Togo- JP Fabre à Mgr Kpodzro : « Ça suffit, il est temps de nous foutre la paix »

0
423

Dans une lettre, en réponse à un article intitulé « Jean-Pierre FABRE, la plaie incurable de l’opposition togolaise », publié récemment sur les réseaux sociaux, portant signature de Mgr Kpodzro, Jean-Pierre Fabre n’y est pas allé de main morte. L’ex-chef de file de l’opposition crache ses quatre vérités à la figure du prélat nonagénaire, et lui demande de « foutre la paix » à l’ANC (l’Alliance Nationale pour le Changement). Lisez!

A

Mgr Philippe Fanoko KPODZRO

COTONOU (Rép. du BENIN)

Aux bons soins de la Conférence des Evêques du Togo (CET) O.C.D.I.

Hédzranawé (LOME)

Le cœur est tortueux par-dessus tout. Et il est méchant. Qui peut le connaitre ? Moi, l’Eternel, j’éprouve le cœur, je sonde les reins. Pour rendre à chacun selon ses voies, selon le fruit de ses œuvres. (Jérémie 17, 9)

Monseigneur,

Vous avez publié récemment sur les réseaux sociaux, sous votre signature, un article intitulé, « Jean-Pierre FABRE, la plaie incurable de l’opposition togolaise ». Ceux qui ont pris connaissance du texte, m’ont prié de ne réserver à vos propos que le silence qui leur sied. D’autant qu’il est impossible que vous ayez rédigé vous-même cet article qui dégage une haine incompatible avec votre statut et votre âge. Vous n’auriez apposé que votre signature. Ce qui vous engage donc.

Face à vos multiples agressions, je reste imperturbable, silencieux. Mais j’ai appris à mes dépens, que dans nos pays, la jalousie et la malveillance ont atteint un niveau si élevé que le maintien d’une attitude silencieuse empreinte de dignité n’est pas la meilleure réponse aux campagnes de désinformation, de calomnie et de diffamation. Surtout si ces campagnes sont le fait d’un prélat dont les propos ne sauraient être, à priori, mis en doute.

Dans vos diatribes, vous aimez vous présenter, comme un homme de Dieu, comme si ce statut vous dispense du minimum de respect dû à votre prochain. Si donc vous et vos acolytes, avez choisi de détruire l’homme politique Jean-Pierre Fabre, par l’usage permanent du mensonge, il est tout à fait légitime de répondre à vos mensonges.

Je vous rappelle que, dans un passé récent, vous vous êtes permis de dénigrer le martyr de l’indépendance, Sylvanus Olympio, en tentant de réduire sa lutte héroïque, celle de ses compagnons et de la majorité des togolais, à une vulgaire négociation avec « des esprits démoniaques » à qui notre pays devrait son indépendance. Votre attitude est d’autant plus indécente que de sa tombe, Sylvanus Olympio ne peut pas vous répondre.

Je vous rappelle aussi, que dans un passé récent, vous vous êtes permis de dénigrer Nicolas  Grünitzsky, encouragé en cela par le silence de nos compatriotes lorsque vous salissiez la mémoire   de Sylvanus Olympio. Votre attitude là encore est d’autant plus indécente que de sa tombe, Nicolas Grünitzsky ne peut pas vous répondre.

Je vous rappelle enfin, que dans un passé récent, vous vous êtes permis d’accuser Mgr Nicodème Barrigah, de vilenies dont personne ne le croit capable. Impassible et serein, il a gardé le silence pour préserver la cohésion du clergé et de la communauté catholiques dans le pays.

Vous vous permettez régulièrement de salir, diffamer, calomnier Jean-Pierre Fabre. Vous n’avez pas craint de vous livrer à ce jeu dans une église, en juin 2019, au cours d’un office religieux. Jean-Pierre Fabre, lui, est toujours vivant, par la grâce de Dieu. Jean-Pierre Fabre, lui, n’est pas Mgr Barrigah. Voilà pourquoi, il ne peut vous laisser poursuivre votre funeste besogne sans réagir. Sans vous dire : ÇA SUFFIT.

Avez-vous besoin, pour libérer le Togo des griffes des Gnassingbé, de dénigrer les uns, de salir la mémoire des autres ?

Votre aventure politique s’est soldée par une catastrophe indicible, pour les Togolais. Vous avez plongé le pays dans le désarroi, le désespoir. L’immense majorité de nos populations comprennent aujourd’hui que vous les avez trompées par l’instrumentalisation du Saint-Esprit dans une fausse prophétie. Comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, vous avez causé beaucoup de dégâts. Vous avez ruiné des décennies de sacrifices, des décennies de lutte pour la libération du peuple togolais, en prêtant votre statut à des plaisantins, opportunistes, mythomanes et gueulards, qui ne croyaient pas, le moins du monde, aux bobards qu’ils racontaient et qu’ils vous faisaient répéter.

L’exigence du soutien de l’ANC et de son président à votre opération, est plutôt étrange, totalement contradictoire et incohérente avec le prétendu choix du Saint-Esprit. Si la prophétie du Saint-Esprit était réelle, pourquoi avez-vous besoin du soutien de Jean-Pierre Fabre ? Ce soutien n’est-il pas totalement inutile à côté de la puissance du Saint-Esprit qui avait déjà fait son choix ?

Vos subterfuges, vos propos mensongers pour vendre le prétendu oint du Saint-Esprit, que vous avez pris la liberté de comparer à l’apôtre Paul, n’ont abouti qu’à la réhabilitation du RPT dont les dirigeants avaient si honte des crimes commis par leur parti qu’ils en ont changé la dénomination. Vous n’avez réussi qu’à décomplexer, désinhiber l’appartenance au RPT/UNIR dont les responsables et les courtisans se pavanent aujourd’hui, affirmant n’avoir plus d’opposition devant eux. Votre soutane ne devrait pas vous préserver de la réprobation du peuple togolais.

On eût cru que la débâcle de votre machin, la DMK, d’où vient de surgir un autre assemblage de bric et de broc, la DMP, vous ramènerait à la raison. Et sur terre. Et que vous vous apprêteriez à battre publiquement votre coulpe pour permettre la remobilisation des populations en détresse et – permettez l’expression – nous foutre la paix ! Au lieu de cela, vous persistez à nuire, à salir, à dénigrer, à diffamer, à calomnier. Quel but poursuivez-vous au juste ? En vous acharnant, par le mensonge, à affaiblir l’ANC qui, – comme vous-même l’avez reconnu en décembre 2020 à mon domicile, lorsque vous êtes venu solliciter mon soutien – est la force politique la mieux implantée, la mieux organisée, la plus importante et la plus structurée de l’opposition, vous vous présentez comme un allié objectif de la dictature.

Est-ce en insultant l’ANC et ses dirigeants que vous obtiendrez la chute de la dictature des Gnassingbé ? Evidemment non ! Mais vous bavez de haine parce que nous avons toujours résisté à vos oukases que vous n’avez aucune légitimité à imposer. Vous enragez aujourd’hui, parce que vous n’avez pas réussi à mêler l’ANC au spectacle grand-guignolesque auquel vous vous livrez. Vos accusations « traitres, judas, corrompus etc. » sans aucun fondement, n’ont pas ébranlé notre détermination à éviter toute proximité avec la stratégie du mensonge que vous avez enfourchée à la suite du PNP qui l’a inaugurée.

Vous citez dans votre article, à l’appui de vos mensonges, les noms de personnes qui, comme vous, bavent de haine contre l’ANC et ma personne. Certains par envie, par jalousie, et d’autres parce que missionnés et payés pour détruire l’ANC dont l’engagement politique et la détermination ont toujours constitué une menace pour le pouvoir en place. Et vous prétendez que mon silence face à leurs mensonges est la preuve de ma culpabilité. Piètre argumentation ! Ne vous est-il jamais venu à l’esprit que mon attitude pouvait exprimer un mépris pour les mensonges proférés, un dégoût pour les méthodes viles utilisées ? Ne vous est-il jamais venu à l’esprit que je ne tiens pas à baigner dans les eaux nauséabondes des caniveaux où l’on tente de m’entrainer ?

Vous mentionnez des noms de personnes vouées à la disparition de l’ANC, dont l’une a cru pouvoir transformer l’occasion d’une oraison funèbre, une occasion d’éloge ou d’hommage, en une opportunité de dénigrement du défunt. Et vous soutenez cette abomination pour l’invoquer contre moi.

Visiblement, nous ne sommes pas du même monde ! Vous avez également cherché, dans cet article, à défendre votre position indéfendable sur le slogan Ablodé. Vous que tous considèrent comme un érudit de la théologie et de la bible chrétiennes mais aussi de la langue éwé. Je suis désolé de vous répéter que vous n’aurez jamais dû vous mêler de ce débat en relayant les opinions farfelues du « Prophète Kokou Dekpo Esaïe », selon lesquelles Ablodé dériverait du nom d’un esprit démoniaque, Ablo, à qui le Togo doit son indépendance. Le tas d’incohérences que vous avez alignées est totalement incompréhensible. Ce que j’ai clairement expliqué dans une déclaration de l’ANC, rendue publique en début d’année, est que Ablodé est un mot éwé qui signifie simplement Liberté. Les nationalistes l’ont choisi dans le vocabulaire éwé pour exprimer leur objectif qui était la libération du Togo du joug colonial.

Votre affirmation selon laquelle le mot Ablodé est inventé après l’indépendance en 1958 par les nationalistes, pour remercier et rendre un culte à l’esprit Ablo est dénuée de sens. Malheureusement pour vous, Ablodé a été lancé dès le début de la lutte pour l’indépendance en 1946. C’est une trouvaille géniale. Pour exprimer en un mot, l’objectif visé qui est la libération du peuple togolais. C’est un cri de guerre, un cri de ralliement, adopté en 1946, au début de la lutte, pour galvaniser les populations togolaises. Il n’a pas pu être adopté après l’indépendance en 1958, pour rendre un culte à la divinité Ablo.

Le 1er juillet dernier, lors de ma rencontre avec la jeunesse de l’ANC au siège du parti, j’ai jugé approprié et utile, pour relever l’usage abusif et déshonorant du mensonge par la classe politique togolaise, de citer l’écrivain russe, Alexandre Soljenitsyne : « Nous savons qu’ils mentent. Ils savent qu’ils mentent. Ils savent que nous savons qu’ils mentent. Nous savons qu’ils savent que nous savons qu’ils mentent. Et pourtant, ils persistent à mentir. »

Vous prétendez que je ne connais pas Alexandre Soljenitsyne. Je suis surpris de cette affirmation puérile et, encore une fois, inexacte. Parce que, à la suite de cette citation, j’ai demandé au doyen Godwin Tété qui était présent et dont je connais le niveau de culture, de me rappeler si la citation était de « L’archipel du Goulag » ou d’un autre roman d’Alexandre Soljenitsyne. La vidéo est disponible, pour en témoigner.

Pour terminer, je tiens à vous dire que « Nous c’est nous », ne manifeste aucune arrogance vis-à-vis de qui que ce soit. C’est notre réponse à votre immixtion dans le fonctionnement de notre parti. Nous ne consentons pas quotidiennement tous ces sacrifices, tous ces efforts de lutte politique ardue, pour nous voir imposer des décisions qui ne viennent pas des instances de décisions de notre parti, ou des options incompatibles avec notre ligne politique.

« Nous, c’est nous », est surtout adressé à vous qui semblez ignorer la valeur, l’importance et la place d’un congrès dans le fonctionnement d’un parti politique, à vous qui n’avez aucune légitimité ni aucune autorité pour désigner le candidat de l’ANC à la présidentielle de 2020. Apprenez que cette prérogative est du ressort exclusif de notre Congrès qui est, d’après nos statuts, l’organe suprême du parti, dont les décisions sont prises souverainement. Apprenez enfin, que votre soutane ne vous place pas au-dessus des statuts et du congrès de l’ANC.

« Nous c’est nous » signifie que nous ne nous laissons pas intimider par qui que ce soit. Vous avez un statut à préserver. Tâchez de tenir des propos dignes et justes. N’écrivez pas n’importe quoi. Ne signez pas n’importe quoi. Au risque de vous exposer à des retours de bâton.

Les Togolaises et les Togolais vous observent et, avec le respect qu’inspirent votre robe et votre grand âge, ils souhaitent que vous cessiez d’invectiver, de maudire et de médire à tout va, en ayant conscience qu’il n’est point de votre compétence de désigner, encore moins de tenter d’imposer un candidat à l’élection présidentielle.

Tous veulent vous voir à nouveau consacrer vos facultés intellectuelles, morales et spirituelles au service de votre Grand Sacerdoce. Puisse l’Esprit-Saint, l’unique, le vrai, l’infaillible, vous éclairer et vous guider dans ce sens.

Jean Pierre Fabre

Cc : Conférence des Evêques du Togo

Source : icilome.com