Après trois semaines d’attente, la nomination du nouveau gouvernement a été officialisée tard dans la nuit du jeudi 24 janvier en même temps que la reconduction du Premier ministre Sélom Klassou. Incohérences, auto-proclamation, violation de la constitution, le Togo une république des amusements infantiles.
On constate là les départs de Ninsao Gnofam, Essossimna Legzim-Balouki, Fiatuwo Sessénou, Komi Tchakpélé, Ouro-Koura Agadazi, Octave Nicoué Broohm, Guy Madjé Lorenzo, Ihou Attigbé, André Johnson, Elliot Ohin, Kossi Assimaïdou. De ces départs perçus comme une opération de salubrité publique, le cas Ninsao Gnofam qui a bradé plusieurs chantiers des infrastructures routières apparaît comme une impunité rampante. Mais comme sous Faure Gnassingbé, c’est la règle, il ne serait pas surprenant de le voir rebondir ailleurs très prochainement.
Parcours des nouveaux venus
Ils sont au total douze nouveaux ministres dont certains apparaissent pour la première fois dans un gouvernement. Il s’agit de Kossivi Egbetonyo jusque-là Directeur du Cabinet du Garde des Sceaux, ministre de la Justice; Emmanuel Kodzo Adedze, Inspecteur des Douanes, il a été Directeur de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP), Directeur Général des Douanes, Commissaire des Douanes et aux Droits Indirects, Commissaire Général de l’Officie Togolais des Recettes (OTR) par intérim et Vice-président de l’Union pour la République (UNIR), chargé de la Région Maritime.
Professeur Titulaire à l’Université de Lomé, Oladokoun Wonou David fut Préfet et précédemment Directeur de Cabinet de l’Assemblée Nationale sous Dama Dramani. Professeur Koffi Akpagana fut 2ème Vice-Président de l’Université de Lomé pendant huit ans du temps du Professeur Koffi Ahadzi-Nonou. Il est un botaniste de renom qui échoue au gouvernement des incapables de la République. Mme Koko Ayéva a été Coordinatrice du Projet d’Urgence de Réhabilitation des Infrastructures et des Services Electriques (PURISE).
Quant à Mme Zouréhatou Tcha-Kondo Kassah-Traoré, elle a été Directrice Nationale du Contrôle des Marchés Publics sous le ministère de l’Economie et des Finances. Le ministre Délégué Bouraïma Kanfitine Tchede Issa fait partie de la galaxie de Ninsao Gnofam en tant que Directeur des Travaux Publics. Son visage dans ce gouvernement rappelle les chantiers interminables dans le pays sur fond de dilapidation des fonds. Enfin, l’autre véritable nouvelle figure est Noël Koutéra Bataka, anciennement Secrétaire Général du ministère de l’Agriculture, Coordonnateur chargé des chaînes de valeurs du Mécanisme Incitatif de Financement Agricole (MIFA), Coordinateur du Programme National d’Investissement Agricole (PNSIASA).
Les quatre autres nouvelles têtes sont des anciens ministres réchauffés. Foli-Bazi Katari, dernier ancien ministre de la Justice sous Eyadéma (2005), ancien ministre de la Fonction Publique (2007), Directeur Général Adjoint de la CEB ; Mme Ayawovi Demba Tignokpa, député de Bassar et Présidente de la Commission des Finances de la 5ème législature, fut ministre de l’Economie, des Finances et des Privatisations de 2002 à 2003. Taïrou Bagbiegue est un ancien Directeur de la Société des Postes du Togo, éphémère ministre des Mines et de l’Energie, Président du Conseil d’Administration de TogoCom. Elu la veille de sa nomination au gouvernement, Premier Vice-Président de l’Assemblée nationale, il constitue à lui seul les anomalies et la cacophonie de la République du Togo.
Christian Eninam Trimua, Enseignement-Chercheur aux Universités du Togo, a été Secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Justice chargé des Relations avec les Institutions de la République. Il fait partie des nombreux conseillers de Faure Gnassingbé. Anomalies, violation de la constitution, auto-proclamation. Il est constant depuis 2015, la formation du gouvernement est entaché d’irrégularités innommables qui démontrent à plus d’un titre le très peu de sérieux qui caractérise la gestion du Togo.
Trois semaines après la démission du gouvernement Klassou I, on a assisté à la publication d’un gouvernement incomplet. 23 ministres dans la nuit de jeudi, on s’est retrouvé vendredi à la mi-journée avec trois nouveaux noms avec le charcutage de certains portefeuilles. Comme de la Loterie ou une session de rattrapage, Foli-Bazi Katari, Koutera Bataka et Koko Ayéva et leur portefeuille ont été ajoutés à la première liste.
Les transports ont été enlevés du ministère de Kodzo Adedze pour être rattachés au ministère des Infrastructures de Mme Zouréhatou Tcha-Kondo Kassah-Traoré. Finalement, comment le gouvernement est-il formé ? Bien que fait en deux temps, le nouvel exécutif reste incomplet en l’occurrence le ministère des Enseignements Primaire et Secondaire. Curieusement, lors de la présentation de la Déclaration de politique générale, l’ancien nouveau Premier ministre s’est auto proclamé ministre des Enseignements Primaire et Secondaire « Le ministère de l’Enseignement Primaire et Secondaire est rattaché à la Primature.
Le Premier ministre étant lui-même un ancien ministre de ce secteur durant plusieurs années, il sera chargé d’assumer une fois encore cette mission », a débité Klassou devant les députés du 20 décembre. De quel pouvoir dispose Klassou pour s’autoproclamer ministre ? Même si ce département est rattaché à la Primature, le décret portant formation du gouvernement doit le spécifier clairement comme c’est le cas du ministère de la Défense et des Anciens combattants rattaché à la Présidence.
Autre anomalie, alors que le Secrétariat d’Etat chargé de la Finance Inclusive dirigée par Masamaesso Assih ne figure nulle part dans le nouveau gouvernement, un communiqué du Cabinet de la Présidence de la République en date du 26 janvier 2019 le maintient dans le gouvernement. « Suite à l’élection législative du 20 décembre dernier, un nouveau gouvernement vient d’être formé. Le Cabinet du Président de la République informe les différents acteurs et partenaires au développement que le Secrétariat d’Etat en charge de l’Inclusion financière et du secteur informel étant rattaché à la Présidence n’est pas concerné par cette recomposition. Par conséquent, les activités relevant de ce département se poursuivent », indique le communiqué. Pourtant l’article 76 de la Constitution togolaise stipule clairement « le gouvernement comprend le Premier ministre, les ministres et, le cas échéant, les ministres d’Etat, les ministres délégués, et les Secrétaires d’Etat ».
Au terme de cet article, le fameux communiqué du Cabinet de la Présidence n’a aucun fondement si ce n’est la grande pagaille au sommet de l’Etat. Enfin, l’article 66 de la Constitution du Togo indique que « le Président de la République nomme le Premier ministre. Il met fin à ses fonctions. Sur proposition du Premier ministre, il nomme les autres membres du gouvernement et met fin à leurs fonctions ».
Mais qu’a-t-on servi au peuple lors de la mise en place du nouveau gouvernement ? Le premier ministre Klassou a été reconduit en même temps que la formation du nouveau gouvernement. Un gouvernement formé sur fond de violation de la constitution et avalisé par « les nommés de la République », c’est ça la gestion du Togo. Quelle bassesse d’esprit ? A-t-on besoin encore de démontrer que le Togo est dans le grand bordel ? Triste !
Honoré Adontui
Source : Le Correcteur
27Avril.com