Il y a plus dangereux que les contestations politiques dans un pays. Ce qu’il y a de plus dangereux, c’est l’étouffement des populations par la violence d’État assidue, conquérante, en vue du confort dans l’inaction politique et dans la dormance gouvernementale, et pour un silence total digne d’un Peuple au cimetière.
Il ne se passe pas grand-chose au Togo. Les acteurs politiques se regardent en chiens de faïence, immobiles et impassibles. Six mois après les élections du 22 février 2020, de l’économie à la politique, en passant par l’effervescence sociale et culturelle, tout est à l’arrêt ; la République aux oubliettes, les affaires à la dormance, l’ordinaire à la débrouillardise, à la corruption et au sauve-qui-peut. L’Éthique républicaine est aux arrêts; elle est menottée au quotidien.
Une situation aussi inextricable, au Togo, ne peut continuer à créer le silence. Tout un pays, le Togo, continue à vivre une expérience irréelle, comme résultat de l’usage excessif de la force brute sur les populations et sur les adversaires politiques. Le Togo s’est placé dans une posture fictive pour son époque.
La quête de démocratie ne peut continuer à être rayée du Togo, et toute velléité d’émancipation citoyenne ou de pensée de retour à la République, aussi violemment réprimée au moindre soupçon. À vaincre sans péril ni contestation, l’on ne peut que triompher sans aucune gloire ni possibilité de jouissance d’une prétendue victoire à 70%.
Évidente anomalie!
En l’état actuel, le Togo est vidé de sa substance. Le pays reste dans un état végétatif, pâle et blafard, incompatible avec son époque ainsi que les évolutions palpables des autres pays de son environnement immédiat. Nul ne peut imaginer les militaires togolais en phase avec les autres citoyens, à l’exemple du Mali, du Burkina, du Ghana et autres. La terreur instituée et véhiculée par les uns fait fuir les autres à la seule apparition, et de loin, de la gent en uniforme. C’est toujours ça en 2020, le Togo de frayeur accumulée et de profond traumatisme.
Comme si l’évolution du monde s’est arrêtée aux frontières du Togo, comme si l’alternance ou le changement n’est plus à l’ordre du jour, la démocratie effective ne peut être effacée de l’âme de tout un pays. Un contexte aussi paradoxal ne peut continuer à créer la quiétude. Bien au contraire, ce contexte doit déranger les tenants d’un tel pouvoir impérieux et dictatorial.
Il y a plus dangereux que les contestations politiques dans un pays. Ce qu’il y a de plus dangereux, c’est la perte de confiance, c’est l’étouffement des populations par la violence d’État assidue, conquérante, en vue du confort dans l’inaction politique et dans la dormance gouvernementale, et pour un silence total digne d’un Peuple au cimetière.
La gloire d’un pays, celle de ses dirigeants, c’est le sourire et l’enthousiasme de la liberté au visage des citoyens. Un soutire et un enthousiasme qui contribue aussi bien au Produit national brut qu’au Bonheur national brut. Par les temps qui courent, avec ou sans masque, n’allez pas demander aux Togolaises et aux Togolais de vous offrir leur sourire et leur enthousiasme… Jusqu’à quand ?
Il est évident que ce paradoxe, une telle incongruité monarchiste dans une républicaine au 21e siècle, ne peut plus durer longtemps… Éduquons en conséquence nos réflexions ainsi que nos actions et… Tenons bon !
PSA
Québec
[22 août 2020]
Source : 27Avril.com