Togo: la CEDEAO s’organise pour prendre des décisions contraignantes et imposables

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L’on en sait un peu plus depuis samedi sur la position de la majorité des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO sur la crise socio-politique que traverse le Togo. La situation est même réduite à de simples tensions socio-politiques par l’organisation sous régionale ouest-africaine. Même si cette évolution est sémantique, elle ne traduit pas moins une nuance non négligeable. Les contours du schéma de sortie de crise ont été dessinés et la démarche pour y parvenir est définie. La formalisation de la facilitation et la désignation de deux co-facilitateurs préfigurent des changements d’approches dans les efforts externes pour amener les acteurs politiques à une solution, commentent certains diplomates de la sous-région. Pendant ce temps, le régime togolais se réjouit que l’exigence liée au respect des délais légaux ait pu trouver un écho favorable auprès de l’organisation sous régionale.  Retour sur les coulisses du sommet de Lomé qui prépare le terrain à des décisions contraignantes.

Selon des sources concordantes, lors de la séance à huis clos des chefs d’Etat, les dirigeants de la CEDEAO ont exprimé « leur agacement et dénoncé le comportement de la coalition de l’opposition togolaise ». Certains d’entre eux auraient estimé que les ambitions personnelles et les intérêts partisans ne doivent jamais conduire des acteurs politiques à poser des actes et avoir des agissements contraires aux intérêts majeurs de leur pays et de la sous-région.

Dans les coulisses du sommet de Lomé, il ressort que certains chefs d’Etat n’auraient pas apprécier la tentative de manifestation de l’opposition le samedi dernier.

« Quelque soient leurs récriminations vis-à-vis des autorités togolaises, ce n’est pas adroit de choisir la période de notre sommet pour manifester et faire parler d’eux », aurait lâché l’un des importants chefs d’Etat de la sous-région, tandis qu’un autre aurait estimé qu’ils auraient tort de laisser le désordre et la chienlit s’installer dans l’un des pays membres, ajoutant que la liberté doit être jouie dans l’ordre pour éviter l’anarchie. « Qu’est-ce que c’est que cette histoire de rétroactivité de réforme constitutionnelle visant à exclure une personne particulière ? Si nous acceptons que la rue soit utilisée pour remettre en cause l’ordre constitutionnel, s’en serait terminé de la stabilité politique et institutionnelle et de la sécurité juridique », aurait renchéri un autre Chef d’Etat, selon des informations rapportées par une source diplomatique.

Selon cette source, l’un des Chefs d’Etat aurait aussi dénoncé une sorte de collusion entre les médias étrangers, friands de mauvaises nouvelles, des drames et des malheurs sur notre continent, avec une opposition qui cherche à faire parler d’elle et à détourner l’attention médiatique sur ses activités plutôt que sur les délibérations des chefs d’Etat de la CEDEAO qui se préoccupent des défis de paix et de stabilité et des enjeux de développement économique et social.

Pour les dirigeants de la CEDEAO, il est temps de cesser de tourner en rond et d’accréditer le sentiment d’enlisement et de blocage du dialogue, au mépris des principes démocratiques et juridiques pourtant essentiels.

 « La clarté et la fermeté doivent être préconisées dans la poursuite du dialogue et les efforts pour forger une solution politique aux tensions et aux contestations politiques qui ont assez duré. Les acteurs politiques togolais doivent se souvenir des drames auxquels les politiques d’exclusion ont déjà conduit dans notre sous-région, comme ce fut le cas avec le concept d’ivoirité et les tentatives et manœuvres pour empêcher l’actuel président ivoirien de se porter candidat aux élections présidentiels en Côte-d’Ivoire », confie à Togo Breaking News, une personnalité d’un pays voisin ayant pris part aux travaux.

Nous apprenons également que les dirigeants de la sous-région rejetteraient catégoriquement toute idée de « rétroactivité des réformes constitutionnelles, légales et réglementaires », soulignant les conséquences que cela pourrait entraîner, non seulement au Togo mais partout ailleurs dans la sous-région et sur le continent.

Vers des décisions contraignantes et imposables à tous les acteurs

Les dirigeants communautaires seraient décidés à prendre une position et des décisions fermes sur le dialogue et les réformes politiques au Togo. Raison pour laquelle la conférence des chefs d’Etat a décidé d’instituer une double facilitation ghanéenne et guinéenne, en chargeant les Président Nana Akufo-Addo et Alpha Condé d’accompagner le gouvernement et les acteurs politiques togolais dans la réalisation des réformes constitutionnelles et institutionnelles. Un accent a été placé sur le respect des normes et principes de la démocratie et de l’Etat de droit auxquels ces réformes doivent se conformer.

Par ailleurs, un éminent cadre du régime togolais estime que l’appel à intensifier et à accélérer les efforts de la facilitation est un signe évident de « l’exaspération des chefs d’Etat et de gouvernement face au sentiment d’enlisement et de blocage, et le manque de fermeté des autorités ghanéennes qui, jusque-là ont cherché à ménager l’opposition sur des questions et des règles pourtant essentielles » telles que la volonté de remettre en cause un mandat présidentiel acquis démocratiquement et reconnu pleinement par la CEDEAO et la communauté internationale et, plus grave, « l’esprit d’exclusion qui sous-tend les débats sur la candidature ou non de l’actuel chef de l’Etat aux futures élections présidentielles ».    

« Les préoccupations et les exigences liées à l’échéance constitutionnelle et au calendrier électoral tenant à l’organisation des élections locales et législatives ont également trouvé un grand écho auprès des Chefs d’Etat. Désormais, la poursuite du dialogue et les facilitateurs doivent tenir compte de cet impératif lié au respect des délais légaux », croit ce membre du pouvoir de Faure Gnassingbé.

De plus, la Commission de la CEDEAO est instruite d’apporter son appui aux facilitateurs qui doivent proposer des recommandations précises. Il nous revient que ces recommandations seront examinées et feront l’objet de décisions contraignantes et imposables à tous les acteurs togolais lors du prochain sommet des chefs d’Etat et de gouvernement.

De ce fait, l’on estime dans les milieux diplomatiques togolais que le schéma de sortie de crise et les principaux points et aspects de la révision constitutionnelle seront déterminés et connus à Lomé lors du prochain sommet de la CEDEAO avant le passage de témoin entre le président Faure Gnassingbé et son homologue nigérian. 

« L’incurie et le comportement hasardeux des responsables de la coalition, en décidant de relancer les manifestations, ont finalement eu pour conséquence le désaveu cinglant de la coalition de l’opposition au niveau intérieur et un isolement sans précédent au niveau sous régional », commente un cadre d’Unir pour qui, il y a désormais un avant 14 avril et un après 14 avril 2018.

De l’autre, l’on apprend que la Coalition des 14 partis politiques de l’opposition s’apprête à donner son avis, de façon solennelle, sur le contenu de la déclaration de la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO.

TogoBreakingNews.info