Par Marcelle Apévi, togo-online.co.uk
Le dialogue inter-togolais aussitôt repris vendredi 23 mars dernier, a vite connu une nouvelle pause. Pour cause, le RPT/UNIR défend mordicus une candidature de son “champion”, le prince Faure Gnassingbé en 2020. Chose inadmissible sur laquelle la coalition des 14 partis politiques de l’opposition reste intraitable. En conférence de presse ce lundi 26 mars à Lomé, la coalition des 14 a fait l’état des lieux des discussions, informé l’opinion des changements intervenus dans les revendications portées par le peuple depuis le 19 août 2017, et lancé l’appel à la mobilisation du peuple quant à la reprise des manifestations au cas où le RPT/UNIR refuserait d’entendre raison.
En lieu et place du retour à la constitution de 1992, la coalition propose une période transitoire au cour de laquelle seront opérées toutes les réformes avant d’organiser des élections transparentes, crédibles, libres et démocratiques bien-sûr sans Faure Gnassingbé, en 2020 pour permettre au peuple de choisir librement son dirigeant.
Lire la déclaration de la coalition
Conférence de presse du lundi 26 Mars 2018
Déclaration liminaire
La Coalition des 14 Partis de l’Opposition vous remercie de cette nouvelle occasion que vous lui donnez de s’adresser, à travers vos médias respectifs, à l’opinion publique nationale, aux Togolais de l’étranger et à la communauté internationale.
Après un mois de suspension, le Dialogue s’est réuni à nouveau le vendredi 23 Mars 2018 à Lomé sur invitation du Facilitateur qui en a présidé les travaux. L’objectif de cette conférence de presse est de rendre compte, à travers vous, aux populations togolaises dont nous portons les aspirations légitimes à la démocratie et au développement et qui s’interrogent à raison sur le contenu et les résultats des discussions de vendredi dernier.
Les travaux de ce troisième round de discussions se sont déroulés en une série de plénières et de consultations au cours desquelles le Facilitateur a souhaité connaitre la limite que chacune des parties s’impose.
Le Facilitateur a d’abord présenté aux deux parties, les résultats des consultations qu’il a eues avec les autorités togolaises sur un point soulevé par la Coalition lors de la précédente séance de discussions et un deuxième point sur lequel la Coalition l’avait saisi par écrit.
S’agissant de la demande de cessation du processus électoral unilatéralement conduit par le gouvernement, le Facilitateur a informé la Coalition de la décision des autorités togolaises d’y accéder. Cette information a été confirmée par la partie gouvernementale au Dialogue.
En ce qui concerne les violences militaires de Kparataou, le Facilitateur a indiqué que les enquêtes diligentées sur le terrain ont permis de relever dans la zone, une forte présence militaire qui est source de tension.
Au cours de l’entretien bilatéral qu’il a eu avec la Coalition, le Facilitateur a cherché à comprendre si le retour à la Constitution de 1992 ne peut pas s’opérer par la réintroduction des dispositions amandées et quelles étaient les dispositions essentielles concernées.
Au terme d’un long débat, la Coalition a indiqué que les modifications unilatérales perpétrées par le régime RPT sur la Constitution adoptée à plus de 98 % par les Togolais en 1992 est une remise en cause grave de la volonté populaire. Les modifications concernaient fondamentalement les points suivants :
- Les conditions d’éligibilité du Président de la République
- La limitation de mandats avec la mention « En aucun cas,……. »
- Le mode de scrutin uninominal à deux tours pour l’élection du Président de la République
- Les prérogatives et le mode désignation du Premier Ministre
- La recomposition de la Cour Constitutionnelle
Le Facilitateur ayant fait observer que la délégation conduite par le gouvernement n’acceptait pas la formule « En aucun cas nul ne peut exercer plus de deux mandats » parce que visant à exclure la candidature de Monsieur Faure Gnassingbé, la Coalition a répondu que la participation de l’actuel Che de l’Etat à l’élection présidentielle de 2020 est inacceptable pour le peuple togolais. La Coalition a proposé l’ouverture, après le rétablissement des dispositions fondamentales, d’une période de transition jusqu’à la prochaine élection présidentielle. Au cours de cette période, les autorités de transition auront en charge l’administration du pays, la mise en œuvre des réformes électorales et l’organisation consensuelle des prochaines élections locales, législatives et présidentielles.
Le Facilitateur a fait, en plénière, la synthèse des nouvelles positions exprimées par la Coalition et de la réponse du régime RPT-UNIR.
Le pouvoir RPT-UNIR a considéré que la Constitution de 1992 avait été conçue dans des conditions contentieuses et que l’idée même qu’une modification puisse interdire à un individu d’être candidat est inacceptable. Selon le pouvoir RPT-UNIR, les manifestations organisées par l’Opposition depuis le 19 Août 2017 sont une tentative de renversement du régime par la rue et que la Coalition cherche à obtenir par le Dialogue ce qu’elle n’a pas pu obtenir par la rue.
Le Facilitateur a fait le constat du gouffre qui sépare les deux positions apparemment inconciliables tout en indiquant que ce gouffre peut être comblé. Il a exhorté les deux parties à garder la porte du Dialogue ouverte pour continuer à rechercher des solutions et des formules pour parvenir à un règlement durable de la crise dans l’intérêt du Togo.
La Coalition a, au cours de cette plénière, posé avec insistance, le problème des mesures d’apaisement en attirant l’attention du Facilitateur sur l’absolue nécessité de l’achèvement de la mise en œuvre de ces mesures conformément à l’approche politique que lui-même avait déjà recommandée au gouvernement. Elle a également souligné le fait que certains détenus courraient le risque de perdre leur emploi si leur détention allait au-delà de six mois. Suite aux échanges qu’il y a eus sur le sujet, le Facilitateur a demandé à la Coalition de lui fournir une liste nominative des personnes encore détenues à ce jour afin de lui permettre de traiter de cette question avec le Chef de l’Etat togolais.
Face au constat d’impasse, la Coalition a fait part au Facilitateur de sa décision de reprendre les manifestations de rue. Le Facilitateur a précisé que nul ne peut interdire à la Coalition le droit de manifester. Il a néanmoins suggéré de ne pas poser d’actes susceptibles de compliquer sa mission.
La Coalition prend acte de la situation d’impasse volontairement créée par le régime RPT-UNIR pour faire échouer le Dialogue. Elle tient à réitérer, toute sa gratitude à tous les Chefs d’Etat de la sous-région pour leur implication dans la résolution pacifique de la crise qui secoue notre pays. Elle tient à remercier tout particulièrement le Président Nana AKUFO-ADDO du Ghana et tout le peuple ghanéen pour leurs efforts de médiation en vue de trouver une solution durable à la crise togolaise et permettre l’instauration d’une vie démocratique normale au Togo.
Au vu de ce qui précède, la balle est désormais dans le camp du régime qui reste campé sur sa position. Face à cela, la Coalition demande à la population de se préparer pour les prochains mots d’ordre.
La lutte populaire est invincible !
Fait à Lomé le 26 Mars 2018
La Coalition
Togo-Online.co.uk