Togo : La paranoïa d’un régime aux abois.

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« Je suis comme vous dites : paranoïaque !»  – Scarface

Togo : La paranoïa d’un régime aux abois.

De plus en plus isolé, le pouvoir de Lomé sent sa fin imminente. Comme tout système à bout de souffle, il voit le mal partout et se sent constamment persécuté.Ce trouble pathologique du comportement se traduit par de nombreux faux pas qui ne manquent pas de susciter des réactions controversées à l’échelle planétaire. Coupure d’internet pendant près d’une semaine officiellement pour motif sécuritaire, reparlons-en. Au bout de la manœuvre, des pertes économiques incalculables tant pour le citoyen lambda que pour les opérateurs économiques. Ayant perdu la bataille de l’opinion, le pouvoir croyait avoir trouvé le moyen imparable contre la diffusion virale des images de la mobilisation populaire et de la barbarie des forces dites de l’ordre. Pourtant, cette stratégie, mal pensée, a montré ses limites car le résultat n’a pas été au bout. Énigmatique attitude de la part d’un pouvoir qui excipe d’un argument économique pour interdire l’accès de la Nationale n°1 à des manifestants de l’opposition et qui trouve vertueux de priver tout un pays de la connexion Internet aussi longtemps. Au nom de la sécurité nationale !

Depuis lors, des réunions se multiplient du côté du pouvoir et on y multiplie des initiatives. Alors que la mal gouvernance figure aux premières loges des pratiques systémiques que dénonce le front contestataire, le pouvoir ne s’est nullement embarrassé d’organiser à coup de millions FCFA un concert gratuit fort controversé pour la paix. De l’argent qui aurait pu servir à une cause plus utile. La paix ne s’obtient pas au détour d’un concert, ce n’est pas un mot, c’est un comportement, dixit feu Houphouët Boigny, président ivoirien. Et lorsque l’on ne sème pas les graines de la paix, c’est une absolue illusion que d’espérer en récolter les fruits rien qu’en la chantant ou en la récitant. D’ailleurs de quelle menace à la paix était-il question ? Le concert a eu lieu, les jeunes se sont divertis, les artistes s’en sont mis plein les poches, mais la vie a continué dans ce bled et est toujours rythmée par des appels au départ de Faure Gnassingbé du fauteuil présidentiel. Le retrait de l’accréditation de la correspondante de TV5 Monde et de France 24 Emmanuelle Sodji accusée de faire un traitement déséquilibré et partial de l’information de ces derniers temps au Togo et son expulsion restent une preuve de plus et que la paranoïa au pouvoir a atteint son paroxysme.

Autre signe de la paranoïa du pouvoir, chacun des appels des forces démocratiques à des manifestations de rue est depuis peu, perçu comme une réelle menace au pouvoir de Faure Gnassingbé. En guise de parade, les plus farouches pourfendeurs des manifestations de rue n’ont trouvé mieux que de s’illustrer par des contre-manifestations curieusement aux mêmes dates et heures. Un chassé-croisé périlleux, un combat que mènent par procuration Faure Gnassingbé et ses adversaires politiques. Le but inavoué pour les collabos, c’est d’éviter de laisser l’opposition et ses sympathisants monopoliser l’arène médiatique et la toile. Demain et après-demain, ils seront encore au rendez-vous. Ailleurs, on dirait qu’ils sont dans la provoc. Mais puisqu’ils se sont trouvé un nouveau goût pour la rue, eh bien qu’ils battent aussi le macadam. C’est un droit qu’on ne saurait leur dénier.

Malgré tout ceci, le pouvoir montre toujours des signes de fébrilité et d’affolement. Une annulation in extremis du voyage de Faure Gnassingbé et compagnie à New York pour la 72ème Assemblée générale des Nations Unies dans ce contexte ne saurait en effet s’expliquer autrement que par une certaine panique de ces derniers à l’idée de perdre ce qu’ils chérissent tant. Entre-temps, ce sont des tentatives d’interdire les manifs publiques les jours ouvrables au travers d’un communiqué et d’amender la « loi Bodjona » dans le sens de la restriction de la liberté de manifester qui démontrent combien ils se sentent menacés. Et à Lomé, on a bien l’impression d’être dans une sorte de régime d’exception, l’état de siège. Les militaires remplacent les forces de sécurité dans les opérations de  maintien de l’ordre, les cordons sécuritaires sont imposés autour de certains sites stratégiques, les militaires postés à des coins et recoins de la capitale, etc. La nouvelle donne qui se dessine permettra-t-elle lors des manifestations, d’échapper à l’ « alternative catastrophique » redoutée par nombre de compatriotes et analystes, Faure Gnassingbé se disant disposé à créer au Togo une réplique de la crise ivoirienne selon certaines indiscrétions ? Vivement !

Meursault A.

Source : Liberté

27Avril.com