Togo : Kidnapping de l’opposant Jean-Paul Omolou ou la confirmation des méthodes de voyous du régime RPT/UNIR

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Jean-Paul Omolou

Pour le respect du lecteur il nous arrive rarement de nous exprimer à la première personne; car il ne s’agit pas, en écrivant, de nous mettre personnellement en valeur, ou d’exprimer un quelconque mérite personnel que nous n’avons pas la prétention d’incarner. Nos messages sont ceux du peuple togolais en lutte pour sa libération. Oui, en écrivant nous avons l’honneur d’avoir le plaisir de nous exprimer pour ces millions de sans-voix qui n’arrivent pas à parler, mais qui pourtant souffrent quotidiennement et essaient de se battre avec les moyens de bord qui sont les leurs. Exceptionnellement nous nous excusons de commencer cet article, écrit précipitamment pour dénoncer une fois encore ce régime de non-droit que personne n’a choisi, en utilisant la première personne. Jean-Paul Omolou est un combattant né. Un opposant convaincu de la méthode pacifique de la lutte qui, seule, pourrait libérer le Togo. Pourquoi alors s’en prendre à un pacifiste qui n’a que son verbe et son stylo pour dénoncer ce qui ne va pas?

Les quelques fois que j’ai eu à discuter au téléphone avec Jean-Paul Omolou m’ont convaincu de son engagement sans faille pour la libération de notre pays. Jean-Paul est prêt à tous les sacrifices, pacifiques bien sûr, quand il s’agit de sortir notre chère patrie de la longue et difficile crise où les tenants du pouvoir actuel l’ont embourbée. Tout dernièrement il me disait: «grand-frère, nous n’avons pas d’armes, et nous n’avons pas besoin d’armes, car nous n’allons pas tomber dans le jeu de ces gens-là. Nous libérerons ce pays, il suffit que tous les vrais opposants, aussi bien dans la diaspora qu’au pays, s’entendent…» S’indigner et dénoncer la mauvaise gouvernance et les nombreuses violations des droits de l’homme dans son pays, comme le font Jean-Paul et beaucoup de Togolais, aussi bien au Togo, qu’à l’étranger, n’est pas un crime. Supporter pacifiquement un candidat comme Agbéyomé Kodjo, lésé lors de la dernière élection présidentielle au profit du candidat de la dictature qu’aucun Togolais n’a élu, ne peut justifier une telle violence pour kidnapper un compatriote revenu pour se reposer dans son pays natal. Dénoncer les abus d’une armée qui perd peu à peu ses attributs républicains, comme le font Jean-Paul Omolou et beaucoup d’autres, est un devoir citoyen qui incombe à tout Togolais.

Notre devoir consiste premièrement à nous indigner et à dénoncer ce régime de dictature qui, sous couvert d’une démocratie de façade, utilise des méthodes d’un autre âge quand il s’agit de bâillonner ses opposants qui se montrent intraitables. Notre devoir consiste surtout à demander la libération immédiate et sans conditions de Jean-Paul Omolou qui n’a fait de mal à personne; comme nous avons toujours réclamé l’élargissement de tous les prisonniers politiques incarcérés de façon inexpliquée et fantaisiste depuis plusieurs années. La raison du plus fort ne doit pas avoir droit de cité dans une société des hommes qui se veut civilisée. Le Colonel Toussaint Madjoulba est assassiné dans son bureau au camp; un an et demi après, silence-radio; le régime de dictature continue son petit bonhomme de chemin. Le SG du PNP-Kpalimé, Yakoubou Moutawakilou, est rendu malade en prison avant d’être précipitamment libéré. Il rendra l’âme un peu plus tard. Bien d’autres suppliciés et assassinés sous la torture viennent compléter la liste qui n’est malheureusement pas exhaustive. Et comme les méthodes de voyous, assurées d’une totale impunité, ont la vie dure, nous apprenons aujourd’hui le kidnapping de notre vaillant compatriote en vacances au Togo.

Nous nous demandons, à quoi ça sert d’avoir écrit une constitution pour imiter les pays démocratiques, si au sein de l’armée de notre pays, il existe un groupuscule qui fait la pluie et le beau temps, qui peut assassiner, kidnapper à tout va selon les intérêts de ceux qui nous ont pris en otage? Alors, mieux vaut abolir publiquement et dans les textes la République, pour installer officiellement la dictature; car on ne peut pas continuer éternellement à dire une chose dans les textes officiels et faire tout le contraire. Nous ne voulons plus d’une démocratie de façade; nous ne voulons plus d’arrestations ou d’assassinats crapuleux de citoyens; nous ne voulons plus de la dictature d’une minorité ayant monopolisé toutes les richesses de tous les Togolais.

Tels doivent être désormais les slogans de tout Togolais ayant à cœur les nombreuses souffrances quotidiennes de nos concitoyens et ayant en horreur toutes ces violations des droits de l’homme. C’est le lieu de nous adresser à tous ceux qui se disent opposants au pays ou dans la diaspora et qui, par leur comportement égoïste, aident indirectement à la pérennisation de ce régime décrié de partout. C’est le lieu surtout de nous adresser à ces chefs de partis politiques qui se reconnaîtront, et qui ne font rien pour que l’opposition togolaise puisse parler d’une voix. L’arrestation de Jean-Paul Omolou n’est pas l’affaire d’un seul parti politique, ni d’une seule ethnie, ni d’une seule association, ni moins encore de la seule diaspora. C’est un Togolais qui est arrêté et doit recouvrer incessamment la liberté. Toute opposition digne de ce nom, tout opposant digne de ce nom doit se joindre à tous ces millions de Togolais amoureux de la liberté, pour demander la libération sans condition de ce compatriote de la diaspora suisse. Pour rappel, nous n’oublions pas par la même occasion, de renouveler notre indignation et de réitérer notre exigence de la libération de tous les prisonniers politiques.

Samari Tchadjobo
Allemagne

Source : 27Avril.com