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Togo : la culture des élections jouées d’avance ?

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Le Togo se prépare à aller bientôt à des élections régionales et à des législatives. On sait qu’après toutes les élections organisées depuis 1993, le régime s’est à chaque fois proclamé gagnant. Avant de se poser la question de savoir si l’opposition togolaise devrait encore participer à ces élections annoncées, essayons de voir dans quel type de système politique pouvons-nous classer le Togo : un système démocratique ou un système de dictature ?

  1. Démocratie et Dictature
  • La démocratie. La démocratie peut se traduire littéralement par les expressions suivantes : « un Gouvernement du peuple » ou « un Gouvernement de la majorité ». En tant que forme étatique, la démocratie se démarque de la monarchie, de l’aristocratie et de la dictature. Peut-être avons-nous déjà entendu parler de la définition la plus courante de la démocratie à savoir “le gouvernement du peuple, par le peuple, et pour le peuple” (Abraham Lincoln). Pour être plus concret, on pourrait dire que dans un système politique démocratique, le pouvoir vient du peuple, ou le pouvoir est contrôlé par le peuple à travers ses représentants et pour ses intérêts. Dans les paragraphes qui suivent, nous reviendrons sur ces différentes facettes de la démocratie dans la comparaison entre la démocratie et la dictature.
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b- La dictature. La dictature est un régime politique dans lequel une personne ou un groupe de personnes exercent tous les pouvoirs de façon absolue, sans qu’aucune loi ou institution ne les limitent. Il faut préciser toutefois qu’un régime dictatorial peut avoir des lois, des institutions, voire un parlement avec des députés élus, mais ces derniers ne sont pas élus à travers des élections libres ; et ils ne forment donc pas des contre-pouvoirs. C’est pourquoi Hannah Arendt affirme que les lois qu’un régime de dictature promulgue sont éthiquement illégitimes, et que les institutions y sont factices. Les lois et les institutions y sont faites en effet pour servir les intérêts de la dictature et de ses tenants.

c- La dictature s’oppose à la démocratie. Le pouvoir n’étant ni partagé (pas de séparation des pouvoirs), ni contrôlé par le peuple (absence d’élections libres, de constitution…), les libertés individuelles n’étant pas garanties, la dictature s’oppose à la démocratie ; elle s’impose au citoyen et se maintient au pouvoir par la force en s’appuyant sur l’armée, sur une milice, sur un parti, sur une caste, sur un groupe religieux ou social.

La principale différence entre un régime politique autocratique et un régime politique démocratique, c’est que dans le deuxième cas, les individus ont leur mot à dire dans les affaires politiques et peuvent choisir qui les gouverne. Il existe aussi dans ce système des contre-pouvoirs et des mécanismes de contrôle du pouvoir exécutif. Dans le cas d’un régime de dictature, une personne ou un groupe de personnes a la mainmise sur le pouvoir, et limite la capacité des citoyens et citoyennes à prendre des décisions les concernant. L’État de dictature restreint la liberté de la presse, l’indépendance du judiciaire et les pouvoirs du parlement. Alors que le régime démocratique respecte le pluralisme des opinions, le régime de dictature impose aux citoyens de regarder dans la même direction et réprime tous ceux qui s’en écartent.

La liberté de la presse, l’indépendance de la justice, la liberté d’expression et la liberté d’association… sont les piliers du régime démocratique ; ils ne sont pas respectés dans un régime de dictature. Chacun de ces critères de la démocratie est crucial pour garantir le contrôle de l’action gouvernementale. En se fondant sur les deux définitions qui précèdent, … », dans quel système politique peut-on classer le Togo ?  On peut dire, sans ambiguïté, que le régime politique togolais se trouve de toute évidence dans la catégorie des régimes de dictature depuis 1967. C’est dans ce régime que les élections ont toujours été organisées depuis cette date.

Un dernier fait qui mérite d’être mentionné. Par principe, l’élection constitue une « soupape de sécurité » au sein de la société démocratique. Elle permet aux citoyens d’exprimer périodiquement leurs mécontentements par la procédure des urnes ou, au contraire, de donner un nouveau mandat au pouvoir sortant. Les élections démocratiques confèrent aux élus une légitimité.

Si elles sont libres, elles offrent plusieurs options au citoyen. Au contraire, dans un régime politique autocratique, qu’elles aient lieu ou non, le choix reste inévitablement limité ; et il fait souvent l’objet d’une ingérence de la part du pouvoir despotique en place, lequel peut refuser de partir en cas de défaite électorale.

2- Les élections au Togo

Au Togo, les conditions des élections sont celles décrites plus haut dans les régimes autocratiques : listes électorales manipulées ; commission nationale électorale indépendante taillée sur mesure ; bureaux de vote taillé sur mesure ; procès-verbaux tronqués ; bulletins de vote emportés par des agents de sécurité sous la menace ; institutions chargées de l’organisation dues votes placées sous l’emprise du régime despotique …

Les candidats des partis politiques de l’opposition ne peuvent pas faire campagne normalement ; ils n’ont rien d’autre à faire dans le processus électoral que de se plaindre à l’issue du scrutin que « les élections n’ont pas été libres, équitables, transparentes … »

Les divers scrutins organisés par le régime politique togolais ne sont ainsi que de la poudre aux yeux, pour lui permettre de continuer de se maintenir au pouvoir.

Dans la mesure où la loi électorale n’a subi aucune modification depuis les présidentielles du 22 février 2020, tout laisse présager donc que les régionales et les législatives annoncées se dérouleront dans les mêmes conditions que les scrutins passés ; qu’elles seront, elles aussi, des élections pipées d’avance, avec au bout du compte le même résultat : de nouveaux élus qui ne pourront, eux aussi, rien faire d’autre que d’accompagner le régime autocratique en place, dans sa volonté de se maintenir au pouvoir contre la volonté populaire.

Comme la CDPA-BT l’a toujours dit, au lieu de se précipiter encore au portillon pour aller à ces prétendues élections, les uns contre les autres en plus, les partis de l’opposition devraient travailler ensemble pour mettre fin aux élections pipées d’avance dans le pays (les boycotter ensemble) et créer ensemble pour le pays les conditions objectives et subjectives d’élections libres, équitables et transparentes.

L’opposition ne doit plus continuer de se tromper de combat.

Fait, en Allemagne le 15 MARS 2023

Pour la Section CDPA-BT

Awute Komla

Source : Icilome

Source : Togoweb.net