Togo : La Feuille de Route de la CEDEAO déjà en Souffrance !

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Des élections truquées, des rapports traficotés, des accords jetés à la poubelle restent l’apanage du pouvoir des Gnassingbé. Mais de là oser porter un coup de bistouri à une feuille de route élaborée par 15 chefs d’État réunis pour plancher sur la crise politique au Togo, on en doutait.

Curieusement, on tend vers la réalité. En effet, au sortir du 53ème sommet de la CEDEAO le 31 juillet dernier à Lomé, au-delà des positions divergentes des Togolais sur les propositions de sortie de crise, se dresse un débat de traficotage des recommandations proposées à la classe politique togolaise.

Du rapport lu par le ministre togolais des Affaires Étrangères et de l’Intégration Africaine Robert Komlan Dussey et diffusé instantanément sur les réseaux sociaux et un autre corroboré par la version anglaise sur le site internet de la CEDEAO, il y a des omissions (sic) aux points 42 et 50. Sur la feuille de route jugée authentique, le point 38, l’équivalent du 42 sur celle contestée, il est stipulé au point d-« le renforcement du processus électoral, en particulier le fonctionnement effectif avec une participation inclusive de l’ensemble des acteurs à la CENI ». Cette dernière partie concernant la CENI a été charcutée.

Il en est de même pour le point 50, l’équivalent de 46 sur la « vraie » feuille de route, il est dit que « la Conférence des chefs d’Etat décide d’instituer un Comité de Suivi composé des représentants des Facilitateurs et de la Commission de la CEDEAO pour assurer le suivi de la mise en œuvre des présentes décisions ». Or, Robert Komlan Dussey annonce de son côté que le Comité de Suivi est composé des représentants des Facilitateurs, de la majorité au pouvoir, de la Coalition des 14 partis de l’opposition et de la Commission de la CEDEAO. Il n’en fallait pas plus pour que le fossé de la méfiance grandissante s’installe à nouveau.

Quel intérêt le pouvoir a-t-il à traficoter un rapport sensé l’aider à normaliser son pays ? Ce régime étant coutumier des faits similaires, le fait du charcutage de la feuille de route ne surprend plus grand monde. Mais ces propositions étant entre les mains de plusieurs acteurs, ce charcutage ne servirait à rien du tout si ce n’est que cela décrédibilise Faure Gnassingbé et son gouvernement. Nul doute que la prochaine rencontre entre les différents acteurs et la CEDEAO sera marquée par cette polémique.

Malheureusement, le dicton populaire selon lequel « qui a bu boira » colle étrangement à la peau de ce régime cinquantenaire. Si la feuille de route est déjà en souffrance entre les mains du pouvoir togolais, qu’en sera-t-il de son application ? Vivement la fin.

Source : Le Correcteur No.831 du 06 Aout 2018

27Avril.com