Docteur Kodjo Avuletey, enseignant du français dans un lycée à Lomé, analyse la célébration de la Journée internationale des Professeurs de français sous le prisme togolais, dans un posting sur Facebook.
« Journée internationale des Professeurs de français
Enseigner le français aujourd’hui au Togo : entre l’aventure ambiguë et le piège sans fin
Je pose d’emblée une question : que vaut-il d’être prof de français aujourd’hui au Togo ? La question peut paraître farfelue mais elle ne l’est nullement pas. L’enjeu n’est point d’envisager les bénéfices matériels ou moraux que le prof de français peut tirer de son métier. Il s’agit principalement des conditions dans lesquelles il fait son travail.
Je pose une autre question : quel est le statut du français qu’on enseigne dans les écoles au Togo ? Langue officielle ? Langue seconde ou français pour aventuriers ? La réponse est fondamentale pour situer les profs de français sur le contenu à proposer et l’attitude à adopter à l’égard des apprenants.
J’ai le sentiment en vérité qu’on ne sait plus, au finish, ce qu’on ne fait ni ce qu’on veut. Les programmes D’enseignement du français sont plutôt orientés vers un statut de langue première mais les pratiques docimologiques révèlent que les décideurs pensent plutôt qu’il s’agit d’un français pour dilettante. On ne comprend pas en effet que les consignes *officielles* au cours des sessions de correction des différents examens nationaux imposent la tolérance comme critère d’évaluation. Tout ce que le prof de français s’est évertué voire échiner à seriner aux apprenants au cours de l’année scolaire, au prix de lèvres totalement mouillées et de risques d’arrêt cardiaque, est mis entre parenthèses. Les laboratoires sortent différentes alchimies pour fragiliser l’enseignant correcteur. Il ferme les yeux sur les barbarismes, sur les attentats à l’intégrité de la langue qu’il a aimée et qu’il enseigne avec amour et passion : soudainement, il doit jouer les aveugles et les sourds, il doit oublier les valeurs cardinales qu’il a défendues toute l’année scolaire.
J’évoque ce paramètre particulier car il va de soi que cela a considérablement transformé la mentalité des apprenants… »
Source : icilome.com