Togo-La campagne de recensement des Togolaises et Togolais de l’extérieur n’est-elle pas un piège pour la diaspora ? CODITOGO demande des clarifications aux autorités

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La Coalition de la Diaspora Togolaise pour l’Alternance et la Démocratie (CODITOGO) tient à informer la Diaspora et l’opinion nationale et internationale, qu’à sa très grande surprise, elle s’est vue attribuer, alors qu’elle ne l’a jamais demandé, un compte de recenseur agréé dans le cadre de la campagne de recensement des Togolaises et Togolais de l’extérieur orchestrée par le ministère des affaires étrangères du Togo. Cet agrément nous a été notifié par un message adressé directement dans notre boîte courriel, sans aucun contact préalable avec un responsable de notre coalition. S’agirait-il d’un canular, d’une tentative de manipulation ou d’une erreur de méthode ? Quoiqu’il en soit et en attendant la réponse du gouvernement togolais à nos demandes de clarifications, CODITOGO se saisit de cette occasion pour porter à la connaissance des Togolaises et Togolais, et en particulier celles et ceux de la Diaspora, sa position par rapport à cette campagne de recensement et à cet agrément qui nous est octroyé sans que nous l’ayons sollicité.

Depuis sa création à Paris le 09 décembre 2017, CODITOGO n’a eu de cesse d’interpeler le gouvernement togolais sur des sujets divers touchant à la prise en compte des droits des Togolaises et Togolais de la Diaspora, aux libertés publiques des citoyennes et citoyens togolais, à la transparence et à l’équité dans les élections, à la fin de l’impunité des crimes aussi bien dans le domaine économique que contre les personnes, à la nécessité de la primauté de l’intérêt général sur les intérêts particuliers, à l’indépendance et l’impartialité de la justice … . La liste est longue et nos archives regorgent de lettres et de communiqués appelant le gouvernement à se conformer aux pratiques d’un état de droit.

Or, force est de constater que nos nombreuses alertes et interpellations sont restées vaines et sans réponse. Au contraire, de nombreuses actions et mesures engagées par les autorités publiques togolaises n’ont fait qu’aggraver la situation dans les différents domaines dans lesquels nous les avons interpelées.

S’agissant en particulier des Togolaises et des Togolais de l’extérieur, les atteintes à leurs droits se sont multipliées et en dépit des discours officiels, ces compatriotes font l’objet de mépris, de harcèlement, voire de persécution. On notera en particulier :

Les tracasseries et complications administratives pour l’établissement de documents auprès des ambassades et consulats du Togo dans les pays d’installation de la Diaspora ;

Les restrictions administratives visant à priver la Diaspora du droit de vote, de représentation et d’éligibilité en violation de l’article 21 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme ;

La mise en place, dans une grande opacité, d’un Haut Conseil des Togolais de l’Extérieur (HCTE) sans prendre en considération les observations et objections légitimes formulées par de nombreuses organisations de la Diaspora ;

Les harcèlements, les menaces, les rackets, les emprisonnements et les poursuites en justice contre des Togolaises et Togolais de l’extérieur en raison de leurs opinions politiques.

Pour toutes ces raisons, un climat de méfiance, voire de défiance, s’est installé entre la Diaspora et les autorités publiques togolaises.

C’est dans ce contexte de déficit de confiance que les autorités publiques ont lancé une campagne de recensement dont les objectifs officiels et les modalités sont loin de convaincre et de rassurer la Diaspora. Et ces autorités publiques voudraient entraîner CODITOGO dans cette campagne aux résultats incertains, sans avoir obtenu au préalable son consentement.

Aussi, il y a lieu de s’interroger sur la pertinence et l’utilité de compte de « recenseur agréé » accordé à des associations à travers la Diaspora, alors que le recensement est supposé être fait de manière électronique. Cette option surprenante pourrait favoriser la manipulation des résultats, une situation malheureusement habituelle au Togo.

Soyons clairs ! CODITOGO conçoit que la prise en compte de la Diaspora togolaise dans les politiques publiques passe par son identification et donc par son recensement.

Par ailleurs, si elle est sincère, la volonté des autorités publiques togolaises d’associer et d’impliquer la Diaspora dans l’œuvre de la construction nationale est une ambition noble et salutaire à laquelle CODITOGO peut facilement adhérer.

Toutefois, une série d’actions concrètes devraient être engagées préalablement pour rassurer la Diaspora et instaurer un climat de confiance favorable à toute coopération. Il s’agit notamment de :

Mettre fin aux harcèlements administratifs et aux persécutions judiciaires dirigées contre des Togolaises et Togolais de la Diaspora en raison de leurs opinions politiques ;

Libérer les Togolais de la Diaspora incarcérés pour leurs opinions politiques ;

Réformer le Haut Conseil des Togolais de l’Extérieur (HCTE) pour en faire une véritable institution représentative et d’utilité publique au service de la Diaspora togolaise riche de sa pluralité d’opinions ;

Accorder à la Diaspora togolaise un quota de représentation au sein de l’Assemblée nationale ;

Lever les restrictions constitutionnelles et institutionnelles au droit de vote et d’éligibilité de la Diaspora togolaise ;

Donner des garanties réelles de ne plus mettre en prison ou de poursuivre en justice des Togolais de l’extérieur en raison de leurs opinions politiques ;

Faciliter la réconciliation et la cohésion nationale en suspendant les poursuites judiciaires engagées contre toutes les Togolaises et tous les Togolais qui ont été contraints à l’exil politique.

CODITOGO ne saurait, par conséquent, s’associer à un processus de recensement des Togolaises et Togolais de la Diaspora si celui-ci n’est pas ouvert, inclusif et offre toutes les garanties de sécurité et de transparence aux données personnelles et surtout de leurs usages. Plusieurs Togolaises et Togolais de la Diaspora s’inquiètent et s’interrogent sur les tenants et aboutissants de ce recensement au forceps et souhaitent avoir des réponses à leurs questionnements, notamment :

La confidentialité des données et la protection de la vie privée ;

Le cadre légal de collecte, de l’utilisation et de la gestion des données ;

La justification, l’utilisation et la sécurité des données récoltées ;

L’implémentation logicielle, la gestion informatique et statistique des données ;

La méthodologie de recensement et les agents recenseurs ;

La transparence sur le processus de financement du processus de recensement ;

Le cadre de discussion et d’échange sur les aspects techniques et administratifs du recensement ;

Le droit et les garanties de contrôle, de suivi et d’accès aux données.

Nous, Togolaises et Togolais de la Diaspora, sommes estimés à plus de deux millions; on ne doit donc pas nous compter sans nous ! Le Gouvernement togolais a la responsabilité de considérer et de respecter les Togolaises et Togolais de l’extérieur et d’apporter  des  réponses  idoines  et  satisfaisantes  à  leurs  revendications  légitimes.

Dans un environnement politique, économique et social de plus en plus globalisé, la Diaspora togolaise, à l’instar des Diasporas des autres pays d’Afrique, est appelée à jouer un rôle prépondérant dans le développement et le rayonnement du Togo. CODITOGO est disposé à prendre toute sa part dans ce processus ; à la condition que les autorités fassent preuve de sérieux et de sincérité dans leurs démarches et donnent les signes que nous attendons pour nous impliquer.

CODITOGO lance un appel à la vigilance, à la mobilisation et au rassemblement de toute la Diaspora pour qu’ensemble nous parlions d’une seule voix face au gouvernement de  fait [1] de  Faure Gnassingbé  habitué aux méthodes de  division, d’intransigeance, de terreur et de faux fuyants.

Ensemble pour un Togo libre, démocratique et prospère ! Que viennent les tyrans, ton cœur soupire vers la liberté ! Togolais viens, bâtissons la cité !

Fait à Paris, le 17 mai 2022

Pour CODITOGO,

Raymond Ayivi Coordinateur général

([email protected]).

[1] : Il n’échappe à personne que le Togo vit une crise politique permanente et que les contentieux électoraux ne sont pas vidés !

Source : icilome.com