TOGO, LA MÉDIATION AUTREMENT : La CEDEAO doit convoquer une conférence inclusive à Abuja ! 11 octobre 2018

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TOGO, LA MÉDIATION AUTREMENT : La CEDEAO doit convoquer une conférence inclusive à Abuja !                                                                             11 octobre 2018

COMMUNIQUÉ CONJOINT DU RÉSEAU DE LA COORDINATION DE LA DIASPORA TOGOLAISE INDÉPENDANTE (RCDTI) ET DU COLLECTIF POUR LA VÉRITÉ DES URNES TOGO- DIASPORA

Les différents acteurs de la médiation-facilitation de la CEDEAO ont commis une erreur stratégique et collective : celle de ne pas avoir fait l’effort d’écouter le peuple togolais.

1. LA VOLONTÉ DU PEUPLE SOUVERAIN

Le peuple togolais détient le pouvoir et ne peut que le déléguer dans un système dit démocratique. Au Togo, cette délégation de pouvoir a cessé d’exister depuis le coup d’Etat et l’assassinat de Sylvanus Olympio, le premier Président élu du Togo,et n’a jamais été rétablie. Un coup d’état suivi d’une politique de division, de tribalisme et de pillage systématique des richesses de la nation qui a fait des émules au point de susciter ailleurs en Afrique, non sans un contrôle des puissances coloniales, des conspirateurs et imitateurs tout particulièrement dans la plupart des pays francophones. Ces coups d’Etat qui permettent de cacher la puissance tutélaire et les militaires non républicains locaux derrière une démocratie de façade, a grandement contribué à la perpétuation d’une mauvaise gouvernance contrôlée par des lobbies extérieures, publiques et privées.

Le mal développement qui en découle, contribue les gouvernants à servir d’abord des intérêts étrangers aux dépens des intérêts des populations africaines. Cette crise du développement exogène repose principalement sur une multitude de courroies de décideurs locaux, -héritiers de la colonisation en postcolonie-, ce qui nourrit les inégalités, l’absence de sécurité sanitaire, la corruption et la pauvreté abjecte dans une partie encore trop importante en Afrique.

La crise institutionnelle, économique, sociale, culturelle, environnementale constatée ne peut que s’accentuer si la volonté des peuples africains souverains continue à être bafouée par des formes africaines de la démocratie qui ne reposent pas sur la vérité des urnes. Ce qui, malheureusement, est le cas du Togo et semble perdurer jusqu’à nos jours, ce paradoxalement avec l’aval d’institution sous-régionale comme la Communauté économique et de développement des Etats de l’Afrique occidentale.

C’est à la lumière de ce constat que le RCDTI et la CVU-TOGO-DIASPORA en appellent à la conscience de chacun, et plus particulièrement Muhammadu Buhari, le Président en exercice de la CEDEAO, pour s’impliquer personnellement afin de corriger les erreurs de stratégie qui font souffrir la grande majorité des populations au Togo, et plus particulièrement les prisonniers politiques au Togo.

En réalité, le pouvoir militaro-civil et ésotérique du clan Gnassingbé et ses affidés ont systématiquement usurpé ce pouvoir par la force, la ruse et le soutien de quelques pays occidentaux. Un triptyque infernal s’est mis en place et perdure à ce jour : il s’agit en priorité de défendre les intérêts d’une oligarchie locale et les intérêts privés originaires de pays étrangers, et pour ce faire le soutien des pays occidentaux concernés s’est concentré sur un réseau ésotérique local et une armée non-républicaine.

Cette dernière ne fait plus de coup d’Etat mais désigne son porte-drapeau, issu de la famille Gnassingbé, actuellement Faure Gnassingbé. Il suffit à ce groupe à trois de s’adjoindre un nombre important de personnalités vénales, opportunistes tant dans la mouvance présidentielle que dans une certaine opposition de légitimation du système pour que le Peuple togolais subisse ad aeternam les abus de droit et de pouvoir, du fait de l’accaparement et la conservation du pouvoir.

Le Peuple togolais s’est fixé comme objectif dans sa Constitution originale de 1992 non amendée : « …Nous proclamons solennellement notre ferme volonté de combattre tout régime politique fondé sur l’arbitraire, la dictature, l’injustice » … C’est donc fidèle à ce principe que la lutte du Peuple togolais est juste, fondée et légitime. C’est au contraire, ceux qui ont accaparé les pouvoirs de l’Etat et en abusent qui offrent au Peuple togolais leur vrai visage, celui de l’arbitraire, de la dictature et de l’injustice. Le Peuple togolais et sa société civile togolaise indépendante doivent retrouver une unité d’action composée des mouvements civils au Togo et ceux de la Diaspora. La capacité d’infiltration du pouvoir RPT/UNIR appelle le Peuple togolais à la vigilance et donc à distinguer entre les mouvements alignés sur le Pouvoir ou sur la Coalition des 14 partis politiques et ceux qui sont indépendants.

2. DES ÉLECTIONS PRÉCIPITÉES AU TOGO : UNE ERREUR STRATÉGIQUE DE LA CEDEAO

En réalité, la CEDEAO a choisi d’aller aux élections en faisant fi du fait que tous les préparatifs préélectoraux au Togo, sont systématiquement frauduleux et permettent l’annonce de contre-vérités des urnes, d’où la crise togolaise et sa pérennisation. Le Peuple togolais s’attendait à voir la C14 ne pas s’inscrire dans la logique des élections sans des réformes institutionnelles et constitutionnelles réclamées depuis l’Accord Politique Global de 2006 et jamais mises en œuvre à ce jour. Pourtant, en optant d’abord pour les élections afin d’accéder à la manne financière de l’Etat prévue pour les campagnes électorales, la C14 risque de se faire doubler par la mouvance présidentielle qui refuse toujours de l’associer au processus vicié, accéléré et bâclé des préparatifs préélectoraux. Il n’est donc pas question de tomber dans le piège des partis d’opposition membres de la C14 comme ceux non-membres de la C14 ainsi que des associations alignées sur la mouvance présidentielle – qui se consacrent aujourd’hui quasi exclusivement à la préparation des élections en oubliant le préalable des réformes institutionnelles et de la transition démocratique – de les laisser mystifier le Peuple togolais au point de légitimer Faure Gnassingbé et son système.

Faut-il rappeler qu’en référence à la Constitution originelle de 1992, Faure Gnassingbé est illégitime depuis la fin de son 2e mandat présidentiel et que le vice de procédure consistant à modifier cette Constitution sans demander l’avis du Peuple souverain par un référendum fait de lui et son système militaro-civil-ésotérique des hors-la-loi. La CEDEAO refuse de considérer ce point qui constitue pourtant la pierre angulaire de la crise politique togolaise.

Mais que le Peuple togolais revienne à la raison ! Compte tenu des dates fixées arbitrairement par la CEDEAO et imposées unilatéralement par la mouvance présidentielle RPT/UNIIR entre le 11 octobre et le 20 décembre 2018 (soit 69 jours en tout et pour tout), peut-on valablement organiser deux élections et un référendum sans trahir l’esprit des revendications de l’insurrection du 19 août 2017, reprenant celles des luttes passées et relancées par Tikpi Atchadam, le Président du Parti National Panafricain (PNP) ? ».

3. QUE FAIRE ? REVENIR À CE QUE DEMANDE LE PEUPLE TOGOLAIS !

La question ne se pose pas. En effet, il convient de revenir aux fondamentaux demandés par le Peuple togolais souverain, ce depuis le refus de Faure Gnassingbé de quitter la présidence depuis la fin de son 2e mandat et refondant ainsi la crise togolaise, à savoir :

  • Le constat de la fin du mandat de Faure Gnassingbé en 2015 avec la conséquence logique d’une démission pacifique de ce dernier et de son système ;
    La mise en place d’un Gouvernement de transition appuyé par une Assemblée Constituante qui aura pour mission principale de réaliser les réformes et procéder à des élections sécurisées, transparentes et dont la proclamation non fondée sur un vote électronique reflètera la vérité des urnes;
  • Le Vote de la Diaspora togolaise.
    En réalité, il faut nécessairement garder à l’esprit que le Président Guinéen, autre médiateur-facilitateur dans la crise togolaise ne verrait pas d’un mauvais œil le fait que Faure Gnassingbé impose le « 3e » mandat présidentiel usurpé au niveau de la CEDEAO afin de lui permettre à son tour de s’imposer, illégalement et de manière anticonstitutionnelle, son troisième mandat présidentiel en Guinée.

4. RECOMMANDATIONS DE LA RCDTI ET DE CVU-TOGO-DIASPORA

C’est ainsi que le Réseau de coordination de la Diaspora togolaise indépendante (RCDTI) et le Collectif pour la Vérité des Urnes Togo-Diaspora (CVU-TOGO-DIASPORA) recommandent fortement de :

  1. reporter sine die les élections législatives et locales du 20 décembre 2018, le référendum sur une Constitution en cours de préparation et qui sera proposée par la CEDEAO tant que le processus de révision constitutionnelle consensuel et la plateforme revendicative du Peuple togolais, ne sont pas mis en œuvre et aboutis ;
  2. proposer des mesures correctives de la CEDEAO pour fixer obligatoirement les réformes constitutionnelles et institutionnelles et électorales y compris le recensement de l’ensemble de la population, la Diaspora incluse avant de futures élections au Togo ;
  3. relancer les marches pacifiques sous l’égide de la société civile togolaise et sa Diaspora indépendante ;
  4. refuser le vote de la nouvelle Constitution proposée par la CEDEAO car un vote à l’Assemblée nationale togolaise ne sera pas consensuel, ce d’autant que ce Parlement n’est pas issu de la Vérité des Urnes et donc est illégitime et fondé sur un découpage électoral favorisant à l’excès la mouvance présidentiel RPT/UNIR et quelques alliés ;
  5. d’exiger le retour des marches et revendications pour réclamer les réformes avant les élections proposées par la CEDEAO. Ces marches, sous l’égide de la société civile et la Diaspora indépendante, doivent continuer en parallèle des négociations inclusives avec le pouvoir au Togo, la C14, des partis politiques non représentés par la C14, la société civile, la Diaspora et bien sûr la CEDEAO et tous observateurs souhaitant soutenir le processus de la vérité des urnes au Togo ;
  6. d’imposer lors des prochaines élections au Togo, que tous les décomptes se fassent en priorité manuellement au niveau de chaque bureau de vote avec un affichage immédiat au niveau du bureau de vote et une copie soit effectuée par la caméra de téléphones mobiles de tous représentants de la société civile togolaise témoin du vote ;tous décomptes électroniques éventuels ne serviront que de recoupement, de vérification et de confirmation des décomptes manuels ;
  7. de solliciter l’armée togolaise et la police togolaises, restées fidèle au Peuple togolais souverain et non à Faure Gnassingbé et son système, pour qu’elles contribuent activement et sereinement à la sécurisation de ces marches pacifiques du Peuple togolais pour la sanctification du pays ;
  8. de remettre la Commission électorale nationale indépendante (CENI) sous la direction de la société civile togolaise indépendante en attendant une Cour constitutionnelle réformée, un découpage électorale rééquilibré, etc.
  9. de rejeter tout fichier électoral réalisé par la compagnie belge ZETES compte tenu des liens non transparents entre cette société et la mouvance présidentielle ;
  10. d’exiger lors des marches pacifiques et dans les contacts diplomatiques qu’au moins deux conférences inclusives aient lieu en zone CEDEAO sous l’égide de Muhammadu Buhari, le Président en exercice de la CEDEAO afin d’y associer les cinq composantes principales et parties prenantes pour une solution pour l’avenir du Togo à savoir les représentants :

10.1 la mouvance présidentielle de Faure Gnassingbé ;

10.2 la Coalition des 14 partis politiques de l’opposition ;

10.3 des partis politiques non représentés par la C14 ;

10.4 la société civile togolaise notamment les « forces Vives – Espérance pour le Togo » ;

10.5 la Diaspora togolaise plurielle et indépendante de la mouvance présidentielle et de la Coalition des 14.

Les représentants de la CEDEAO devront faciliter et éventuellement offrir une médiation en cas de blocage dans la recherche d’un consensus politique.

5. CONCLUSION DE RCDTI ET CVU-TOGO-DIASPORA

La CEDEAO, ne peut continuer à « s’ajuster » en fonction de l’avenir de Faure Gnassingbé. Elle doit accepter de prendre en compte les nombreuses victimes passées et présentes y compris les prisonniers politiques non libérés, dont NUBUEKE, EN AUCUN CAS, SATCHIVI, etc. La CEDEAO doit évaluer les risques énormes qu’elle est en train de faire courir sur les futures victimes d’élections non démocratiques, précipitées et bâclés au Togo.

La CEDEAO doit repenser son rôle en fonction de ce qui est « juste » et ce qui est demandé par le Peuple togolais souverain, sans oublier d’écouter le Gouvernement et la C14. Malheureusement, la CEDEAO a, pour le moment, choisi d’ignorer le Peuple togolais.

À la lumière de tout ceci, le RCDTI et le CVU-TOGO-DIASPORA invitent la CEDEAO :

  1. à réaliser sa médiation AUTREMENT, c’est-à-dire au service du Peuple togolais dans toute sa diversité et pluralité y compris la Diaspora ;
  2. à convoquer la première conférence inclusive des cinq composantes principales et parties prenantes togolaises pour une solution pour « l’avenir du Togo » à Abuja dans les prochaines semaines ;
  3. à proposer un agenda clair et simple qui pourra porter sur la tenue ou non de réformes avant les élections au Togo et sur l’avenir du Togo avec un vote à main levée qui devra sanctionner les débats sur chacun des points portés à l’ordre du jour et accepté par chacune des parties prenantes 2. La CEDEAO restera bien sûr neutre compte tenu de son rôle de médiateur.

L’innovation proposée par RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA pour une avancée effective vers la résolution de la crise togolaise réside dans la convocation par la CEDEAO d’une conférence inclusive à Abuja au Nigeria.

Le 11 octobre 2018.

La Direction du :
Réseau de Coordination de la Diaspora togolaise indépendante (RCDTI) et du Collectif pour la Vérité des Urnes-Diaspora Togo (CVU-TOGO-DIASPORA)

Dr Yves Ekoué AMAÏZO

Jean Pierre Akoete BALIKPO

François FABREGAT

Apelete KODJO

Christian MENSAH

Dr Antoine RANDOLPH

Togo-Online.co.uk