A l’annonce des prochaines marches du Parti National Panafricain (PNP) prévues dans plusieurs villes du Togo dont kpalimé, les chefs canton de la préfecture de Kloto sont montés au créneau. Au cours d’une récente sortie, ces derniers ont brandi des menaces pour dissuader les responsables du PNP. La Ligue Togolaise des Droits de l’Homme n’apprécie pas cet état de choses. Dans une déclaration(dont voici la teneur), l’organisation a fait savoir sa position et demande à ce que la liberté de réunion soit respectée.
DECLARATION
LA LTDH EXPRIME SON INDIGNATION ET SA RÉPROBATION FACE À L’IMPLICATION DE LA CHEFFERIE TRADITIONNELLE DU GRAND KLOTO DANS L’ENTRAVE À LA LIBERTÉ DE RÉUNION ET DE MANIFESTATION
C’est avec grande stupéfaction et profonde indignation que la Ligue Togolaise des droits de l’Homme (LTDH) a appris que des chefs canton de la Préfecture de Kloto et de ses environs ont menacé de faire sortir les chasseurs traditionnels dénommés « Abrafo » pour empêcher les manifestants du Parti National Panafricain (PNP) projetées pour le samedi 13 avril 2019 dans la ville de Kpalimé.
D’abord, la Ligue Togolaise des droits de l’Homme (LTDH) voudrait rappeler que la liberté de réunion et de manifestation pacifique publique est une liberté fondamentale reconnue et protégée par l’article 30 al.1er de la Constitution du 14 octobre 1992 qui dispose que « l’Etat reconnait et garantit dans les conditions fixées par la loi, l’exercice des libertés d’association, de réunion et de manifestation pacifique et sans instruments de violence ». L’exercice de cette liberté de réunion et de manifestation pacifique a été effectivement règlementé par l’Etat togolais à travers la Loi N° 2011-010 du 16 mai 2011 qui en fixe les conditions d’organisation.
Ensuite, la mise en œuvre de cette loi sur les manifestations pacifiques publiques ne relève nullement de la compétence du Préfet lorsqu’une manifestation est prévue pour se tenir dans une commune. Mieux, elle est loin d’être une affaire des autorités traditionnelles.
La LTDH s’étonne donc de cette intervention des chefs cantons à travers des propos si menaçants, laquelle intervention semble visiblement recevoir le soutien et la caution du Préfet de Kloto.
La LTDH constate amèrement que cette menace des chefs traditionnels du grand Kloto de faire sortir les chasseurs traditionnels (Abrafo) constitue un véritable appel à la violence.
De plus, le fait de déclarer que les natifs de Kloto ne participent jamais aux manifestations organisées par les partis politiques de l’opposition, notamment le PNP, constitue des propos xénophobes punis par la loi et que nul ne saurait tolérer sur la terre de nos aïeux, patrimoine commun de tous les togolais quelles que soient leur origine, leur ethnie, leur religion, leur rang social et leur appartenance politique.
La LTDH condamne donc avec la dernière rigueur cette machination, cette instrumentalisation et cette politisation de la chefferie traditionnelle à travers ce complot qui se trame contre le peuple togolais en général et les populations du grand Kloto en particulier et invite ceux-ci à se mobiliser pour barrer la route à toute personne animée d’une volonté tendant à semer un climat de tension sur quelque partie que ce soit du territoire national ; car aucun peuple ne peut renoncer par avance à ses droits.
La Ligue Togolaise des droits de l’Homme (LTDH) met en garde les signataires de cette fameuse lettre contre les conséquences néfastes et regrettables qui risquent de découler de leurs menaces de faire déverser dans les rues de Kpalimé le 13 avril prochain, les chasseurs traditionnels (Abrafo) dont le rôle se limite uniquement à la protection des us et coutumes des localités concernées.
La Ligue Togolaise des droits de l’Homme (LTDH) qui a toujours assuré le monitoring des droits de l’homme durant les manifestations publiques organisées par l’opposition togolaise à Kpalimé, invite donc le gouvernement et les autorités administratives locales à prendre toutes les dispositions responsables pour faire encadrer la manifestation projetée afin que tout se déroule dans de bonnes conditions comme ce fut toujours le cas lors des manifestions pacifiques qui y sont antérieurement organisées par l’opposition togolaise ; Car procéder autrement serait porter une grave entrave à la liberté de réunion et de manifestation proclamée par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et la Constitution togolaise.
Fait à Lomé, le 08 avril 2019
Le Président,
Maître Célestin Kokouvi AGBOGAN
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