout se dit de Pascal Bodjona. A défaut d’une vérité sainte, elle n’existe d’ailleurs pas en politique, les Togolais attendent que le temps fasse son œuvre.
En effet, des rumeurs de plus en plus éloquentes avancent que le silence de l’ancien ministre après sa sortie de prison se justifie par les jeux de couloirs entre lui et le prince. Les sources les plus audacieuses avancent même qu’il y a déjà eu des rencontres entre eux et que les derniers voyages de Bodj en France, officiellement pour les raisons académiques de son fils et au Maroc ne sont pas méconnues de ‘’l’héritier national’’. Du coup, les informations difficiles à confirmer ou infirmer misent sérieusement sur le probable retour de Pascal dans son ancienne famille politique. Si on s’en tient à cela, les conciliabules, commencées depuis le séjour carcéral, ont-elles échouée à tel point que le prince veut continuer à mettre la pression sur son ancien bras droit pour l’étouffer politiquement ? Veut-on se servir de cette menace de fermeture pour obliger l’ancien ministre gros format à faire des concessions ? Si le doute est permis, une chose est certaine, Pitang Tchalla a beau être un zèlé, il a beau avoir la rancune tenace, il ne peut pas de son propre chef, seul contre tous, au risque de classer notre pays dans la loge des prédateurs invétérés de la liberté d’expression, vouloir fermer le groupe SUD MEDIA. La volonté de fermer ce groupe ne date pas de la recente arrivée de Pitang à la HAAC, ceci renforce nos inquiétudes par rapport à des raisosns politiques.
Il ne nous appartient pas de démontrer comment Pitang est proche de Faure ces derniers moments, ce n’est pas un hasard qu’il soit le malheureux élu pour partager les sous de la présidence aux medias. Le gourou de la liberté d’expression a-t-il reçu une consigne qui lui donne le courage de procéder contre vents et marrées à la fermeture de ce groupe de presse ? S’il cède à la pression de l’opinion et aux condamnations des organisations autorisées, c’est qu’il aurait agi dans la logique de sa traditionnelle maladresse et de sa vengeance. Mais s’il ferme ce medias, on peut seieusement s’en tenir au fait qu’il y a une consigne qui ne dit pas son nom, l’audace est trop grosse pour être un simple coup de tête.
La piste de la volonté de retirer la fréquence à LCF pour le groupe New Word TV n’est pas à exclure, mais elle ne nous semble pas une aussi plausible. Certes, Faure Gnassingbé est le parrain le plus visible derrière NWTV, on peut même supposer que le fait que la dame qui a servi d’oiseau de mauvais présage pour dégager LCF du satellite se retrouve à NWTV, n’est pas un simple hasard de calendrier. Il est possible que ce parachutage soit une récompense pour service rendu aux détracteurs de LCF. Depuis, qu’elle a quitté le satellite pour, dit-on, non payement de redevance, toutes les démarches et tentatives pour reprendre sa place sur satellite se sont soldées par un échec. Entre temps, une démarche a presque abouti, mais un simple refus d’une garantie par une banque de la place a tout renversé. S’il faille retirer la fréquence à une télé dont le propriétaire dérange, à un moment où les indiscrétions font état de ce qu’il est fort possible que ce retrait fasse le lit à new world TV qui a besoin d’une fréquence c’est qu’au Togo, le ridicule ne porte pas de caleçon. Bon à suivre.
Source : Abi-Alfa, Le Rendez-Vous N° 293 du jeudi 19 janvier 2017
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