Le pouvoir de Lomé est secoué depuis un mois par des manifestations organisées par l’opposition. Pour sortir de cette tempête qui s’abat sur les autorités togolaises, tous les moyens sont mis en œuvre. Dans la rue, le pouvoir prône la paix mais dans les déclarations de certains responsables du parti au pouvoir, c’est l’arme de la violence qui est dégainée.
Depuis le 19 août 2017 dernier, le Togo est plongé dans une nouvelle crise politique. En 12 ans d’exercice du pouvoir, Faure Gnassingbé n’a jamais été autant contesté. Même dans le nord du pays, jusque-là considéré comme un château imprenable pour l’opposition, l’autorité du pouvoir est défiée par des populations qui sont longtemps prises d’une manière ou d’une autre comme acquises à la cause du pouvoir en place. Le réveil sonné par le Pnp le 19 Août 2017, semble être un nouvel espoir pour le peuple pour montrer aux gouvernants sa désapprobation et son indignation. La démonstration de force est faite par l’opposition sur toute l’étendue du territoire national les 6 et 7 septembre avec une marche montreuse qui a réuni selon, plusieurs organisations de la société civile, plus de 150 000 personnes.
Ebranlé, le pouvoir fait désormais face à un mouvement d’ampleur dont les revendications premières sont les réformes. Des réformes, un sujet sur lequel le pouvoir tergiverse depuis une dizaine d’années.
Fin août dernier, à la suite d’une réunion soldée par une conférence de presse, les membres du parti au pouvoir ont décidé de reprendre le flambeau contre l’opposition qui a réussi à remobiliser une foule sans pré- cédant. Très vite, consécutivement à une campagne médiatique, le pouvoir lance des manifestations en faveur de la paix, de la préservation des liens sociaux et de la sauvegarde des institutions. Ces contre-manifestations dont plusieurs analystes minimisent la portée à ce jour, n’ont visiblement par porté leurs fruits. Alors les membres du parti bleu sortent une recette de triste mémoire : La violence !
L’institutionnalisation de la brutalité et de la terreur
Depuis quelques jours, les manifestations à l’intérieur du pays sont violemment réprimées. Au bilan on dénombre des blessés graves dont la majorité sont des jeunes et encore des morts . A Lomé, le vendredi 08 septembre dernier, les populations de Bè, comme d’habitude, ont été violentées jusque dans leurs derniers retranchements, les maisons. Des militaires sont déversés dans les rues avec des bâtons et des armes en main prêts à intervenir. Ce qui rappelle, les épisodes sombres de 2005 dont les souvenirs sont encore vivaces dans les mémoires. Le régime a également sorti ses miliciens qui infiltrent les manifestations et sèment la terreur dans certaines villes de l’intérieur. Parallèlement, les membres du parti Unir qui chantent la paix dans les rues de Lomé, changent de langage dans les déclarations sur les ondes.
Le vendredi 15 septembre dernier, c’est le président de la majorité présidentielle au parlement, Christophe Tchao qui a sorti une déclaration incendiaire sur BBC qui a surpris plus d’un. « Si ce Togo-là brûle, nous brûlerons tous», a lancé sans concession, le président des députés Unir. Quelques jours seulement après, c’est un autre membre du parti présidentiel, Christian Trimua, ex Secrétaire d’État auprès du ministre de la Justice chargé des Relations avec les Institutions de la République, connu pourtant pour ses talents de communicateur qui a sorti une autre formule : « Si vous êtes capables, alors prenez les armes et faites ce que vous voulez», dans une émission sur la chaîne de télévision Africa24.
Ces déclarations sont d’autant plus graves que depuis quelques temps, des spéculations persistantes sur les réseaux sociaux font état d’un plan mijoté par les « sécurocrates » du pouvoir pour réprimer les manifestations si elles s’accentuent.
Pour mémoire les violences qu’a connu le Togo sont souvent constatées après les élections où les manifestations de dénonciation des résultats sont souvent réprimées par le pouvoir cinquantenaire. Et c’est le pouvoir en place qui entretient des milices à des fins qui ont été déjà citées dans des rapports.
Vivement que les uns et les autres reviennent à de meilleurs sentiments car comme le disait Sénèque, « la violence ne rend point un empire durable ; la modération l’affermit et le conserve».
Source : Fraternité
27Avril.com