Togo, la route Notsè-Tohoun, un Bitumage en Souffrance : L’Autre Scandale au Cœur de la Route…

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« La route du développement passe par le développement de la route ». Éloquente réalité, mais au Togo, c’est le scandale de l’endettement qui passe par le développement de la route. Samedi 08 janvier 2017, il est 11h, à bord d’une Rav-4 immunisée contre les mauvaises routes, nous faussions compagnie à l’internationale N°1 pour embrasser la route Notsè-Tohoun.

Togo, la route Notsè-Tohoun, un Bitumage en Souffrance : L’Autre Scandale au Cœur de la Route…

Pour nous qui avions parcouru la même route plusieurs fois, il y a 3 ans, il y avait de quoi être émerveillé. Une nouvelle route asphaltée serpente le flanc Est de la ville vers le Bénin. Sans être des techniciens de la route, on s’arrête et on reprend, le confrère Ferdinand Ayité de pointer « Abi, avançons encore, espérons qu’on ne fera pas un voyage inutile ». Sur plus de 19 Km, nous avions parcouru, un bitumage à moitié entièrement achevé avec une seconde moitié en phase de la deuxième couche du bitume, bref, le chantier évoluait normalement. Les grands ouvrages sont terminés. Au niveau de la plupart des agglomérations, les travaux sont totalement achevés. Ici et là, on apercevait des engins lourds avec le logo, MNS, Mid-Night Sun. A cheval entre des portions de contournement et de la nouvelle route, nous voici dans les zones de la Forêt classée d’Asrama.

Même route, différentes réalités, ici, c’est la poussière qui nous accueil. La route que nous avions parcourue, à bord de la même voiture, il y a quelques années reprend ses droits. Même route, différentes réalités d’une section à l’autre. Sur cette deuxième section de 20 Km, c’est la traversée du désert. La seule présence d’un chantier en cours, ce sont d’abord, les canalisations ouverts de part et d’autre surtout à la traversée des villages, ensuite des décapages et chargement à de rares endroits. Les signes d’une présence de construction routière sont perceptibles, mais le chantier est totalement abandonné. Les sites que nous avions pu toucher du doigt sont déserts, les quelques rares camions encore visibles sont en rapatriement de ce qui peut être déplacés. A peine entamé, le chantier est déserté, on y voit les insignes de CECO-BTP, l’autre géant, s’il en est encore un, des travaux publics au Togo.

Oui, CECO-Group, ce fut un dragon sur les routes togolaises. Partout où il passait, il tenait les autres petits vertébrés au respect. Mais le voici qui déserte les chantiers en catastrophe, la queue entre les jambes comme un chien lapidé. C’est CECO qui a le bitumage de cette portion de la route, mais ce que l’entreprise a laissé comme héritage à ce chantier est vraiment à l’image de ce qu’elle est présentement. Un peu plus en avant, une troisième portion, elle aussi en souffrance. Une partie est sous traitée à EGC, elle est aux mains de la troisième entreprise. En tout cas, de Notsè à Tohoun, après les vingt premiers kilomètres, les réalités se suivent et se ressemblent. Il se révèle qu’il est fort possible que la portion de CECO soit remise à MNS comme CEC0 même l’aurait souhaité dans une lettre adressée aux autorités. De toutes les façons, si rien n’est fait pour sauver ce bitumage, on se demande à quoi servirait la portion achevée car, elle fait 20 Km sur 57 km. Or il faut connecter ce bitumage au Bénin voisin pour qu’il réponde aux attentes escomptées.

MNS, Mid-Night Sun, c’est le nom de l’une des quatre entreprises BTP qui se sont partagé le bitumage de cette route de 57 km. MNS, c’est l’entreprise du consul Sossou de la Slovaquie, ce dernier n’est plus à présenter. Son entreprise, surtout à ses débuts n’hésitait pas à faire appel à la sous-traitance aux autres entreprises sur une bonne partie de ses chantiers. Elle a tâtonné sur certains travaux. Même quand elle cède des chantiers aux autres petites entreprises, certains la jugeaient trop gourmande au point qu’ « il est difficile de s’en sortir quand Mid-Nigh vous vend la sous-traitance». Au fur du temps, l’entreprise s’approprie les bonnes manières et s’affirme. elle, galvanisée par une grande équipe d’ingénieurs et de techniciens locaux des BTP avec l’appui des spécialistes blancs sans oublier le matériel de travail à la hauteur des grands chantiers, cette route semble vraiment être un défi à relever pour rentrer dans la cour des grands. Mieux, c’est un double défi pour l’entreprise. D’abords, Victor Sossou, fils de Tohoun, est un élu qui a des obligations politiques envers sa base. Ensuite, les micmacs qui ont jalonné ce chantier obligent l’entreprise à réussir là où les autres ont échoué pour donner la preuve qu’elle n’est pas ce qui s’est dit d’elle.

De l’attribution hésitante du marché à la difficile exécution des travaux en cours, sans oublier le rôle joué par l’inoxydable ministre Gnofame, que s’est-il passé sur cette route stratégique qui devait ouvrir le Togo au Bénin dans cette partie du pays? Des sabotages aux alliances de circonstances, nous reviendrons sur les non-dits d’un bitumage en souffrance.

Source : Abi-Alfa, Le Rendez-Vous N° 292 du vendredi 13 janvier 2017

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