Togo : La CENI de Tchambakou Ayassor, la plus Minable

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Togo : La CENI de Tchambakou Ayassor, la plus Minable

La tradition des élections au Togo est souvent source de division de par les irrégularités et les coups de force qui l’entourent. Pour des élections plurielles au Togo depuis 1998, toutes ont été contestées. Mais les réformes ayant abouti à la mise en place de la Commission Electorale Nationale (CEN) en 1998 devenue plus tard Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) chargée de l’organisation et de la supervision des opérations électorales n’a rien changé au fond. Le pouvoir s’arrange pour noyauter cet organe essentiel des élections en l’infectant par ses hommes et femmes liges.

On a en mémoire les spectacles désobligeants et infamants de la présidentielle de 1998 avec la démission arrangée de dame Awa Nana, le feuilleton indigeste de 2010 et de 2015 avec Issifou Taffa Tabiou, les mises en scène de Kodjona Kadanga pour les législatives du 20 décembre 2018, les insuffisances remarquables de dame Angèle Dola Aguigah en 2013 sans oublier Tozim Potopere en 2007 dans l’ordre du passable. En réalité, le Togo doit tirer les enseignements sur les différents scrutins dans le sens de l’amélioration constante pour que les élections requièrent tout leur sens et leur essence au Togo. Paradoxalement, c’est tout le contraire.

En dehors du découpage électoral inique, les législatives de 2007 après l’Accord Politique Global (APG) ont été dans l’ensemble moins contestées. Au lieu que le gouvernement prenne exemple sur ce scrutin pour avancer tout en gommant les insuffisances, à quoi assiste-t-on depuis 2010 ? Que du fiasco ! Et 2019 semble le summum de la catastrophe qui s’annonce.

La CENI version Ayassor, la plus minable ?

A l’étape actuelle du processus devant conduire aux élections municipales du 30 juin prochain, sans aucun doute, la CENI est largement en deça des attentes. Trois jours après l’ouverture de la campagne électorale, aucun spécimen du bulletin de vote n’est disponible. Or, c’est un outil essentiel d’une campagne électorale. Plus désobligeant, c’est maintenant que le Président de la CENI Tchambakou Ayassor appelle les têtes de liste à une réunion pour demain mardi 18 juin pour la validation des logos. « Le Président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) tient à appeler à l’aimable attention des chefs de partis politiques et des candidats indépendants, que les candidats en tête de liste ou leurs représentants dûment mandatés doivent impérativement se présenter le mardi 18 juin 2019 au siège de la CENI à partir de 09 heures pour la validation de leur logo et de leur nom et prénoms sur le bulletin de vote », renseigne le communiqué en date du 15 juin 2019.

Quelle aberration ! Quelle légèreté blâmable ! A-t-on pensé aux risques des candidats du Togo profond ? Quel jour finalement les spécimens seront-ils disponibles ? Après la campagne ? A ce jour, le fichier n’est pas disponible. Combien sont-ils les électeurs sur la liste définitive pour le scrutin dans quatorze jours ? Un véritable mystère. Pourtant, l’article 60 du Code électoral est bien clair. « La CENI gère le fichier électoral en vue du contrôle des inscriptions sur les listes électorales. Les partis politiques légalement constitués et le ministère chargé de l’administration territoriale ont un droit d’accès au fichier ». Dans son message aux candidats lors du lancement de la campagne, le Président de la CENI a avancé des chiffres. «Au total 565 listes pour 643 sont retenues pour l’élection de 1527 conseillers municipaux », a-t-il dit, le nombre d’électeurs, point.

Pour M. Ayassor « dès l’entame de notre prise de fonction, nous avons mis un point d’honneur à organiser des élections municipales à la satisfaction de tous, trente-deux ans après le dernier scrutin du genre » avant d’ajouter « Cette opération de charme est un moment déterminant, voire crucial pour notre pays dans sa ferme volonté de poursuivre le raffermissement de ses acquis démocratiques et du consensus des acteurs politiques autour des valeurs à dimensions politique et sociale qui font la fierté de notre peuple, au plan national et local. Ainsi, par ma voix, la CENI tient à rappeler particulièrement aux entités en compétition électorale, la nécessité, entre autres, de ne prendre aucune liberté, c’est-à- dire de tenir pour de rigueur l’observation des principes de respect mutuel, de courtoisie, de tolérance, de non-violence et du vivre ensemble. Il est de notre devoir à tous de faire en sorte que les élections municipales du 30 juin 2019 soient une opportunité pour conforter, malgré nos divergences notamment politiques, la richesse de notre diversité à bien des égards ainsi que la stabilité et la paix sociale chères à notre pays.

Ayons donc tous un comportement citoyen afin de pouvoir créer des espaces de liberté de choix pour garantir un scrutin libre et transparent. Aussi, j’en appelle au sens élevé de responsabilité des candidates et des candidats, qui doivent inscrire toutes leurs activités de campagne dans le respect strict de la loi électorale, en observant entre autres, les dispositions des articles 67, 71 et 72 du code électoral ».

Comment peut-on organiser des élections crédibles dans ces conditions ? Par ailleurs, dans cet imbroglio, on constate un silence assourdissant des représentants de l’opposition à la CENI en l’occurrence Awudi Kodzo du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) et Bessinaba- Yemba Wipang de l’Alliance pour la Démocratie et le Développement Intégral (ADDI). Sont-ils entrés à la CENI par les fenêtres au point de lier leur bouche comme des carpes ? Aucune autre CENI n’a fait pire dans l’histoire des élections au Togo.

Dans cette ambiance, beaucoup de gens se moquent des Togolais. Comment des élus municipaux dans ces conditions peuvent susciter l’adhésion des populations à la base ? Pour les législatives du 20 décembre 2018, le pouvoir avait indiqué que c’est une date de la CEDEAO qu’on ne peut pas modifier. Aujourd’hui, c’est la même CEDEAO qui a aussi fixé le 30 juin pour les municipales ? Que les gens aient au moins à l’esprit que le Togo est un patrimoine commun de plus de 7 millions d’âmes

Source : Le Correcteur No.885 du 22 juillet 2019

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