Avec un investissement de 191 millions de dollars soit 108,87 milliards franc CFA portant uniquement sur l’achat de matériels de sécurité, notre minuscule pays, dont la sécurité n’est en rien mise à rude épreuve par des rébellions, des groupes armées ou par des déstabilisations terroristes, est le second partenaire commercial de l’État hébreu sur le continent après la deuxième puissance économique l’Afrique du Sud.
Aucune raison suffisante ne peut justifier de telles dépenses dans un pays au budget limité (un peu plus de 1000 milliards pour l’exercice 2017), un pays socialement exsangue. Sous d’autres cieux, on réfléchirait autrement. Mais nous sommes au Togo, pays de tous les superlatifs et des incongruités dans la priorisation économique.
L’on ne cesse jamais de le dire. Tous les pans socio-économiques du pays sont déstructurés.
Les hôpitaux manquent de matériels primaires de soins de base. Le plus grand centre hospitalier du pays le CHU Sylvanus Olympio de Lomé se clochardise, s’il ne l’est déjà. Des populations meurent faute de centres de santé surtout les mères enceintes et les enfants.
À même le sol, sous des enclos en paille et malgré les intempéries, les villages, cantons et les parents d’élèves s’organisent à qui mieux mieux pour assurer une éducation à leurs enfants. Dans les centres urbains les élèves se retrouvent par dizaines voire par centaines dans des salles de classe avec des enseignants et professeurs tout aussi démunis.
Les universités (Lomé et Kara) qui doivent être de hauts lieux de savoir par excellence sont dans un état lamentable. Les amphis sont bondés. Les bibliothèques et les restaurants universitaires n’existent que de noms. Passons sous silence les logements et bus universitaires.
Le monde agricole peine à écouler ses produits vers les grandes agglomérations par manque d’infrastructures routières surtout en saison pluvieuse. Des villages entiers sont coupés les uns des autres par défaut de ponts, la pluie ayant réglé son compte à certains d’entre eux qui existent depuis des temps immémoriaux.
Les commerçants, les Nana Benz qui jadis, sont le fleuron de notre économie, croulent sous des dettes depuis que des mains criminelles ont voulu les punir pour de supposés soutiens à l’opposition en brûlant les grands marchés du pays.
Et comme si cela ne suffisait pas, l’Office Togolais des Recettes (OTR) a mis en coupes réglées les petits artisans, revendeurs, coiffeurs, couturiers, le secteur informel etc… par des impôts scélérats qui les ont poussé à mettre la clé sous le paillasson.
La misère fait son lit partout dans le pays. Les populations vivant avec moins d’un dollar par jour, peinent à avoir un repas par jour.
Devant ce tableau non exhaustif mais si sombre, le régime Gnassingbé incarné par Faure, ne songe qu’à sa sécurité dans une logique de conservation du pouvoir. Quelle sécurité lui faut-il encore face à une population si amorphe, si résignée pour investir autant de milliards pour la survie de son système?
Alors que beaucoup de spécialistes déconseillent la tenue du sommet onéreux Israël-Afrique du 24 au 26 octobre 2017 à Lomé, lequel sommet exposerait notre pays à des risques terroristes au regard du rôle négatif et d’apartheid que joue l’État juif au proche et Moyen-Orient, le gouvernement togolais s’entête dans ce qui ressemble plus à une opération de charme pour embellir l’image ternie du Prince, qu’à des retombées économiques pour le Togo.
D’ailleurs, plusieurs pays arabes et musulmans ont déjà averti du risque d’un tel sommet et certains ont d’ores et déjà convoqué nos représentations diplomatiques pour des explications.
Le très informé journal La Lettre du Continent a révélé que plusieurs dirigeants de pays africains à majorité musulmane et des pays membres de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) boycotteraient l’événement. À quoi bon persister?
Il est dès lors évident que Faure Gnassingbé n’a pas et ne saurait constituer une solution pour la survie de notre économie et par ricochet pour le bien être des Togolais.
Avec sa minorité pilleuse, ils ont transformé le Togo non pas en « or de l’humanité » mais plutôt en « misère de l’humanité ».
Il est temps de siffler la fin de la récréation et de la gouvernance de jouissance qui durent depuis plus de 50 ans.
Anani Sassou / FB
27Avril.com