Faure Gnassingbé prépare activement son quatrième mandat à la tête du pays après plus de 15 de règne et les 38 ans de son père. Après les reformes taillées sur mesure pour lui permettre de se maintenir à la tête du pays jusqu’en en 2030 malgré le rejet massif de son pouvoir par la majorité des Togolais. A moins d’un an de la tenue de la présidentielle de 2020, Faure Gnassingbé dont le pouvoir est essentiellement basé sur l’armée, tient à rallier cette dernière à son aventure de 4è mandat et plus.
Cette armée, épine dorsale du régime cinquantenaire fortement politisée et rangée derrière la famille Gnassingbé, continue d’être un obstacle majeur au processus de démocratisation du pays et particulièrement l’alternance. Elle s’invite généralement de façon brutale dans le jeu politique par des répressions sanglantes des militants de l’opposition, des assassinats et toute sorte d’exactions. Une triste réputation que l’ambassadeur de France Marc Vizy a manqué curieusement de rappeler, à la réception offerte à son domicile le 14 juillet dernier lorsqu’il a pris la parole pour louer un soi-disant « professionnalisme, l’efficacité et la discipline » de l’armée togolaise.
L’hypocrisie et la duplicité voire la complicité des diplomates occidentaux au Togo face au drame que vit le peuple togolais est un véritable sujet d’incompréhension. Nous consacrerons un dossier sur l’approche du dossier togolais par ces diplomates dans nos prochaines parutions.
Pour revenir au sujet du 4è mandat, Faure Gnassingbé tient à rallier l’armée à son projet. Il faut rappeler qu’en dehors de la minorité d’officiers qui s’enrichissent vachement au sommet de l’armée, les autres, la majorité, officiers comme hommes de rang, baignent dans une misère indescriptible. La plupart finissent leur carrière dans le dénuement total et à la retraite, ils sont sollicités pour le métier de gardiennage qui leur permet de joindre les deux bouts.
Et pourtant, ce sont eux qui sont généralement instrumentalisés par les hauts gradés pour réprimer, commettre les exactions sur les civils ou les militants de l’opposition. Pilier fondamental du régime RPT/UNIR, la majorité des hommes et femmes en kaki ne sont pas pour autant heureux. Le plus grand bénéficiaire de leur soutien le sait mieux que quiconque. Et c’est pour cette raison qu’il cherche à les rallier à son aventure de quatrième mandat par un projet de logements sociaux en faveur des militaires. Ce projet dénommé « Cité des braves » (sic) sera mis en forme sur deux sites.
Il s’agit spécifiquement de construire 1000 villas de 2 chambres salon à Adéticopé dans la préfecture d’Agoè et la même chose dans la ville de Kara. Selon les documents consultés par la Rédaction, le financement de ce projet sera assuré par les fonds propres des entreprises retenues qui seront remboursés dès la réception. Un préfinancement des entrepreneurs qui comporte d’énormes risques quant à la garantie de remboursement, selon un expert dans le domaine des projets immobiliers. Le coût réel de ce projet immobilier n’est pas connu, mais pour plusieurs experts dans le domaine, il faut envisager plusieurs milliards. Les villas seront cédées entre 6 et 11 millions l’unité. La pose de la première pierre de ce projet immobilier « Cité des braves » est prévue pour le 22 septembre prochain. Faure Gnassingbé est en train de dérouler sa stratégie du 4è mandat, et ce n’est pas une surprise si c’est à l’armée qu’il pense en premier. Le choix de cette date, veille du 23 septembre, n’est pas un hasard.
Ferdi-Nado
Source : L’Alternative No.814 du 23 juillet 2019
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