Le 11 juin dernier, le ministre béninois de l’Économie, des finances et des programmes de dénationalisation Romuald Wadagni a accordé une interview au magazine panafricain Jeune Afrique. Dans cette interview, cet ancien associé de Deloitte a donné son avis sur comment le monde évolue actuellement, de la crise ukrainienne au covid, en passant par l’inflation qui ne cesse de mettre à mal plus d’un pays africain, dont le sien bien entendu.
Pour contrer l’inflation justement, Romuald Wadagni dispose de « quatre mesures » qui ont de quoi intéresser. S’il y a risque que dans la durée ces mesures soient « has been », il a estimé que l’État béninois tiendra « le temps qu’il faudra car il s’agit de la vie de nos populations. Quoi qu’il en coûte». Pour éviter la flambée des prix, Romuald Wadagni tient pour lui qu’il faut « renoncer aux prélèvements fiscaux et douaniers pour permettre que le prix soit accessible aux populations. Si on laisse les mêmes niveaux de TVA et de droits de douane, les produits se retrouvent encore plus chers pour les populations. Donc, il faut un renoncement total ou partiel à ces prélèvements sur la plupart des produits de grande consommation, tout en veillant à ne pas pénaliser les industries locales. La deuxième catégorie de mesures, ce sont les subventions directes, par exemple sur le gasoil. Il est évident que nous allons continuer d’absorber ce choc. L’ensemble des engins de chantier, des tracteurs, les usines, les transports en commun utilisent le gasoil. Si nous n’agissons pas, les conséquences sur la productivité et la création de richesse seraient désastreuses. Nous mettons donc de l’argent sur la table pour ralentir l’effet de la hausse des prix. Troisième type de mesures, c’est de réglementer et surveiller les prix des produits fortement subventionnés, pour lesquels nous voulons nous assurer que la population profitera des appuis de l’État. Et la quatrième mesure, c’est la mise en place de filets sociaux. Une partie de notre population est extrêmement pauvre et nous devons nous assurer que ces personnes ont accès au minimum pendant la période de crise».
Il s’agit là des propos d’un ministre qui parle d’un sujet qu’il maîtrise à souhait, c’est-à-dire l’économie dont il a la charge. On ne peut pas trouver meilleur avis que le sien, du moment qu’au Bénin la question liée à l’inflation ne pose plus tellement problème depuis le début d’année. En début d’année déjà , l’Etat béninois avait renoncé partiellement à la TVA sur le riz importé ainsi qu’à toutes taxes sur le riz et les jus de fruits produits au Bénin, sans oublier la subvention des produits pétroliers pour environ 5 milliards de FCFA par mois. Il y est également mis en œuvre depuis décembre 2021, un deuxième plan de soutien aux entreprises formelles et celles relevant du secteur informel qui consiste à leur répartir une enveloppe de 20 milliards de FCFA en guise de soutien face aux effets socioéconomiques de la crise sanitaire sus-indiquée. De l’exonération de la TVA sur les huiles végétales importées ou produites localement à l’exonération de la TVA sur la farine de blé importée ou produite localement, dont les prix du sac de 50 kg passent respectivement de 25.000 FCFA à 20.000 FCFA et de 23.500 FCFA à 19.915 FCFA à Cotonou, le Bénin de Romuald Wadagni a eu à faire face à une inflation en soutenant le pouvoir d’achat des populations avec une enveloppe de 80 milliards de FCFA.
À côté de ce même Bénin, le Togo en est encore à courir après les spéculations dont excipent de sulfureux responsables de supermarchés qui se plaisent à pêcher en eau trouble. Pire, aucune mesure n’a été envisagée pour soutenir les couches les plus défavorisées. Sans doute le gouvernement togolais a mieux à faire, lui qui trouve sa raison de vivre dans des emprunts sans tête ni queue, lesquels emprunts n’ont jamais servi qu’à inquiéter les Togolais. Commencer à s’inspirer des méthodes Wadagni serait déjà un pas en avant.
Sodoli Koudoagbo
Source : Le Correcteur / lecorrecteur.info
Source : 27Avril.com