Depuis la diffusion de son discours ou sa langue a « mal tourné », le général Felix Kadangah est devenu la risée sur les réseaux sociaux. Commentaires, montages, railleries fusent de tous parts à l’endroit du Chef d’Etat-Major des FAT. Cela n’est pas du gout du président du NET, Gerry Taama. En sa qualité d’ex officier de l’armée , le jeune politicien prend la défense de son supérieur dans un message posté sur sa page Facebook. Lecture.
J’ai connu le général Kadangah en 2004 quand il commandait la FIR. Fraîchement revenu de la lande bretonne, je trouvais à l’époque que cet homme racé et athlétique correspondait parfaitement à l’image que je me faisais de l’officier togolais. Doté d’un humour caustique, homme de terrain et très proche de ses officiers (beaucoup trop même, il dormait presque au camp), il avait de l’allure.
Assez curieusement, c’est après avoir quitté l’armée que j’ai appris à le connaitre réellement. Débarrassé de la discipline militaire, j’allais jouer au ballon militaire à la FIR, et c’est ainsi que j’ai fini par développer avec lui, non pas une amitié, mais une cordialité de bon aloi.
Notre connivence passagère reposait sur notre amour de la lecture, car le jeune commandant que je connaissais était friand de livres, surtout d’histoires militaires. Combien de fois ne suis-je pas revenu de France avec dans ma valise, un ou deux livres pour lui, soit sur commande, ou à ma propre initiative. Le dernier livre que je lui ai remis, et à ma propre initiative, était une biographie de Napoléon Bonaparte; un épais livre broché de 500 pages environs. Un homme de culture donc.
En entrant en politique, j’ai bien entendu mis un terme à toutes ces fréquentations. Les opposants ont malheureusement mauvaise presse dans l’armée, j’en ai déjà parlé ici. Inutile d’embarrasser des gens avec ces visites.
Quand je lis sur les réseaux sociaux ce qu’on dit sur un tel homme, je suis peiné, sans être désemparé. Lui saura gérer tout ça avec le flegme dont je lui connais. C’est souvent la famille., les enfants qui sont les plus affectés. Ces derniers jours, ma famille a été plus affectée par les attaques sur ma personne que moi-même.
Quand j’ai vu la vidéo, j’ai compris tout de suite ce qui s’est sans doute passé. On lit un discours, et un moment on décide d’improviser parce qu’une idée vient de vous traverser la tête, mais les choses vont trop vite et l’esprit ne suit pas la parole. Et on finit pas dire n’importe quoi. S’il s’était agit d’un politicien, il aurait rattrapé rapidement par un trait d’humour, et on en sera quitte. Mais l’armée n’est pas la grande muette pour rien.
Le grand criminel, c’est celui qui a diffusé ça à la TVT. Un tel amateurisme n’est pas tolérable.
Cet incident a totalement occulté la cérémonie d’hommage aux trois militaires tombés au champ d’honneur. Personnellement, je suis opposé à cette privatisation des honneurs militaires, entre l’armée et son chef suprême. Des leaders politiques, religieux, et la société civile devraient être associés à ces hommages. C’est la nation qui pleure ses morts. J’aurai aimé aussi qu’on organise des cérémonies d’hommage pour les victimes civiles aussi, et ce en présence du chef de l’Etat.
J’ai connu le capitaine Tangaou. Il était mon cadet, mais nous avions en commun une fougue épidermique, ignorants les dangers. En 2004 en Cote d’Ivoire, alors que j’étais casque bleu, des salopards m’ont tiré dessus, et à mon tour, faisant fi du danger, je leur ai tiré dessus aussi. Heureusement, on s’est ratés et chacun est parti de son coté. La spécificité militaire, c’est justement le privilège de donner et de recevoir la mort, au nom de la communauté nationale. Voila pourquoi je suis et je resterai opposé à la présence des militaires pour encadrer les manifestations. Ce n’est pas leur boulot.
Je ne pleurerai pas Tangaou. Je boirai une bière à son honneur. On ne pleure pas le départ des guerriers. Il nous attentent au Walhalla ou nous poursuivrons nos combats et nos ripailles, avec la gouaille habituelle des officiers.
Gerry Taama
TogoTopInfos.com